J'aurais aimé que
l'histoire de Vidéotopsie
dure encore et encore. Sinon pour des siècles et des siècles
(Amen), du moins pour quelques années de plus. Pour que comme les
plus anciens fidèles de cet illustre fanzine, rompus à la lecture
de ses innombrables et riches pages glacées, j'atteigne le seuil
minimum me permettant de dire que moi aussi, j'ai eu la chance de
participer à cette grande aventure vieille de plus d'un quart de
siècle (son acte de naissance indique en effet Octobre 1993). Mais,
trop timide, trop frileux, ou peut-être encore tout simplement à
l'époque trop fidèle à des « enseignes »
de qualité objectivement inférieure mais officiellement reconnues, je n'osais pas faire le
premier pas. Du moins jusqu'à ce que sorte LA bible consacrée à la
saga Amityville : le numéro 18 de Vidéotopsie.
Vieux d'à peine un peu plus de deux ans, et voilà qu'en bon fan
fraîchement débarqué, j'allais très vite apprendre que la mort du
bébé de Sieur David Didelot était pratiquement déjà programmée.
Depuis, beaucoup d'encre a coulé en ses pages. Plusieurs centaines
de pages, jusqu'à ce numéro 21 qui, ne m'apparaissant même pas
symbolique, me faisait espérer que son principal instigateur irait
au moins jusqu'au nombre fantasmé du numéro 30...
Mais
laissons là de côté ces quelques futiles aspirations, l'avenir
très proche tenant dans la très attendue autobiographie de David
Didelot qui devrait sortir dans les prochains jours. Pour clore la
longue aventure Vidéotopsie,
David n'a pas fait les choses à moitié et ne s'est pas seulement
contenté de mettre les petits plats dans les grands. Ses précieux
collaborateurs et lui ont carrément sorti les couverts en or et la
plus délicate vaisselle pour nous convier à un repas dignes des
plus grands chefs étoilés de la gastronomie française. Amateurs de
viande plus ou moins fraîche, bienvenue à vous. Les vegans et autre
végétaliens peuvent toujours rêver. Ici, on aime ce qui saigne et
la belle chair dévoilée par de belles actrices n'ayant pas peur de
se dévétir quoi qu'il en coûterait à leur image. Érotisme,
action, guerre, hard-rock, épouvante, pros et amateurs, il y en a
pour tous les gouts. Seule obligation : aimer le cinéma BIS qui
est au cœur, une fois encore, de ce très bel ouvrage atteignant un
record avec ses 228 pages grouillantes d'informations, d'articles
consacrés au cinéma de genre, à la musique et à beaucoup d'autres
choses encore.
Et même si l'on n'est pas féru de ce genre de prose, ni même des
films qui inspirent les auteurs de chacun de ces articles
somptueusement documentés, force est de reconnaître que le travail
des rédacteurs Jérôme Ballay, Patrick Caillonnec, Yohann Chanoir,
Pascal Laffitte, Didier Lefevre, Augustion Meunier, Tom Phenix,
Thomas Roland, Vincent Roussel, Gilles Vannier, et bien entendu,
David Didelot lui-même est en tout point remarquable et se révèle
digne de trôner auprès des revues officielles qui se chevauchent
dans les rayons étriqués des librairies.
En
ouverture de ce 21ème numéro de Vidéotopsie,
les lecteurs remarqueront certainement l'absence d'éditorial
couramment usité mais seront certainement touchés par l'hommage
fait aux lectrices et lecteurs fidèles du fanzine depuis un quart de
siècle ainsi qu'à tous ceux qui participèrent selon leurs moyens
afin que Vidéotopsie
puisse élargir son champ d'action. Suivi de deux doubles-pages
consacrées par Didier Lefevre et Augustin Meunier au fanzine que
l'on tient alors entre les mains. Puis viennent ensuite les
vingt-quatre pages consacrées à l'immense cinéaste italien Umberto
Lenzi par David Didelot lui-même. Autant de pages à revenir sur
certains longs-métrages que n'importe quel amateur de cinéma bis
connaît forcément et d'autres que certains découvriront à la
lecture de ce très brillant dossier...
