La liste des
longs-métrages prenant pour cadre des cas de possession diabolique
sont légions. On peut notamment citer La Malédiction
de Richard Donner datant de 1976, Amityville 2 :
Le Possédé du réalisateur italien Damiano Damiani sorti en
1982, ou plus récemment, Requiem
de l'allemand Hans-Christian Schmid en 2006 ou The
Exorcism of Molly Hartley
de Steven R. Monroe datant de 2015. Pourtant, rares sont ceux qui
peuvent se targuer de pouvoir rivaliser avec LE classique des
classiques dans ce domaine : L'Exorciste
que réalisa le cinéaste américain William Friedkin et qui en 1973,
balaya tout sur son passage. D'autres tentèrent d'apporter leur
pierre à l'édifice à travers des œuvres beaucoup plus ambiguës
mais néanmoins tout aussi terrifiantes (le Cas Andrzej Zulawski et
son très efficace Possession
dont on n'est pas prêt d'oublier l'éprouvante scène du métro)
sans pour autant être aussi remarquable que cet édifice
indestructible ayant causé, paraît-il, quelques désagréments chez
certains spectateurs venus prendre le comptant de frissons lors de sa
sortie en 1973. Depuis, beaucoup de cinéaste s'y sont frottés, avec
plus ou moins de bonheur. Des séquelles du chef-d’œuvre de
William Friedkin ont vu également le jour, sans jamais parvenir à atteindre son
niveau d'excellence.
Si
beaucoup ont échoué dans leur tentative de renouveler le genre,
c'est sans doute parce que leur auteur n'a fait que copier l’œuvre
inspiratrice sans chercher véritablement à s'en démarquer.
Insuccès légitimes ou non, ceux-là auraient sans doute mieux fait
de suivre la même voie que celle entreprise par le réalisateur
américain Scott Derrickson qui dès son premier long-métrage a su
parfaitement saisir l'occasion qui lui était donnée pour apporter
une vision toute neuve du mythe de l'enfant possédé. S'inspirant
d'un fait divers authentique et tout à fait épouvantable (victime
de très violentes crises d’épilepsie suivies de visions
cauchemardesques, les parents d'une jeune allemande du nom
d'Anneliese Michel firent appel à des prêtres afin de l'exorciser
devant l'impuissance de la médecine traditionnelle à la guérir),
le réalisateur prend le risque avec L'Exorcisme
d'Emily Rose
de mener les spectateurs sur une voie qu'ils ne s'attendaient
certainement pas à rencontrer. Car plutôt que de mimer L'Exorciste
et consorts, Scott Derrickson choisit non pas de réaliser un énième
film d'horreur mais offre au contraire une vision toute neuve du
mythe.
Si
quelques passages très impressionnants viennent argumenter le récit,
celui-ci se concentre avant tout sur le procès du Père Richard
Moore, homme d’Église qui pratique l'exorcisme dans l’œuvre de
Scott Derrickson sur la personne d'Emily Rose, la jeune femme tenant
d'équivalent fictionnel d'Anneliese Michel. Incarnée par l'actrice
Jennifer Carpenter, surtout connue pour avoir joué dans la série télévisée
Dexter,
la jeune femme y campe une ''possédée'' absolument convaincante.
Sans le moindre effet-spécial autre que les voix qui sortent de sa
gorge, l'actrice hurle et se contorsionne pour un résultat à
l'écran, tout à fait sidérant. Mais la véritable héroïne de
L'Exorcisme d'Emily Rose,
c'est peut-être encore plus l'avocate Erin Christine Bruner,
interprétée par l'actrice new yorkaise, laquelle va devoir
convaincre les jurés de l'innocence du père Richard Moore, accusé
d'être responsable de la mort d'Emily Rose (la jeune femme étant
décédée à la suite de l'exorcisme), et surtout, leur faire
admettre l'hypothétique existence du Mal dans cette affaire. Le
long-métrage de Scott Derrickson est passionnant de bout en bout et
s'érige finalement comme le digne successeur de L'Exorciste.
Admirablement interprété et finement mis en scène,
L'Exorcisme d'Emily Rose est
une excellente surprise qui sort des sentiers battus et rabattus du
genre...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire