D'un côté, Predatorman
(ou Alien Lockdown),
de l'autre, Poprzez piaty Wymiar. Deux exemples qui
démontrent qu'en certaines occasions, mieux vaut se munir d'un
scénario en béton si l'on veut espérer fidéliser la clientèle ou
du moins lui apporter suffisamment de sensations pour qu'elle n'ait
pas envie d'aller voir ailleurs si l'air est meilleur à respirer. Le
premier, je l'annonce, n'est qu'une engeance. Une protubérance
totalement inefficace qui ne conviendra qu'aux amateurs de nanars et
de rip off assez mal fichus. Tout ou presque tient dans le titre.
Presque puisqu'en dehors de sa gueule, la créature qu'un commando de
militaires va tenter d'éliminer à l'intérieur d'un complexe
scientifique ressemble davantage à l'alien de Ridley Scott. Bien
qu'en y regardant de plus près (bon courage), la chose est plus
proche du grand singe (genre, gorille à dos argenté) que du
xénomorphe. Afin de camoufler les faiblesses budgétaires de
Predatorman,
l'équipe technique tournant autour du cinéaste Tim Cox (un habitué
des séries Z), plonge l'intégralité du long-métrage dans
l'obscurité. Tout loisir est donc offert à celle-ci de tourner dans
le cadre étriqué d'une poignées de pièces filmées sous
différents angles permettant de nous faire croire à un vaste
complexe scientifique. On a surtout l'impression d'une cage
d'escalier et de quelques couloirs mal éclairés exploités de
manière à rentabiliser au maximum la location des lieux.
Pour
ne rien arranger, les acteurs jouent comme des pieds et leur
apparente implication frise le ridicule. La palme étant réservée à
l'actrice singapourienne Michelle Goh qui durant le tournage semble
s'être inspirée du personnage de Vasquez dans Aliens,
le Retour
de James Cameron qu'interprétait Jenette Goldstein. D'ailleurs, ce
dernier long-métrage semble avoir beaucoup inspiré l'auteur de
Predatorman.
Lorsque l'on n'a pas le moindre talent, pas une once d'inspiration et
pas de pognon à injecter au projet, et ben... ça donne ça !
Un film qui s'ouvre sur une scène « épique »
pillant totalement les dialogues et les idées proférées par un
long-métrage autrement plus aboutit (vite, vite, aidez-moi à lui
donner un nom, je ne me souviens plus du titre), suivi d'une scène
que l'on situera en Afrique et évidemment inspirée par l'ouverture
de L'Exorciste
de William Friedkin en Irak.
Bon,
ça c'était Predatorman.
Maintenant, évoquons Poprzez piaty Wymiar du
polonais Marek T. Nowakowski. Si lui aussi s'inspire du fameux
paradoxe du grand-père dans lequel il est supposé qu'un voyageur du
temps revenant dans le passé pour tuer son propre grand-père ne
peut par conséquent plus exister, le cinéaste parvient en
vingt-cinq minutes à rendre son œuvre passionnante. Le récit
s'articule autour d'un journaliste dont l'ami scientifique le convie
à venir lui rendre visite dans son laboratoire de recherches. Ravi
de pouvoir suivre les travaux du scientifique Kopot concernant le
Totrom (une machine permettant de voyager dans le temps), Jan Siwiec
se précipite sur place mais est victime d'un accident qui le plonge
dans l'inconscience. Lorsque Siwiec se réveille, il fait nuit. Il
est une heures du matin et ne comprend pas pourquoi il est seul dans
le laboratoire et surtout pour quelle raison le gardien qui la fait
entrer une heure plus tôt ne se souvient pas de l'avoir croisé.
Pire : lorsqu'il rentre chez lui, Siwiec constate que ses
vétements, les mêmes qu'il porte sur lui, ont été jetés à
terre. Mais ça n'est rien en comparaison de ce qu'il découvre
ensuite. Dans sa chambre, un homme dort dans son propre lit. Et cet
homme n'est autre que Siwiec lui-même. Ne comprenant absolument pas
ce qui lui arrive et inquiet de la tournure que prennent les
événements, Siwiec décide de téléphoner à Kopot...
Marek
T. Nowakowski a tout compris. Lorsque l'on est contraint de tourner
avec peu de moyens et que les outils mis à votre dispositions sont
restreints, tout n'est qu'histoire d'inspiration. Si le thème du
voyage dans le temps n'est pas nouveau, le cinéaste polonais
parvient à donner à son Poprzez
piaty Wymiar les
allures d'un épisode de la célèbre Quatrième
Dimension.
Son court-métrage ne signifiant d'ailleurs-t-il pas en français par
la cinquième dimension ?
C'est fou, mais lorsque l'on y pense, on aurait préféré que
Poprzez
piaty Wymiar troque
ses vingt-cinq minutes contre les quatre-vingt dix de Predatorman.
Le sujet est passionnant, reposant presque uniquement sur ses
dialogues et le jeu parfait de ses deux ou trois principaux
interprètes, ce court de Marek T. Nowakowski ne propose aucune
fioriture inutile et surtout, comme cela est souvent le cas avec la
science-fiction polonaise, le discours se veut réaliste. Une
excellente surprise...
Passionnant pour le film polonais, et amusant pour l'autre. En lisant le pitch du second, j'ai immédiatement pensé à l'atmosphère de la quatrième dimension :)
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