Lorsque l'auteur du plus
consternant et plus surestimé long-métrage de l'année 2008
(Martyrs)
revient dix ans après avec un quatrième long-métrage qu'une grande
partie de la presse s'accorde à considérer comme un grand film, il
y a de quoi douter. Car après avoir été franchement choqué par le
contraste entre les avis favorables et le pitoyable résultat à
l'écran de son second long-métrage, le retour de Pascal Laugier est
à prendre avec des pincettes. Ghostland
semblerait donc signer le retour en grandes pompes d'un cinéaste par
trop apprécié des amateurs de films d'horreur qui virent sans doute
en Martyrs,
le renouveau d'un genre assez peu représenté dans l'hexagone,
surtout si on le compare aux brassées de productions sortant chaque
année outre-atlantique. Pourtant, l'objet en question était loin
d'atteindre les quotas horrifiques pourtant encensés par la presse
et le public. Loin d'être aussi insupportable que certains osèrent
prétendre, Martyrs
était surtout grotesque à force de vouloir repousser les limites de
l'horreur.
Pascal
Laugier se serait-il calmé ? Oui, et non. Car si Ghostland
lorgne toujours du côté de l'horreur, il s'est pourtant assagi et
propose enfin un projet convaincant qui ne risquera pas de tomber
dans l'oubli une fois son passage au cinéma arrivé à terme.
Le
dernier « enfant »
de Pascal Laugier semble avoir été mis au monde par un Rob Zombie
hexagonal. Tout ici ou presque rappelle en effet l'univers sordide,
coloré et divertissant du chanteur et cinéaste notamment auteur du
remake de Halloween
en 2007 et de l'excellent The
Devil's Reject. Comme
si celui-ci avait mis ses billes en commun avec celles du Tobe Hooper
de Massacre à la Tronçonneuse,
charriant une excroissance au Silent Hill
de Christope Gans auquel auraient été greffés les cerveaux malades
de La Colline à des Yeux
toutes versions amalgamées. Un univers désenchanté tenant debout
grâce à l'incroyable décor intérieur que représente la demeure
des héroïnes et grâce aussi à ses « boggeymen »
carrément flippants et comme les définit justement le personnage
d'Elizabeth Keller incarnée à l'âge adulte par l'actrice Crystal
Reed, tels une sorcière et un ogre.
Découpé
sous une forme peu commune entre le monde imaginaire dans lequel se
réfugie Elizabeth pour échapper au cauchemar et celui où elle et
sa sœur subissent les sévices d'un couple de psychopathes
particulièrement dérangés, Ghostland
ne laisse jamais au spectateur le temps de s'affranchir de telle ou
telle situation puisque le contenu est lui, inédit. Dans sa forme,
le film de Pascal Laugier est exemplaire et sonne comme le renouveau
du cinéma d'épouvante tout en convoquant les quelques
longs-métrages évoqués ci-dessus et quelques autres également
(The Entity
de Sydney J. Furie). Si dans le fond, Ghostland
offre un spectacle millésimé bien des fois (nombre de
home invasion
et de survivals ont déjà abordé le sujet), son approche est radicalement
différente, voire, innovante.
L'une
des spécificités demeure dans le fait qu'il arrive au spectateur de
douter, justement à travers ces séquences qui voient Elizabteh se
réfugier dans un univers dans lequel elle est parvenue à survivre
au drame qu'elle, sa sœur, mais leur mère également ont vécu.
Cette dernière, justement, incarnée par la chanteuse Mylène Farmer
qui trouve là, un moyen de reconversion qui lui sied plutôt
justement. Le rôle des filles, quant à eux sont assurés par un
quatuor d'actrices dont la jeune Taylor Hickson (qui n'est autre que la propre fille de Mylène Farmer), laquelle a vécu un
drame terrible durant le tournage puisqu'elle traversa une vitre qui
l'a défigura. Un accident qui trouve un écho retentissant dans
l'affiche du film qui même si elle représente le portrait de la
sœur du personnage que l'actrice incarne, semble défier les
spectateurs leur rappelant que le métier d'actrice n'est jamais tout
à fait sans risques. Pascal Laugier, a pris le risque de renouveler
le genre. Et Dieu merci, il y est enfin parvenu...
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