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jeudi 21 mars 2019

Braid de Mitzi Peirone (2019)




Je voudrais tout d'abord préciser que l'article qui suit n'est pas celui auquel je rêvais. Mais devant la difficulté que j'ai ressenti devant cette projection pour le moins inhabituelle (et sans doute en raison de la fatigue due aux nombreuses heures sans sommeil l'ayant précédé), le résultat se révèle en deça de mes propres attentes. Ce qui ne m'empêche cependant pas de partager avec vous mon sentiment, plus que mitigé, et surtout, je l'avoue, assez désordonné. Ne me reste plus qu'à espérer que quelqu'un ait vu ce film et puisse m'apporter les explications qui font cruellement défaut à cet article...

Au secours, à l'aide, aidez-moi... à comprendre ce que je viens de voir. Le film auquel j'ai assisté. Le récit que j'ai subit... La démarche ? Intellectuelle ? Artistique ? Un film...d'horreur ? Une exposition ? Une abstraction ? Braid a eu beau avoir anéanti toutes mes illusions (j'y voyais déjà la relève d'un Gaspat Noé ou d'un David Lynch au féminin), ça n'est certainement pas dans le bon sens que j'ai vécu cette expérience aussi dérangeante qu'un retour d'acide. Le cinéma de Mitzi Peirone, responsable de la chose, possède des vertus indéniables. La bougresse en a dans le pantalon. Aussi esthétiquement flamboyant que suicidaire, son premier long-métrage laisse une étrange sensation. Comme un affreux mal de tête après un vertigineux tour de manège. Surtout, elle nous abandonne avec une foule de questions sans se préoccuper de son auditoire. Son film, aussi beau soit-il n'est rien de plus que de la branlette intellectuelle tentant vainement de cacher ses failles scénaristiques derrière son apparence. Là où David Lynch, qui lui-même nous abandonne chaque fois sur le bas côté de la route, laisse cependant supposer une implacable logique, Mitzi Peirone réalise une version toute personnelle d'Alice au Pays des Psychotropes. Chez elle, les pièces du puzzle se complètent parfaitement, mais malheureusement, le spectateur aura toujours l'impression qu'il en manque une.

Ses actrices, belles et vénéneuses, tantôt érotiques façon David Hamilton, tantôt débauchées à la manière de Messaline contemporaines, Madeline Brewer, Imogen Waterhouse et Sarah Hay incarnent l'antithèse du glamour. A moins de pratiquer couramment le sadomasochisme et aimer les poses façon « Rome Antique », Braid diffuse un poison violent qui plonge dans une réalité toute subjective. On quitte le monde tel qu'on la connu pour celui de ces trois gamines vivant dans une sorte de boucle temporelle schizophrène.

La cinéaste nous défie de nous fier aux apparences pour mieux nous noyer sous une chape de plomb si épaisse que l'on a du mal à émerger de l'imbroglio scénaristique qu'elle tente de nous faire avaler. Mitzi Peirone a de la suite dans les idées mais a surtout bien du mal à les mettre en pratique. C'est bien simple, chaque séquence en précède une autre, sans véritable cohésion, ce qui pourrait supposer que Braid n'a d'autre intérêt que de présenter des bribes d'idées si ce n'était cet incroyable travail d'orfèvre opéré sur la lumière, la photographie, et les décors. Plus qu'un film, le long-métrage de Mitzi Peirone, à n'en point douter, est une œuvre d'art. On y retrouve le charme du style gothique. Ses héroïnes, la cinéaste les enrobes sous des drapés immaculés, les plonge toutes les trois dans une baignoire, leurs membres se nouant dans des postures dessinant leurs courbes parfaites. Tantôt délinquantes, tantôt défoncées, tantôt victimes de leurs jeux pervers, la réalisatrice noie le poisson avec une telle régularité que l'on perd le fil du récit pour ne plus espérer que le retour rapide de ces séquences ponctuelles où la normalité semble reprendre ses droits. De rares passages qui nous remettent dans les rails de ce train miniature qui se pose en interlude tandis que Mitzi Peirone nous réserve déjà une suite ô combien corsée.

Au final, Braid, de la volonté consciente ou non de son auteur, s'évaluera sur plusieurs niveaux. Beau comme une peinture qui nous saisit par son architecture et sa palette de couleurs, séduisant comme un palais où les plaisirs interdits sont rois, mais aussi très certainement chiant comme le sont certaines œuvres auteurisantes oubliant parfois de s'abandonner à une certaine légèreté. Un O.F.N.I qui mériterait sans doute une deuxième séance, mais encore faudrait-il vouloir le subir une seconde fois...

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