John Boorman, l'homme de
Délivrance,
de Zardoz,
d'Excalibur
ou de La Forêt d’Émeraude
fut responsable en 1977 de l'une des pires infamies en réalisant une
suite inutile au classique de l'épouvante réalisé quatre ans
auparavant par William Friedkin, The Exorcist.
Non pas que je sois un intégriste niant la possibilité qu'un grand
film puisse connaître une suite puisque des séquelles d'excellente
tenue, il en existe des dizaines. Mais commettre un tel attentat,
surtout de la part d'un cinéaste brillant qui pour l'occasion s'est
adjoint la participation d'une grande figure du septième art en la
personne de Richard Burton, merde, quoi ! Il y a de quoi avoir
le cœur en berne et le vague à l'âme. Notez que pour commencer, le
trouillomètre n'atteindra jamais son point culminant et restera désespérément inerte en zone de confort. En matière d'angoisse,
John Boorman s'y entend beaucoup moins que sur son excellent survival
forestier. Par contre, lorsqu'il s'agit pour lui, et par contraction,
pour le personnage du père Phililp Lamon (qu'incarne un Richard
Burton qui fera autrement plus flipper dans les chaumières grâce à
l'emploi de son impressionnant regard dans le tétanisant The
Medusa Touch
de Jack Gold) d'apporter son comptant de frissons au public, le spectateur aura durant les cent-vingt minutes que dure à peu près
Exorcist II: The Heretic
davantage le reflex de sourire devant la puérilité d'un certain
nombre d'images d’Épinal retranscrivant le voyage du père Lamon
parti remonter la trace de l'effrayant Pazuzu,
le démon originaire de Mézopotamie qui s'en pris à la jeune Regan
quatre ans auparavant.
Toujours
interprété par l'actrice Linda Blair et par Kitty Winn qui, elle,
incarnait déjà le rôle de Sharon Spencer, Exorcist
II: The Heretic
convie Louise Fletcher qui comme le reste du casting est venue se
perdre dans une histoire sans queue ni tête. Elle qui brilla dans le
rôle de la tyrannique infirmière Midred Ratched dans le
chef-d’œuvre de Milos Forman One Flew Over the
Cuckoo's Nest
en 1975 est à l'image des autres interprètes : un prétexte
pour offrir le rôle principal à un Richard Burton au regard
toujours aussi glaçant malgré son rôle de prêtre. Détail qui
n'est que subjectif, mais la redondance des chants tribaux africains
accompagnés de gémissements, s'ils s'avèrent convaincants au
départ, finissent par devenir irritants et par donner des maux de
têtes, voire, des envies de meurtres envers le preneur de son du
film. Une manière d'accorder le thème du film et une ambiance qui
ne peut donc compter que sur l'aura de croyance mystiques provenant
des profondeurs d'une Afrique ancestrale.
Même
le génial compositeur italien Ennio Morricone est venu se perdre
dans cette production fade et labyrinthique due à un scénario confus
écrit à six mains par William Goodhart avec la participation de
Rospo Pallenberg et du réalisateur lui-même, ceci expliquant sans
doute cela. Certains décors sont horribles et ne ressemblent à rien
d'autre que ce qu'ils sont en réalité : des ''matte painting'' à peine crédibles pour une production qui a tout de même couté à l'époque
la bagatelle de quatorze millions de dollars à la production (soit,
John Boorman, Richard Lederer et Charles Orme). La présence de Linda
Blair, de Richard Burton, de Louise Fletcher et même de Max von
Sydow qui reprend à l'occasion la soutane du père Merrin n'a pour
but que de rentabiliser au maximum la séquelle d'un chef-d’œuvre
de l'épouvante qui n'en avait certainement pas besoin. Parfois très
laid et allant dans trop de directions à la fois, une note d'espoir
naît au moment même où le père Lamont foule les lieux de
l'intrigue originelle. Malheureusement trop courte en sans réel
intérêt, cette séquence ne se suffit pas à elle seule pour
maintenir un intérêt qui de toute manière a pris ses jambes à son
cou après seulement quelques minutes post-générique. Et puis... qu'est-ce qu'on s'ennuie. C'en est presque insoutenable ! Quant à la
tentative de John Boorman de retrouver l'ambiance mystique et
dépaysante de la séquence d'ouverture du film de William Friedkin à
travers celles qu'il a lui-même intégrées à cette suite, elle est
simplement... pathétique. À fuir !!!
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