1964. Cette année là,
Louis de Funès et Maurice Biraud joueront par deux fois l'un à côté
de l'autre. Deux comédie, l'une policière, et l'autre mêlant
humour et polar. Des Pissenlits par la Racine
est la première d'entre elles. Réalisée et adapté par Georges
Lautner, les dialogues sont du réalisateur lui-même et Clarence
Weff, épaulés pour l'occasion par le dialoguiste Michel Audiard.
Il s'agit là pour ce dernier, davantage que de superviser les
dialogues qui à tout bout de champ, transpirent son propre style.
Savoureux, c'est dans le Paris en noir et blanc du milieu des années
soixante qu'une tribu d'interprètes participe à cette histoire à
multiples tiroirs. Maurice Biraud et Gianni Musy y incarnent
respectivement Jo Arengeot et Riton, dit « Pomme
Chips »,
qui après deux ans de prison ont recouvré la liberté. Pomme Chips
cherche à mettre la main sur Jacques, le cousin de Jérôme, acteur
et contrebassiste dans une pièce de théâtre à succès dont la
dernière est prévue pour bientôt. Mais avant cela, Jo confie à
son ancien co-détenu la mission de parier sur trois chevaux au
Tiercé. Lorsque plus tard, Pomme-Chips est accidentellement tué par
Jacques lors de la dernière représentation de La
Lune dans la Bière (celui-là
même qu'il voulait tuer après s'être fait « voler »
sa compagne, la délicieuse mais un peu cruche Rockie, dite « La
Braise »),
celui-ci planque le corps de la victime dans la caisse de la
contrebasse de Jérôme. Une fois la pièce terminée et le matériel
transporté chez l'acteur Pierre Michon (Venantino Venantini),
le corps est découvert enfermé dans la caisse. Michon menace alors
Jérôme, Jo, Rockie et Jacques d'appeler la police s'ils ne le
débarrassent pas très vite de l'encombrant cadavre...
Excellente
surprise que Des Pissenlits par la Racine.
D'abord, il y a ce casting en or : Maurice Biraud, Louis de
Funès, Michel Serrault, Francis Blanche, Venantino Venantini, Guy
Grosso, mais aussi Mireille Darc. Belle à croquer. Un peu nunuche,
mais féline et désirable. La Christine du Grand
Blond avec une Chaussure Noire
avant l'heure. Charmeuse. Ses rôles dans l'oeuvre de Georges Lautner
et huit ans plus tard dans celle d'Yves Robert sont parfois à ce
point semblables que l'on pourrait penser que l'auteur de Alexandre
le Bienheureux
ou de Un Éléphant ça trompe Énormément
s'est inspiré du même roman écrit par Clarence Weff alors que le
scénariste Francis Veber s'inspirera en réalité de la vie du
violoniste russe Igal Shamir. Pour en revenir au long-métrage de
Georges Lautner, outre la solide interprétation d'un collège
d'interprètes incroyablement fusionnels et habitués à tourner
ensemble pour la majorité d'entre eux, le film se distingue comme
bon nombre de longs-métrages auxquels a participé Michel Audiard
grâce aussi à ses excellents dialogues. Chaque personnage débarque
avec son cortège de répliques et d'expressions savoureuses. Louis
de Funès retrouve son éternel personnage de poltron, mais cette
fois-ci dans un registre un peu plus sombre qu'à son habitude.
Sept
ans avant Jo
de Jean Girault, il incarne déjà un personnage se rendant coupable
d'un meurtre. Mais comme cela sera le cas dans Jo,
le meurtre qu'il commet ici est accidentel. Accompagné
par la partition musicale parfois nostalgique du compositeur français
Georges Delerue, Des Pissenlits par la Racine
nous fait voyager dans un Paris dont on ne ne profitera
malheureusement qu'en de très rares occasions, et encore, de nuit.
Entre les champs de courses, les bars, un théâtre, une soirée
« pop »
et la maison d'un ornithologue, le film de Georges Lautner est une
savoureuse comédie tournant autour de petits malfrats branquignoles,
d'un cadavre embarrassant, et d'un ticket de Tiercé gagnant. On ne
s'ennuie pas un seul instant...
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