Voilà un terme dont je
ne soupçonnais pas encore l'existence : la Canuxploitation.
Ou, film de genre à petit budget produit au Canada. Cette petite
précision étant apportée, parlons un peu de ma première
expérience dans le domaine avec le premier long-métrage des sœurs
Jen et Sylvia Soska, Dead Hooker in a Trunk
(Une prostituée morte dans un coffre) qui, comme on l'aura compris
une fois assimilé le sens du titre, tourne autour du cadavre d'une
fille de joie découvert dans le coffre d'une voiture appartenant aux
héros de ce film amateur plutôt bien assumé de la part de ses deux
actrices et réalisatrices que sont les jumelles citées plus haut.
Pas franchement transcendant, même si le faible budget explique en
partie les failles, nombreuses, de ce film mêlant punk, gothique,
métal, girl-power, gore, apôtre de la foi chrétienne, provoc',
drogues, gangsters, tueur en série, ou encore Brit
Milah (pour les incultes, tel que je l'étais il y a encore cinq
minute : rite de passage du judaïsme consistant à exciser le
prépuce des jeunes garçons).
Dès
les première minutes, on se fâche d'avoir tant espéré trouver là
le renouveau du cinéma underground hardcore d'un certain Richard
Kern (Fingered)
ou d'un Nick Zedd
(Generation Z)
alors que Dead Hooker in a Trunk
n'est en réalité qu'une petite pelloche sans grand intérêt, à
part la troublante beauté du duo de sœurs. La musique, souvent
médiocre, dissonante, et beuglée par des duos d'individus
hétérogènes à voix de faussets que l'on soupçonne pourtant
d'être tout sauf hétérosexuels constitue une part congrue de ce
petit film horrifico-gothique joué à l'arrache, accompagné de
dialogues passe-partout écrits au stylo-feutre dans des cahiers
d'écoliers. Tout ceci transpire l'amateurisme bon enfant. Le film
d'horreur de fin d'études pour élèves aux cheveux longs, noirs et
graisseux, aux vêtements amples, Doc
Martens (si
possibles montantes et surtout coquées), pantalon de treillis, veste
de chasseur et gabardine sous laquelle planquer les armes
purificatrices à l'attention des star du football américain de
l'université est de rigueur !
Mais
je m'emballe. Les filles ont dû se marrer pour leurs premier pas
dans l'univers intense et impitoyable du septième art où combattent
micro-budgets et grosses productions, ces derniers sortant
généralement vainqueurs. Bricolé mais pas trop bancal au final,
Dead Hooker in a Trunk
se regarde davantage comme le cassoulet d'une petite enseigne (au
hasard, INTER%+#CHE) crépitant sur la gazinière que celui d'un
restaurant estampillé « gastro ».
Pas toujours convaincantes, les bagarres fringantes opposent nos deux
gothiques à des voyous de bas étage et à un serial killer dont
l'excision à l'âge où le biberon ne fut encore que sa seule arme
de défense se déroula dans des conditions tout sauf idéales.
Si
la cultissime Haxan
Films avait
survécu à l'époque de l'implacable loi du marché du DVD, nul
doute que le film des Soska Sisters aurait trouvé de quoi se loger
dans l'un de ces boîtiers fleurant bon le doux parfum des bandes
magnétiques chères à nos vieux os.
Opération
non-consentie à ventre ouvert, balles logées dans la tête grâce à
l'apport de CGI
pas encore tout à fait maîtrisés, bagarre entre une prostituée
décidément résistante et un serial killer jouant sur la fibre
esthétique de l'Altair d'Assassin's
Creed,
premier du nom. Second-rôles péchés dans des troquets de seconde
zone, chanteurs éliminés dès le premier tour du concours « The
Voice » tentant leur seconde chance, Dead
Hooker in a Trunk
est un festival mettant à l'honneur une frange de la population
souvent jugée d'agressive... ouais, bon, je dis beaucoup de
conneries, mais au fait, que vaut vraiment le film de Jen
et Sylvia Soska ? Pas grand chose si ce n'est l'engouement du
duo de frangines qui alors force le respect et l'admiration malgré
les scories qui empêchent la sauce de prendre véritablement. On
appréciera tout de même cette volonté un peu puérile de choquer.
Je pense notamment à cette petite fiotte glorifiant notre SAIgneur
avant d'aller gerber à quelques entournures et tenir des propos
aussi salaces que les pires insanités produites par la bouche de nos
valeureux gardiens de cités HLM interdisant à tout étranger d'y
pénétrer. A noter que l'on attend toujours le remake du Rage
de David Cronenberg que les sœurs Soska ont prévu de réaliser. A
moins que depuis leurs projets aient pris une nouvelle direction ?
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