C'est avec une certaine
tristesse, mais également de la joie et de la surprise que j'ai
découvert hier
soir Amadeus
du cinéaste américano-tchèque Miloš Forman. L'homme derrière
lequel se cache l'immense Vol au Dessus d'un Nid
de Coucou
ou la comédie musicale Hair.
Treize longs-métrages en cinquante-six ans de carrière. C'est peu,
mais un si petit nombre de films semble être la marque de fabrique
des génies du septième art. Stanley Kubrick n'a t-il pas en effet
réalisé quatorze longs-métrages en quarante-cinq ans et ne
sommes-nous pas en attente du onzième de David Lynch dont la
carrière a débuté sur grand écran en 1977 ? Tristesse car la
diffusion de Amadeus était
la triste occasion de nous rappeler que son auteur est mort voilà
deux mois, le 14 avril dernier. Une perte immense, et surtout, une
douleur affreuse pour quiconque aime le cinéma et n'a pu à temps,
lui exprimer sa passion pour son œuvre de son vivant. Un grand
Monsieur nous a donc quitté, laissant derrière lui comme d'autres
par le passé, un héritage flamboyant. Amadeus
fait partie de ces chefs-d’œuvre qui demeureront à tout jamais
intemporels. Wolfgang Amadeus Mozart, tout le monde connaît. Si bien
peut-être (ses créations sont reprises à la télévision, dans les
pubs, et au cinéma), qu'un certain dédain pour cet artiste auteur
de 626 œuvres peut naître tandis qu'une certaine fascination
demeure pour d'autres beaucoup moins exposés.
C'est
sans doute là la raison pour laquelle il m'aura fallut attendre
trente-quatre ans avant de découvrir cet hommage fait à un musicien
par un cinéaste, musique et image allant de paire depuis des lustres
au cinéma. Joie, car si Miloš Forman a eu l'idée géniale de
poser ses caméras devant la scène et de nous faire ainsi découvrir
certaines des plus grandes œuvres du compositeur autrichien, il
s'est surtout intéressé au duel à sens unique entre le génie
Antonio Salieri, musicien italien, dont l’œuvre, qui comme le
souligne le personnage à l'écran, aura eu bien du mal à survivre
au temps qui passe, et Wolfgang Amadeus Mozart. Salieri, tiens,
justement. Celui qui aurait pu donner son nom au long-métrage de
Miloš Forman. Un compositeur ayant consacré sa vie toute entière à
Dieu, lui vouant ses compositions, et ici décrit comme ayant été
trahi par celui auquel il vouait une véritable dévotion. Amadeus
est le témoignage d'un rude combat mené par Salieri, contre Mozart,
lequel l'a humilié, lui a fait de l'ombre. Sa carrière étant mise
en péril par le jeune prodige, Salieri décide de tout mettre en
œuvre pour écarter son principal rival tout en conservant une
admiration devant les travaux du jeune compositeur autrichien.
Le
récit nous est conté à travers le témoignage même d'un Antonio
Salieri vieillissant, admirablement interprété par l'extraordinaire
acteur américain Murray Abraham-Stello. Il emporte à lui seul ce
long-métrage passionnant, mis en musique par le violoniste et
chef-d'orchestre britannique Neville Marriner. Les décors de la
directrice artistique américaine Patrizia von Brandenstein et les
costumes du tchèque Theodor Pištěk rendent hommage à ce
dix-huitième siècle foisonnant. Le travail de mise en scène de
Miloš Forman est remarquable, nous offrant le point de vue des
divers personnages, stoppant parfois la virtuosité de sa réalisation
pour nous offrir des extraits d'opéras majestueusement mis en scène
et en lumière. L'un des lieux de tournage les plus impressionnants demeure le théâtre baroque Tyl de Prague, qui depuis trois siècles
est demeuré en l'état et reflète donc l'esprit qui régnait à
l'époque où fut justement interprété pour la première fois, le
Don Giovanni de
Mozart.
Surprise
car, loin de l'image plutôt lisse que reflète son œuvre, le film
de Miloš Forman montre à quel point la vie de Mozart fut difficile
et émaillée de tragédies. Interprète d'une quinzaine de
longs-métrages, l'acteur Tom Hulce est avant tout connu pour son
interprétation du rôle-titre de Amadeus.
Tour à tour agaçant, puis drôle, et enfin tragique, le personnage
qu'il incarne à l'écran est aussi bouleversant que celui incarné
par Murray Abraham-Stello. Le spectateur assiste impuissant à cette
tragédie se déployant autour d'un compositeur de génie forcé à
brève échéance de se tourner vers un public populaire tandis qu'il
fut parfois dépossédé d'une partie de son œuvre (Les
Noces de Figaro).
Quant à la conclusion, d'une extrême noirceur, elle montre bien que
le talent ne servait pas d'unique valeur et qu'à l'époque, on
pouvait tout aussi bien tomber dans l'oubli et finir jeté dans une
fosse commune. Heureusement, bien longtemps après, Wolfgang Amadeus
Mozart allait devenir parmi les plus populaires compositeurs du
dix-septième sècle, mais à titre posthume.
Amadeus est
un chef-d’œuvre. Magnifiquement interprété, d'une beauté
plastique proche de certaines œuvres picturales, et admirablement
mis en scène par un Miloš Forman en totale osmose avec son
sujet...
j'avais adoré ce film la premiere que je l'ai vu il y a bien longtemps, puis revu sur arte il y a 5 ou 6 ans, et toujours le meme engouement !
RépondreSupprimeridem pour "hair" qui est definitivement le film culte pour moi! (j'ai la BO que je connais par coeur ahaha)