Ils sont trois, ils sont
moches, ils sont la risée des Fraternités, personne ne veut les
inviter lors des soirées estudiantines, et pourtant, Justin, Ethan
et David ont du bagou, ont le sens de la répartie, celui de la
déconne, et n'ont pas peur d'imposer leur différence face aux
jeunes étudiants brillants, beaux, entourés des plus belles femmes,
riche et orgueilleux. Ça a tout l'air d'une comédie, et pourtant,
Pledge,
le dernier long-métrage de Daniel Robbins va les mener tout droit en
enfer. Le cinéaste ne leur opposera pas de hordes de zombies, de
loup-garous ou de vampires. Ils n'auront pas à faire face à une
pandémie, ni a des infectés, et encore moins à la fin du monde...
quoique... la fin du leur, ça, c'est certain.
Lorsque
l'horreur psychologique s'invite aux rites sanglants d'une confrérie
vieille de plus de cent-cinquante ans, cela donne à l'écran un
résultat qui parfois peut retourner l'estomac du plus aguerri des
amateurs de films d'horreur. Il demeure au départ, une certaine
inquiétude lorsque le réalisateur choisit de filmer à l'aide d'un
drone les derniers instants d'un « bon
gros »,
révélant par là même certains détails que l'on aurait peut-être
aimé voir demeurer secrets jusqu'à l'issue finale de nos héros pour le
moins, assez peu charismatiques. A cause de ce choix stylistique un
peu trop courant de nos jours et qui consiste à précéder
l'histoire qui va nous être contée d'un prologue explicatif sans
doute à l'attention des idiots qui voudraient y jeter un œil, on
sait par avance ce qu'il adviendra de notre trio même si l'on ne
sait pas encore à quelle sauce ils seront mangés.
A
dire vrai, et pour être tout à fait honnête, il faut tout de même
reconnaître que même sans cette inutile mise en bouche, on devine
assez rapidement que l'invitation dont les trois amis font l'objet de
la part d'une délicieuse étudiante les conviant à une fête le
soir même dans une superbe demeure remplie d'aussi jolies
demoiselles qu'elle, a peu de chance d'aboutir à autre chose que le
spectacle auquel le cinéaste nous convie. Toutes plus jolies les
unes que les autres, et accompagnées par trois hôtes masculins
n'ayant absolument aucun rapport physique et intellectuel avec
Justin, Ethan et David, le tableau paraît curieux. Voire, très
certainement improbable. On devine alors également le piège dans
lequel les trois amis ainsi que deux autres garçons vont tomber. Par contre,
comme écrit un peu plus haut, on ne sait pas encore ce qui les
attend véritablement même si on se doute bien qu'ils n'ont pas été
conviés à une partie d'échecs ou de Trivial Pursuit.
Pledge
est une mixture entre torture-porn dont seraient victimes pour une
fois, non pas des représentantes de la gente féminine, mais bien
des garçons physiquement et intellectuellement superficiels (quoique
relativement attachants) et le Funny Games
de Michael Haneke sous perfusion d'hémoglobine. Film d'horreur
psychologique et parfois graphique, le film de Daniel Robbins assume
un propos faisant référence à certaines actualités tout en
exagérant (à peine) le trait. Pour en avoir vu des cartons
remplis jusqu'à la gueule, l'horreur selon Daniel Robbins est
particulièrement épidermique. Ceux qui auront courageusement
supporté la scène du rat comprendront. Mais si Pledge
arrive
à se démarquer de la grande majorité des long-métrage qui jouent
dans la même catégorie, c'est aussi et surtout grâce à son
casting efficace. D'un côté les victimes incarnées par Zachery
Byrd, Philip Andre Botello et Zack Weiner, et de l'autre, les
tortionnaires interprétés par les saisissants Aaron Dalla Villa,
Cameron Cowperthwaite et Jesse Pimentel. Des gueules incroyables pour
une certaine vision du Mal.
A
vrai dire, si le scénario est relativement mince, l'intérêt de
Pledge
est ailleurs. La minceur du script n'empêche pas quelques
sympathiques révélations dont on ne soupçonne pas l'existence
avant qu'elles ne nous soient divulguées. Une excellente péloche
horrifique qui sans aucun doute, retournera quelques estomacs trop
fragiles. Court (à peine une heure et quinze minutes) mais
diablement efficace...
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