Prix du scénario pour
Cristian Mungiu et d'interprétation féminine pour les deux
principales interprètes Cosmina Stratan et Cristina Flutur au
festival de Cannes en 2012. Meilleure photographie au Festival
international du film de Dublin en 2013. Prix du meilleur film au
Festival international du film de Mar del Plata en 2012. Des
récompenses pour une œuvre hautement méritoire réalisée par le
cinéaste roumain Cristian Mungiu. Une vision différente d'un peuple
qui par chez nous, jouit d'une piètre réputation. Le cinéaste
livre avec După Dealuri,
une œuvre dure, âpre, dense et splendide, magnifiquement
interprétée par un lot d'acteurs dominés par la présence
charismatique des formidables Cosmina Stratan et Cristina Flutur. La
première y incarne Voichita, qui restée au pays, voue désormais
son existence toute entière à Dieu, réfugiée dans un monastère
orthodoxe dirigé par un prêtre dont la foi peut parfois dépasser
l'entendement. Un personnage incarné, là encore, de manière
formidable par Valeriu Andriutä. C'est là qu'arrive Alina, (petite)
amie de Voichita qui, en découvrant la ferveur de la jeune femme
accepte difficilement que celle-ci ait transféré son amour auprès
de Dieu. En acceptant d'accueillir Alina parmi ses ouailles, le
prêtre accepte d'intégrer parmi les siens, une Alina perturbée,
non réceptive aux croyances que partage la communauté et refusant
d'abandonner l'amour de celle qu'elle connut à l’orphelinat. Plus
Voichita se refuse à elle, et plus Alina entre dans des crises de
plus en plus violentes confinant même à l'hystérie. C'est là
qu'est décidé de pratiquer sur la jeune femme un exorcisme afin de
la libérer du Malin...
Inspiré
d'un fait divers affreux datant de 2005 et de deux ouvrages écrits
par la journaliste et romancière Tatiana Niculescu Bran, După
Dealuri
est une œuvre à la fois éprouvante et magnifiquement mise en scène
ne prenant jamais parti pour ou contre la foi de ceux qui
représentent la majeure partie des personnages. Le long-métrage se
déroulant en grande partie dans le monastère, ce qui nous paraît
étrange et mystérieux confine ensuite à une certaine forme de
normalité face à l'effrayant comportement d'Alina, pour le coup,
incroyablement incarné par Cristina Flutur. En confiant le rôle à
la jeune femme qui interprétait là son premier rôle important au
cinéma, Cristian Mungiu signifie dès l'entame la position
privilégiée par le personnage d'Alina. En effet, l'actrice porte
naturellement sur le visage, les traits du rejet. Comme un masque
qu'elle ne cessera jamais de porter tout au long de ces deux heures
et trente minutes d'un film fleuve généralement constitué d'une
succession de plans-séquences plus ou moins importants.
Au
vu du sujet, on aurait pu craindre un long-métrage faisant œuvre
d'apologie ou au contraire critiquant avec virulence l'église sous
la forme précise qu'elle prend dans ce contexte, mais fort
heureusement, le sujet est ailleurs même si parfois, on a
l'impression d'y voir percer une certaine analogie avec le thème
délicat des sectes. După Dealuri
fait preuve d'une grande pudeur en évitant de prolonger les plans
pointant les ravages du communisme (la vie en dehors du monastère,
n'a pas l'air beaucoup plus reluisante), même si parfois quelques
séquences frisent l'hystérie. Le film montre également l'absolue
naïveté en matière de connaissances d'un prêtre qui face à
l'adversité a bien du mal à proposer des remèdes concrets.
Cristian Mungiu réussit le juste équilibre entre intégrisme
religieux, rejet de la foi et conséquence d'un exil forcé. Les
deux jeunes interprètes sont bouleversantes, ce qui ne diminue jamais
l'extraordinaire jeu des actrices féminines qui les accompagnent.
Des prix amplement mérités pour une œuvre qui s'accroche à notre
mémoire bien longtemps après la projection...
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