Viennent
ensuite les trente pages tout rond du dossier que Pascal Laffite a
décidé de consacrer à un autre cinéaste de légende qui lui est
originaire d'Espagne. Là encore, c'est l'occasion d'en apprendre
beaucoup sur l'auteur de la tétralogie des morts-vivants templiers
malheureusement disparu il y a maintenant dix-huit ans. Un dossier
riche en enseignements. Pour mourir moins bête que celui qui n'aura
pas dépassé le simple seuil imposé dans la plupart des médias se
contentant d'évoquer à tour de bras l'unique saga de ses êtres
décharnés se déplaçant à cheval. Mais vidéotopsie,
ça n'est pas seulement que des noms qui sonnent à l'oreille comme
des patronymes entendus ça et là. Il en est pour nous offrir des
éclaircissement sur des artistes qui sans ce fanzine, demeureraient
sans doute dans l'ombre ; C'est le cas notamment du réalisateur
Antonio Isasi que votre serviteur est bien obligé d'avouer ne pas
connaître du tout.
Pour ceux qui estimaient encore, arrivés jusqu'à la lecture de
cette soixante-treizième page de ce numéro 21, qu'il manquait de représentantes féminines, la suite leur démontrera qu'ils ont tort. D'abord à
travers l'excellente interview entre la superbe Lynn Lowry et Patrick
Callonnec réalisée l'année précédente, en juillet 2017 (je
rappelle que ce numéro 21 est sorti en septembre 2018). Puis,
ensuite, avec les habituelles Reviews bis consacrant dans ce
numéro, une place non négligeable à l'érotisme, mais pas
seulement. Toujours aussi hétéroclite, cette section dont profitent
certains des rédacteurs pour se lâcher moyennant des proses où
l'humour s'accapare une large place, est pour ce numéro 21,
l'occasion de croiser une dernière fois l'univers d'Amityvile avec
le tout dernier long-métrage qui manquait jusque là au palmarès de
David Didelot (et donc forcément à celui de Vidéotopsie),
du giallo, et même, des gialli pour être tout à fait exact, un We
are Still Here plutôt récent et dont il me semble avoir
personnellement gardé un bon souvenir, un Peter Weller dont le titre
me parle depuis des années mais que je n'ai toujours pas vu, de
l'écologie contrecarrée par des petites bébêtes agressives,
visqueuse et verruqueuses, un délire made in Portugal, des
rats géants, mais aussi et surtout, de la donzelle à poil, photos à
l'appui !
A la suite desquelles, Thomas Roland parviendra sans mal à calmer
nos ardeurs grâce au dossier qu'il a établi sur le réalisateur Tom
Gries qui sonnait furieusement aux oreilles de votre serviteur sans
qu'il ne puisse y apposer le moindre titre à par le Donovan's
de Felix E. Feist que le bonhomme produisit. Augustin Meunier et sa
prose parfois délirante (combien d'émois n'ai-je dû ressenti à la
lecture de certains de ses articles passés) s'attaque au manga
érotique à la sauce porno. Je l'avoue, pour une fois, je me suis
interdit la lecture de ce passage consacré à deux arts que je n'ai
toujours pas réussi à concevoir comme se mêlant l'un à l'autre.
Stupidité de ma part, c'est lorsque mes vieux os ne retiendront plus
ma carcasse qu'avec la plus grande des difficultés que je m'y
plongerai, PROMIS !!! Augustin encore, avec le dossier suivant.
Qui après les battements sourds de nos membres plus ou moins virils
joue cette fois-ci avec les cordes (in)sensibles du métal le plus
lourd de Cathedral. Très instructif.
Autre section passionnante à laquelle le fanzine nous avait
habitué : Cinéma amateur... et à mater. Ou comment donner
la parole aux artisans les plus modestes mais pas des moins
inventifs. C'est certain, à la lecture des articles de David
consacrés, au hasard, au Psychoprotoplasmes de
Sandy Depretz, au De la Chair pour Brigitte de Philippe
Solange ou encore à son Horreur, Sexe et Bigoudis
(pour ne citer que ces quelques exemples), j'en suis certains,
beaucoup auront le réflexe, comme moi, de chercher à découvrir à
leur tour ces courts, moyens ou longs-métrages sur la toile. Avec,
comme toujours, plus ou moins de bonheur.. Pour le reste de ce
vingt-et unième et dernier numéro de Vidéotopsie, je
laisse la surprise à celles et ceux qui n'ont pas encore fini de le
parcourir ou à ceux qui hésitent encore (les malheureux) à
l'acquérir, de le découvrir. Et je ne parle pas là des habituels
Chez le Bouquiniste, Et Pour Quelques Infos de Plus ou
du Rayon Fanzines mais bien du tout dernier article que
certains liront sans doute avec nostalgie et pourquoi pas, la larme à
l’œil. Dernier mais pas des moindres, inutile de préciser que ce
numéro/testament est comme les précédents, un indispensable...
Mais, cela, vous le savez déjà... Bonne lecture...
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