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samedi 1 décembre 2018

După Dealuri de Cristian Mungiu (2012) - ★★★★★★★★☆☆



Prix du scénario pour Cristian Mungiu et d'interprétation féminine pour les deux principales interprètes Cosmina Stratan et Cristina Flutur au festival de Cannes en 2012. Meilleure photographie au Festival international du film de Dublin en 2013. Prix du meilleur film au Festival international du film de Mar del Plata en 2012. Des récompenses pour une œuvre hautement méritoire réalisée par le cinéaste roumain Cristian Mungiu. Une vision différente d'un peuple qui par chez nous, jouit d'une piètre réputation. Le cinéaste livre avec După Dealuri, une œuvre dure, âpre, dense et splendide, magnifiquement interprétée par un lot d'acteurs dominés par la présence charismatique des formidables Cosmina Stratan et Cristina Flutur. La première y incarne Voichita, qui restée au pays, voue désormais son existence toute entière à Dieu, réfugiée dans un monastère orthodoxe dirigé par un prêtre dont la foi peut parfois dépasser l'entendement. Un personnage incarné, là encore, de manière formidable par Valeriu Andriutä. C'est là qu'arrive Alina, (petite) amie de Voichita qui, en découvrant la ferveur de la jeune femme accepte difficilement que celle-ci ait transféré son amour auprès de Dieu. En acceptant d'accueillir Alina parmi ses ouailles, le prêtre accepte d'intégrer parmi les siens, une Alina perturbée, non réceptive aux croyances que partage la communauté et refusant d'abandonner l'amour de celle qu'elle connut à l’orphelinat. Plus Voichita se refuse à elle, et plus Alina entre dans des crises de plus en plus violentes confinant même à l'hystérie. C'est là qu'est décidé de pratiquer sur la jeune femme un exorcisme afin de la libérer du Malin...

Inspiré d'un fait divers affreux datant de 2005 et de deux ouvrages écrits par la journaliste et romancière Tatiana Niculescu Bran, După Dealuri est une œuvre à la fois éprouvante et magnifiquement mise en scène ne prenant jamais parti pour ou contre la foi de ceux qui représentent la majeure partie des personnages. Le long-métrage se déroulant en grande partie dans le monastère, ce qui nous paraît étrange et mystérieux confine ensuite à une certaine forme de normalité face à l'effrayant comportement d'Alina, pour le coup, incroyablement incarné par Cristina Flutur. En confiant le rôle à la jeune femme qui interprétait là son premier rôle important au cinéma, Cristian Mungiu signifie dès l'entame la position privilégiée par le personnage d'Alina. En effet, l'actrice porte naturellement sur le visage, les traits du rejet. Comme un masque qu'elle ne cessera jamais de porter tout au long de ces deux heures et trente minutes d'un film fleuve généralement constitué d'une succession de plans-séquences plus ou moins importants.

Au vu du sujet, on aurait pu craindre un long-métrage faisant œuvre d'apologie ou au contraire critiquant avec virulence l'église sous la forme précise qu'elle prend dans ce contexte, mais fort heureusement, le sujet est ailleurs même si parfois, on a l'impression d'y voir percer une certaine analogie avec le thème délicat des sectes. După Dealuri fait preuve d'une grande pudeur en évitant de prolonger les plans pointant les ravages du communisme (la vie en dehors du monastère, n'a pas l'air beaucoup plus reluisante), même si parfois quelques séquences frisent l'hystérie. Le film montre également l'absolue naïveté en matière de connaissances d'un prêtre qui face à l'adversité a bien du mal à proposer des remèdes concrets. Cristian Mungiu réussit le juste équilibre entre intégrisme religieux, rejet de la foi et conséquence d'un exil forcé. Les deux jeunes interprètes sont bouleversantes, ce qui ne diminue jamais l'extraordinaire jeu des actrices féminines qui les accompagnent. Des prix amplement mérités pour une œuvre qui s'accroche à notre mémoire bien longtemps après la projection...

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