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samedi 29 décembre 2018

En Guerre de Stéphane Brizé (2018) - ★★★★★★★★★★




Découvert hier en début d'après-midi, le dernier long-métrage du cinéaste français Stéphane Brizé est peut-être le dernier grand film que j'aurais eu l'occasion de découvrir cette année. Après Tout le Monde Debout de Frank Dubosc et Les Garçons Sauvages de Bertrand Mandico. Trois longs-métrages sur toute une année de cinéma, ça peut paraître peu. Mais trois œuvres signées par des artistes français, ça a le mérite d'être évoqué. En Guerre est le nouveau drame social de Stéphane Brizé qui avec La Loi du Marché su émouvoir les jurys de Cannes et des Césars en permettant à son principal interprète de remporter dans les deux cas le prix du meilleur acteur. Vincent Lindon incarne pour la quatrième fois le principal personnage dans une œuvre signée par un cinéaste préoccupé par le sort réservé à de plus en plus d'ouvriers français qui sous la broyeuse patronale risquent chaque jour de se retrouver sans emplois. L'acteur connaît déjà bien le sujet pour l'avoir abordé auprès de Stéphane Brizé, mais s'était intéressé à ce type d'événement en incarnant le rôle principal de l'excellente comédie de Pierre Jolivet en 1999, Ma Petite Entreprise, dont le personnage d'Ivan Lansi s’attaquait sur un ton beaucoup plus léger aux assurances censées le dédommager de la perte de son entreprise. Désormais, c'est à l'échelle d'une entreprise employant plus de mille cent salariés que En Guerre oppose ceux-ci à une multinationale d'origine allemande dont l'unique intérêt est de rapporter toujours plus d'argent à ses actionnaires.

Alors que les employés ont accepté de faire des sacrifices en abandonnant leurs droits à des primes afin de sauver leur entreprise, et en signant un accord leur promettant qu'elle ne fermera pas avant un minimum de cinq ans, Laurent Amadéo et les siens constatent avec effroi que la direction n'a pas tenu son engagement puisque qu'après seulement deux ans, l'usine Perrin Industrie se voit obligée de fermer ses portes. Un constat plus qu'amer pour plus d'un milliers de salariés qui vont monter au front avec en tête de cortège, un Laurent très remonté.

Stéphane Brizé choisit de mettre en scène de manière particulièrement réaliste des dizaines de seconds-rôles, Vincent Lindon se faisant tout d'abord relativement discret avant de devenir celui qui va servir de chair à canon auprès de la direction, des médias, et de ses collègues eux-mêmes. Entouré par un casting brillant, l'acteur est formidablement naturel, le cinéaste insistant parfois en le filmant dans un cadre approximatif renforçant l'aspect documentaire du sujet évoqué. Entre manifestations, sièges des différents locaux administratifs, interventions dans les médias, discussions entre salariés, Direction et syndicats, Stéphane Brizé parvient en l'espace d'un peu moins de deux heures à détailler toutes les étapes d'un combat qui oppose les employés d'une entreprise vouée à la fermeture à la direction et à des politiques qui se murent d'abord dans le silence avant d'être contraints de lâcher du leste. Et c'est alors qu'entre en jeu les broyeuses judiciaire, patronale et politique. Avec un réalisme saisissant, le cinéaste rend compte de toutes les étapes qui mènent certains employés à monter des barricades et d'autres à rendre les armes contre un gros chèque. En Guerre fait très largement écho aux problèmes que rencontrent généralement au moins une fois dans leur vie les petits employés d'une grosse entreprise remaniant sa structure afin de toujours plus rapporter d'argent à ses actionnaire.

Stéphane Brizé filme sur le vif et signe un chef-d’œuvre. L'un des drames sociaux les plus efficaces et les plus poignants jamais réalisés. Sans jamais faire preuve de la moindre démagogie, l'histoire de ces centaines d'ouvriers impacte profondément le spectateur qui ne peut que se reconnaître dans ce combat entre les petites gens et les costard-cravate. Le spectateur devient acteur silencieux d'un combat pratiquement voué à l'échec. Vincent Lindon y est sublime, quant à Mélanie Rover, Jacques Borderie, David Rey, Olivier Lemaire, Isabelle Rufin, Bruno Bourthol (et j'en passe des dizaines), certains sont touchants quand d'autres se révèlent le reflet de l'absence de conscience morale. En Guerre se révèle un exercice de style au ton contemporain et divertissant capable d'ouvrir les yeux de ceux qui vivent à des années-lumière et préfèrent les garder fermés. Admirable !

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