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samedi 7 juillet 2018

Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû de Teruo Ishii (1969) - ★★★★★★★☆☆☆



Je voudrais commencer par remercier un certain Rémy, qui sur l'excellent blog L'Univers Étrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction a partagé cet étrange long-métrage qu'est Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû de Teruo Ishii. Étrange car semblant brasser tout un tas d'idées pour n'en faire qu'une : la recherche de vérité et d'identité d'un homme qui après avoir été interné dans un hôpital psychiatrique rempli de nymphomanes (sic!) pour d'obscures raisons se lance dans une quête sur ses propres origines. Bon, dire que ce long-métrage est curieux est un euphémisme. Alors que le monde nage dans un monde où le pouvoir des fleurs issu de la contre-culture hippie fait des ravages en s'attaquant à toutes les couches de la société ainsi qu'à leurs différents modes de vie, Teruo Ishii pond la même année que le Festival de Woodstock, une œuvre psychédélique dans laquelle le stupre, la liberté sexuelle, le transgenre, la vengeance, et une idée toute particulière de la 'différence' sont évoqués pour ne faire qu'un.
Il demeure ici dans Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû , une certaine approche des traditions japonaises et du théâtre , dans lequel se mêlent lyrisme et pantomimes.

Tout débute dans un hôpital psychiatrique donc. Un lieu dans lequel règne un certain vice, les femmes y étant toutes décrites comme perverses. La sexualité est donc abordée comme un péché, une maladie, un crime même, qui doit être puni par des années d'enfermement. C'est là qu'apparaît le héros Hirosuke. Incapable de se souvenir qui il est, et pourquoi il est enfermé à l'asile, le jeune homme parvient à s'en échapper. Dans la presse, un article détaille la mort du chef d'une famille éminemment respecté dont les traits sont identiques à ceux de Hirosuke. Se rendant au cimetière, l'ancien prisonnier y est confondu avec le défunt. C'est là l'occasion pour le cinéaste de s'inspirer des légendes vaudous et notamment du 'zombie' cher à certaines coutumes effrayantes en cours à Haïti. Ce qui donne lieu à une bien curieuse séquence durant laquelle deux prêtres bouddhistes découvrent le corps faussement réanimé de leur maître, et qui donc n'est autre que Hirosuke. Ramené dans la famille du défunt, celui-ci est accueilli et considéré comme un miraculé. Revenu d'entre les morts, et pouvant donc se satisfaire des biens et de la chaleur de la famille de celui qui gît toujours dans sa tombe. C'est là qu'il va découvrir la vérité sur ceux qu'il côtoie désormais, mais également sur lui-même, ainsi que sur un homme vivant reclus sur une île, seul élément ayant subsisté dans ses souvenirs, lequel semble fou, et pratique d'étranges rites. Hirosuke apprend notamment que sa ressemblance avec le défunt n'est pas due au hasard...

Si Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû a le malheur d'être parfois ennuyeux (le final servant d'explication au mystère entourant l'identité de Hirosuke et aux manigances du savant vivant sur l'île étant beaucoup trop long), le film de Teruo Ishii est suffisamment étonnant pour que l'on ait envie d'en savoir davantage sur son principal personnage incarné par Teruo Yoshida. Le film plonge ses personnages dans un Japon traditionnel, Geishas et Machya (maisons traditionnelles japonaises) à l'appui. L’œuvre s'ouvre et se clôt sur des visuels totalement délirants. Entre 'l'enclos' psychiatrique ressemblant à un harem renfermant des dizaines de femmes à moitié dénudées et obsédées par le sexe, et le final faisant ressembler cette partie du long-métrage à un mix entre L'Île du docteur Moreau H.G Wells et le Freaks de Tod Browning, Teruo Ishii ne ménage pas ses effets. Considéré par les spécialistes du genre comme une œuvre culte (ce que l'on peut favorablement considérer), Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû ne ressemble à rien de connu si ce n'est un amalgame de divers sujets, ce qu'il est d'ailleurs puisque le cinéaste semble avoir puisé dans différents ouvrages de l'écrivain japonais Edogawa Rampo. Une œuvre étonnante, peut-être un peu longue lors du final, mais intéressante à découvrir pour qui veut assister à un spectacle hors du commun...

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