L'Univers Étrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction est une immense
et merveilleuse caverne d'Ali Baba dans laquelle on trouve autant de
petits chefs-d’œuvre de la science-fiction et du fantastique que
d'étranges pellicules venues de dimensions surpassant de très loin
ce que les salles de cinéma et les chaînes de télévisions
proposent en général. Une fois n'est pas coutume, c'est notre beau
pays qui remporte en ce mois de février 2019 la palme du film le
plus fou, le plus barré, le plus aberrant, mais également le plus
insupportable proposé sur le net. Et pourtant, Bigron
de Philippe St Clair ne date pas de cette année mais de 1997. Soit
il y a un peu plus de vingt ans alors qu'il paraît en avoir au moins
le double. Un films, Bigron ?
Oui, s'il on veut. Un O.F.N.I, c'est certain. L'emprise, le pouvoir
d'attraction, l'hypnotisme de ce moyen métrage sont inversement
proportionnels au manque de moyens, de talent, d'interprétation, et
de mise en scène. Tout, absolument tout est raté. Un désastre
visuel et auditif qui peut hanter une âme jusque dans son sommeil le
plus profond. Cet agaçant rugissement qui pollue une image déjà
passablement dégueulasse vrille les tympans au point de rendre
presque parfaitement perceptibles les sonorités industrielles les
plus inaudibles par l'oreille humaine.
L'histoire ?
Une explosion a lieu dans un laboratoire de recherches scientifiques.
Conséquences ? Ron Clarke, seul survivant de la catastrophe,
est victime de modifications génétiques causant sur son organisme
une croissance accrue et rapide. C'est ainsi qu'il devient un être
d'une quinzaine de mètres de hauteur. Une taille qui varie
d'ailleurs selon les propos tenus par le « héros »
de cette histoire absurde, le directeur du laboratoire, un certain
Gordon (une sorte de sous-Louis de Funès à la capillarité
crânienne beaucoup plus avantagée). Non seulement, le bonhomme est
devenu gigantesque, mais de plus, son comportement est devenu celui
d'un prédateur décidé à éliminer tous ceux qu'il croise en
chemin... Avec un tel sujet, on pourrait croire détenir une idée en
or qui réchaufferait une rude soirée d'hiver pour toute la famille
(on pourrait notamment penser au Attack of the 50
Foot Woman de
Nathan Hertz). Cependant, Bigron
a plutôt l'allure de l’infâme nanar que l'on regarde entre potes
bien bourrés... à la limites du coma éthylique, pour tout dire !
Que
dire sinon que Philippe St Clair (qui contre toute attente n'a rien à
voir avec le nanardesque Philippe Clair de La
Grande java,
Le Fürher en Folie,
ou Rodriguez au Pays des Merguez)
a sans doute un peu trop forcé sur les drogues douces. C'est
probablement après avoir fumé la moquette, la tapisserie, les pneus
de sa voiture, son paillasson et celui de son voisin de pallier que
ce non-cinéaste s'est lancé dans ce projet aussi dérangé
qu'improbable. Un non-film, avec des non-interprètes, une non-mise
en scène, une non-photographie, mais reconnaissons-le tout de même,
un petit, tout petit scénario. Le plus drôle (enfin, entre autres
choses), c'est que le type ose nous proposer un casting alors même
que la raison voudrait qu'il planque le nom de ses complices. c'est donc auprès de lui que Billie St-Clair, Michel
Verger, Antoine Cerverc, le chien Baghera Verger et Ariane Alemandi
ont accordé un peu de leur temps à ce petit film qui esthétiquement
et techniquement parlant est en dessous de tout.
