Je voudrais tout d'abord préciser que l'article qui suit n'est pas celui auquel je rêvais. Mais devant la difficulté que j'ai ressenti devant cette projection pour le moins inhabituelle (et sans doute en raison de la fatigue due aux nombreuses heures sans sommeil l'ayant précédé), le résultat se révèle en deça de mes propres attentes. Ce qui ne m'empêche cependant pas de partager avec vous mon sentiment, plus que mitigé, et surtout, je l'avoue, assez désordonné. Ne me reste plus qu'à espérer que quelqu'un ait vu ce film et puisse m'apporter les explications qui font cruellement défaut à cet article...
Au secours, à l'aide,
aidez-moi... à comprendre ce que je viens de voir. Le film auquel
j'ai assisté. Le récit que j'ai subit... La démarche ?
Intellectuelle ? Artistique ? Un film...d'horreur ?
Une exposition ? Une abstraction ? Braid
a eu beau avoir anéanti toutes mes illusions (j'y voyais déjà la
relève d'un Gaspat Noé ou d'un David Lynch au féminin), ça n'est
certainement pas dans le bon sens que j'ai vécu cette expérience
aussi dérangeante qu'un retour d'acide. Le cinéma de Mitzi Peirone,
responsable de la chose, possède des vertus indéniables. La
bougresse en a dans le pantalon. Aussi esthétiquement flamboyant que
suicidaire, son premier long-métrage laisse une étrange sensation.
Comme un affreux mal de tête après un vertigineux tour de manège.
Surtout, elle nous abandonne avec une foule de questions sans se
préoccuper de son auditoire. Son film, aussi beau soit-il n'est rien
de plus que de la branlette intellectuelle tentant vainement de
cacher ses failles scénaristiques derrière son apparence. Là
où David Lynch, qui lui-même nous abandonne chaque fois sur le bas
côté de la route, laisse cependant supposer une implacable logique,
Mitzi Peirone réalise une version toute personnelle d'Alice
au Pays des Psychotropes.
Chez elle, les pièces du puzzle se complètent parfaitement, mais
malheureusement, le spectateur aura toujours l'impression qu'il en
manque une.
Ses
actrices, belles et vénéneuses, tantôt érotiques façon David
Hamilton, tantôt débauchées à la manière de Messaline
contemporaines, Madeline Brewer, Imogen Waterhouse et Sarah Hay
incarnent l'antithèse du glamour. A moins de pratiquer couramment le
sadomasochisme et aimer les poses façon « Rome
Antique »,
Braid
diffuse un poison violent qui plonge dans une réalité toute
subjective. On quitte le monde tel qu'on la connu pour celui de ces
trois gamines vivant dans une sorte de boucle temporelle
schizophrène.
La
cinéaste nous défie de nous fier aux apparences pour mieux nous
noyer sous une chape de plomb si épaisse que l'on a du mal à
émerger de l'imbroglio scénaristique qu'elle tente de nous faire
avaler. Mitzi
Peirone a de la suite dans les idées mais a surtout bien du mal à
les mettre en pratique. C'est bien simple, chaque séquence en
précède une autre, sans véritable cohésion, ce qui pourrait
supposer que Braid
n'a d'autre intérêt que de présenter des bribes d'idées si ce
n'était cet incroyable travail d'orfèvre opéré sur la lumière,
la photographie, et les décors. Plus qu'un film, le long-métrage de
Mitzi Peirone, à n'en point douter, est une œuvre d'art. On y
retrouve le charme du style gothique. Ses héroïnes, la cinéaste
les enrobes sous des drapés immaculés, les plonge toutes les trois
dans une baignoire, leurs membres se nouant dans des postures
dessinant leurs courbes parfaites. Tantôt délinquantes, tantôt
défoncées, tantôt victimes de leurs jeux pervers, la réalisatrice
noie le poisson avec une telle régularité que l'on perd le fil du
récit pour ne plus espérer que le retour rapide de ces séquences
ponctuelles où la normalité semble reprendre ses droits. De rares
passages qui nous remettent dans les rails de ce train miniature qui
se pose en interlude tandis que Mitzi Peirone nous réserve déjà
une suite ô combien corsée.
Au
final, Braid,
de la volonté consciente ou non de son auteur, s'évaluera sur
plusieurs niveaux. Beau comme une peinture qui nous saisit par son
architecture et sa palette de couleurs, séduisant comme un palais où
les plaisirs interdits sont rois, mais aussi très certainement
chiant comme le sont certaines œuvres auteurisantes oubliant parfois
de s'abandonner à une certaine légèreté. Un O.F.N.I qui
mériterait sans doute une deuxième séance, mais encore faudrait-il
vouloir le subir une seconde fois...
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