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vendredi 21 décembre 2018

Divided Into Zero de Mitch davis (1999) - ★★★★★★☆☆☆☆



Il est des œuvres cinématographiques qui vous bousculent. Non plus dans votre chair mais dans votre âme. Parce qu'elles osent ce que la majorité d'entre elles préfèrent ignorer. De ces pellicules au grain épais, au cadrage approximatif, à la mise au point pas toujours très nette. Des bobines aussi dépressives que sulfureuses. Parfois totalement gratuites, de celles que l'on oublie généralement en premier, mais parfois si déliquescentes qu'elles n'ont pas besoin d'autre chose qu'un long discours pour faire accepter leur contenu. Une histoire avec un tout petit h. De celle qu'il est de coutume de cacher et qui libèrent un peu de leur monstruosité dans les faits-divers qui nourrissent d'abord les médias, et ensuite le public. Divided Into Zero est de ces petites perles underground à l'esthétique crapoteuse qui véhicule un message que d'aucun estimera sans doute d'insupportable. Il est des discours qu'on aimerait ne pas entendre. Des sujets qu'on préférerait voir interdits parce qu'ils nous ramènent à notre nature d'être humain. Avec ses qualités, mais aussi ses faiblesses.

C'est l'une d'entre elles que choisit d'aborder le cinéaste et producteur Mitch Davis qui signait là, son seul et unique film. Un court-métrage de surcroît qui dépasse à peine la demi-heure et qui tout au long de son récit explore la psyché d'un homme à trois étapes de son existence. Tout d'abord, à l'aube de devenir le représentant de l'une des déviances sexuelles les plus monstrueuses. A sept ans. A l'âge où lorsque l'on a perdu son père (auquel le cinéaste prête avec un luxe de pudeur des pensées contre-nature envers son enfant) et sa mère, on perd ainsi ses repères. C'est là qu'intervient son goût du sang. Et celui pour l'automutilation. La naissance du mal incarné par un gamin qui à la mort de ses parents ne grandira plus intellectuellement même si ses obsessions prendront, elles, une ampleur toute adulte.

Sans vraiment juger le futur monstre tapit dans ce visage d'enfant, Mitch Davis tente de percer le mystère qui entoure ces hommes attirés par de jeunes enfants. Celui qu'il décide de mettre en scène est plus que le simple violeur pédophile puisqu'il séquestre, mutile et assassine enfin. Même si les actes de barbarie ne sont pas clairement dévoilés (le spectateur ne subira notamment que les derniers instants du calvaire subit par un enfant enfermé et crucifié au mur d'une cave sordide) Divided Into Zero dégage un profond malaise. Le cinéaste ose une approche poétique et morbide à travers des visions mystiques parfois difficiles à décrypter. Un peu à la manière du Jörg Buttgereit de l'immonde diptyque Nekromantik 1 et 2, Mitch Davis déroule une intrigue ultra minimaliste et inconfortablement financée.

Le cinéaste parvient à transmettre le malaise de son héros à travers sa lente litanie et la musique vraiment glaçante de David Kristian. On rêve déjà de ce à quoi aurait pu ressembler avec un surcroît de billets verts. S'il n'atteint pas l'excellence du Clean, Shaven de Lodge Kerrigan, le court-métrage de Mitch Davis ne peut laisser indifférent. Sous sa forme d’œuvre d'art et d'essai, il provoque un certain dégoût, viscéral, et un malaise, véritablement palpable. Et ce n'est peut-être pas tant les actes pourtant abominables perpétrés hors champ qui feront tourner de l’œil les moins aguerris, mais peut-être l'approche clinique de Mitch Davis. Son vieillard dérangeant, de même qu'un univers construit autour d'objets hétéroclites qui réunis sous les projecteurs du cinéaste laissent un sale goût dans la bouche et le sentiment d'avoir assisté à une lente agonie...

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