Tenez-vous
bien : l'essentiel de l'intrigue se déroule entre le bureau du
directeur Gordon (en fait, sans doute l'appartement privé de
Philippe St Clair), un jardin (sans doute celui de Philippe St
Clair), et ce qui s'avère être la chambre d'une jeune fille (sans
doute celle de Philippe St Clair). Majoritairement filmé en plans
rapprochés, Bigron passe
de lénifiants passages téléphoniques à d'insupportable séquences
durant lesquelles le cinéaste nous donne à contempler un type
immense grognant de manière crispante devant la caméra. Allez
savoir pourquoi, mais Philippe St Clair a choisit d'affubler son
géant d'un pénis de plusieurs mètres (un tuyau en plastique blanc
transparent, vive les effets-spéciaux). Un détail qui n'aura
d'ailleurs aucune conséquence sur l'issue du récit. Le montage est
une horreur. Les discussions entre Gordon et un certain... merde,
j'me souviens plus de son nom, sont mal sonorisées. Si l'on entend
clairement la voix de Gordon, l'autre parle si bas qu'il faut espérer
que la voisine ne branchera pas son aspirateur pour escompter
entendre le son de sa voix. C'est chiant, ça tourne en rond, et
Gordon qui passe des plombes devant son téléphone... à croire
qu'il s'agit de son sex-toy favori... le gars qui campe le géant
passe une heure à poil après avoir perdu ses fringues à la manière
d'un Lou Ferrigno du pauvre. Mais si, vous connaissez tous la
technique du type qui porte des vêtements trop petits pour ses bras
musclés et qui en gonflant ces derniers les font se déchirer. Et
bien Philippe St Clair use de cette même technique... et réussi
tout de même à foirer son effet Faut quand même le vouloir un
peu, non ? Économie de moyens (qui ne devaient pas dépasser
les quelques centaines de francs de l'époque), la voiture censée
rouler à deux occasions n'aura pas quitté un seul instant le jardin
de Philippe St Clair.
Le cinéaste (…) a beau filmer (voler?) quelques séquences tournées dans la rue, on voit bien dans l'encadrement de la portière que la voiture ne se déplace pas d'un centimètre. Plus d'essence dans le moteur ? A moins que l'acteur (… bis repetita) n'ait pas eu son permis de conduire à temps pour le tournage ? Et il y a pire, oui, oui. Parce que si sur ce coup là, les séquences de voitures sont en comparaison des modèles de mise en scène (c'est vous dire!), les passages filmant le géant sont proprement incroyables. Même en y mettant le cœur, même en ayant l'esprit rêveur et profondément naïf, impossible de s’immerger lors de séquences qui montrent un type devant des maquettes de maisons tandis que le récit tente de nous faire croire qu'il s'attaque au repère de Gordon ou aux habitations mitoyennes. Philippe St Clair ne cherche à aucun moment à faire illusion. Le désastre est total mais le rire du spectateur est, lui, assourdissant... quand ses dents ne grincent pas d'énervement lorsque surgissent de manière trop régulière, les cris stridents du géant.
Le cinéaste (…) a beau filmer (voler?) quelques séquences tournées dans la rue, on voit bien dans l'encadrement de la portière que la voiture ne se déplace pas d'un centimètre. Plus d'essence dans le moteur ? A moins que l'acteur (… bis repetita) n'ait pas eu son permis de conduire à temps pour le tournage ? Et il y a pire, oui, oui. Parce que si sur ce coup là, les séquences de voitures sont en comparaison des modèles de mise en scène (c'est vous dire!), les passages filmant le géant sont proprement incroyables. Même en y mettant le cœur, même en ayant l'esprit rêveur et profondément naïf, impossible de s’immerger lors de séquences qui montrent un type devant des maquettes de maisons tandis que le récit tente de nous faire croire qu'il s'attaque au repère de Gordon ou aux habitations mitoyennes. Philippe St Clair ne cherche à aucun moment à faire illusion. Le désastre est total mais le rire du spectateur est, lui, assourdissant... quand ses dents ne grincent pas d'énervement lorsque surgissent de manière trop régulière, les cris stridents du géant.
Bigron
mérite la note ultime de dix étoile tout autant que celle du zéro
pointé. Impossible donc de noter cet incroyable O.F.N.I. que cet
article aura peut-être, mais je ne l'espère pas, donné envie à
certains de le découvrir... Armez-vous d'un solide moral, d'une
patience de fer, d'un humour au trente-septième degré et de
quelques cannettes de bière. Ne partagez cependant pas l'expérience
avec vos amis : vous risqueriez de les perdre à tout
jamais... !!!
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