Je voudrais commencer par remercier un
certain Rémy, qui sur l'excellent blog L'Univers
Étrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction a
partagé cet étrange long-métrage qu'est Kyôfu kikei ningen:
Edogawa Ranpo zenshû
de Teruo Ishii. Étrange car semblant brasser tout un tas d'idées
pour n'en faire qu'une : la recherche de vérité et d'identité
d'un homme qui après avoir été interné dans un hôpital
psychiatrique rempli de nymphomanes (sic!) pour d'obscures raisons se lance dans une quête
sur ses propres origines. Bon, dire que ce long-métrage est curieux
est un euphémisme. Alors que le monde nage dans un monde où le
pouvoir des fleurs issu de la contre-culture hippie fait des ravages
en s'attaquant à toutes les couches de la société ainsi qu'à
leurs différents modes de vie, Teruo Ishii pond la même année que
le Festival de Woodstock, une œuvre psychédélique dans laquelle le
stupre, la liberté sexuelle, le transgenre, la vengeance, et une
idée toute particulière de la 'différence'
sont évoqués pour ne faire qu'un.
Il
demeure ici dans Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo
zenshû ,
une certaine approche des traditions japonaises et du théâtre Nô,
dans lequel se mêlent lyrisme et pantomimes.
Tout
débute dans un hôpital psychiatrique donc. Un lieu dans lequel
règne un certain vice, les femmes y étant toutes décrites comme
perverses. La sexualité est donc abordée comme un péché, une
maladie, un crime même, qui doit être puni par des années
d'enfermement. C'est là qu'apparaît le héros Hirosuke. Incapable
de se souvenir qui il est, et pourquoi il est enfermé à l'asile, le
jeune homme parvient à s'en échapper. Dans la presse, un article
détaille la mort du chef d'une famille éminemment respecté dont
les traits sont identiques à ceux de Hirosuke. Se rendant au
cimetière, l'ancien prisonnier y est confondu avec le défunt. C'est
là l'occasion pour le cinéaste de s'inspirer des légendes vaudous
et notamment du 'zombie'
cher à certaines coutumes effrayantes en cours à Haïti. Ce qui
donne lieu à une bien curieuse séquence durant laquelle deux
prêtres bouddhistes découvrent le corps faussement réanimé de
leur maître, et qui donc n'est autre que Hirosuke. Ramené dans la
famille du défunt, celui-ci est accueilli et considéré comme un
miraculé. Revenu d'entre les morts, et pouvant donc se satisfaire
des biens et de la chaleur de la famille de celui qui gît toujours
dans sa tombe. C'est là qu'il va découvrir la vérité sur ceux
qu'il côtoie désormais, mais également sur lui-même, ainsi que sur
un homme vivant reclus sur une île, seul élément ayant subsisté
dans ses souvenirs, lequel semble fou, et pratique d'étranges rites.
Hirosuke apprend notamment que sa ressemblance avec le défunt n'est
pas due au hasard...
Si
Kyôfu kikei ningen:
Edogawa Ranpo zenshû a
le malheur d'être parfois ennuyeux (le final servant d'explication
au mystère entourant l'identité de Hirosuke et aux manigances du
savant vivant sur l'île étant beaucoup trop long), le film de Teruo
Ishii est suffisamment étonnant pour que l'on ait envie d'en savoir
davantage sur son principal personnage incarné par Teruo Yoshida. Le
film plonge ses personnages dans un Japon traditionnel, Geishas et
Machya (maisons traditionnelles japonaises) à l'appui. L’œuvre
s'ouvre et se clôt sur des visuels totalement délirants. Entre
'l'enclos' psychiatrique
ressemblant à un harem renfermant des dizaines de femmes à moitié
dénudées et obsédées par le sexe, et le final faisant ressembler
cette partie du long-métrage à un mix entre L'Île
du docteur Moreau
H.G Wells et le Freaks
de Tod Browning, Teruo Ishii ne ménage pas ses effets. Considéré
par les spécialistes du genre comme une œuvre culte (ce que l'on
peut favorablement considérer), Kyôfu
kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû ne
ressemble à rien de connu si ce n'est un amalgame de divers sujets,
ce qu'il est d'ailleurs puisque le cinéaste semble avoir puisé dans
différents ouvrages de l'écrivain japonais Edogawa Rampo. Une œuvre
étonnante, peut-être un peu longue lors du final, mais intéressante
à découvrir pour qui veut assister à un spectacle hors du
commun...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire