Second long-métrage du
cinéaste irlandais John Wright après la comédie horrifique
Tormented signée
trois ans auparavant en 2009 et deux ans avant le film de
science-fiction Robots Supremacy (sans
compter une poignée de courts-métrages), Grabbers
est le genre de production au synopsis intriguant mais au résultat
final quel que peu décevant. Au départ, un film de monstre comme
nous en a servi le septième art (et notamment les États-Unis) dès
le milieu du vingtième siècle, prolongeant l'expérience jusqu'à
aujourd'hui mais dans de plus éparses occasions. De vilaines créatures
venues d'on ne sait où (résultant parfois des expériences de
savants fous ou débarquant d'une autre galaxie). L'arrivée des
dites créatures se fait ici sur un mode peu original mais le terrain
ayant déjà été conquis, le spectateur ne pourra au préalable que
se réjouir de l'idée répétée d'une comète s'abîmant en pleine
mer et libérant une créature tentaculaire particulièrement
belliqueuse. Animée en CGI, cette pieuvre assez curieuse nantie
d'une bouche de lamproie (le tableau est assez effrayant, je
l'avoue), est plutôt convaincante. Surtout qu'elle a la fâcheuse
habitude de laisser traîner derrière elle des œufs desquels
peuvent éclore des rejetons sous une forme larvaire déjà très
véloces.
L'intrigue
se situe dans la petite localité d'Erin Island (île apparemment
fictive sans doute dérivée des Îles d'Aran) où s'est
volontairement faite embaucher la policière Lisa Nolan, prise sous
l'aile de Ciarán O'Shea, flic lui aussi et grand amateur de gnôle.
A la suite d'événements tout aussi curieux que tragiques
(disparition de pêcheurs partis en mer, baleines échouées et
éventrées découverte sur une plage), ces deux là décident
d'enquêter et découvrent très rapidement qu'une immonde bestiole
rôde dans les parages et qu'elle tue tous ceux qui se présentent
sur son chemin. Aidés par le docteur Smith, ils découvrent très
rapidement que la seule solution efficace pour se débarrasser d'elle
et de sa progéniture, ou du moins de se prémunir de ses attaques,
c'est de boire jusqu'à l'ivresse, l'alcool agissant alors comme un
véritable poison sur l'organisme de cette créature venue de
l'espace...
Avec
une telle idée en poche, on se demande comment le cinéaste aurait
pu traiter son long-métrage autrement que sous la forme de la
comédie. Oubliez toute forme de prévention contre l'alcool. John
Wright fait voler en éclats tous les efforts maintenus depuis des
décennies et en prône (sur le ton de l'humour, hein?) l'absorption
de grandes quantités à usage préventif. L'alcool comme unique
excipient aux méthodes classiques souvent inutiles, face à une
créature qui, loin d'égaler celle du The Thing
de John Carpenter, est capable de survivre à diverses agressions.
e
Film
curieux, Grabbers
fait appel à un humour très particulier que l'on aura, faute de
moyens de description, de nommer humour « so
irish ». Une
manière d'aborder la comédie avec une certaine nonchalance, un peu
à la manière des scandinaves mais avec un surcroît d'émotion
(toutes proportions gardées), et donc, beaucoup moins noir. Tiens en
parlant de noirceur : le gros point... noir justement de ce
Grabbers
qui tente à son tour le mélange comédie-horreur à la manière du
Edgar Wright (!!!) de Shaun of the Dead
sans en avoir véritablement la saveur, c'est la redondance de
l'action. Des scènes qui ne font que se répéter. En effet, après
un début plutôt convaincant, le cinéaste ne fait que réemployer
toujours la même recette. Les agressions se ressemblent toutes,
parfois entrecoupées de scènes durant lesquelles les personnages
s'enivrent afin de se prémunir d'un funeste destin. Lourd, mais sans
être gras, l'humour use de ficelles un peu trop commodes pour être
véritablement original. Au final, si la créature ne l'emporte pas
sur les habitants d'Erin Island, l'ennui sort par contre victorieux
de ce combat un brin poussif. Agréable, sans plus...
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