En 2008, vous aviez le choix entre deux propositions de voyages
dépaysants : d'un côté ce Dying Breed
australien de Jody Dwyer, de l'autre, le
franco-britanico-australo-belge Vinyan de
Fabrice du Welz. Pour l'originalité, l’envoûtement, la beauté
des paysages et l'extraordinaire sentiment de dépaysement, il
fallait se tourner vers le second. Aujourd'hui, si vous avez envie de
côtoyer des autochtones singuliers, préférez les Appalaches du
Délivrance
de John Boorman à la Tasmanie du cinéaste australien. Si vous
voulez ressentir un important malaise dès votre arrivée en ville ou
avant votre retour à la civilisation, rien de mieux que
Southern Comfort
de Walter Hill. Au cas où certains des autochtones cités plus haut
n'auraient pas une allure suffisamment grotesque, allez jeter un œil
à la saga des Wrong Turn.
Si malgré tout, c'est d'un survival australien dont vous avez
véritablement besoin pour vous ressourcer, il ne me reste donc plus
qu'à vous conseiller le diptyque Wolf Creek 1 &
2
de Greg McLean. Et même, si vous préférez les petites bêtes aux
dents longues, vous avez tout loisir de regarder Rogue
de ce même McLean. Vous pouvez tout aussi bien ne pas pouvoir
choisir entre humains dégénérés et bête sauvage, alors ne reste
plus pour vous que de mettre la main sur Razorback
de Russell
Mulcahy.
Des
films, des survivals, je pourrais vous en citer des dizaines qui
avant Dying Breed ont
vu le jour. Des meilleurs (Massacre à la
Tronçonneuse,
La Colline a des Yeux
(le remake d'Alexandre Aja), La Dernière Maison
sur la Gauche (cette
fois-ci l'original de Wes Craven), aux pires dont je n'ai pas envie,
mais alors pas du tout envie de faire la promo !
L’œuvre
de Jody Dwyer se situe pile au milieu du meilleur et du pire du
genre, mais avec une sacrée tare aux fesses : sa date de
sortie. 2008, c'est bien trop tard. Tout ayant déjà été dit,
surtout avec l'admirable (et parfois injustement boudé) Vinyan
du belge Fabrice du Welz sorti la même année. On ne regardera donc
Dying Breed qu'avec
l'immense espoir de découvrir là, le renouveau d'un genre qui a
connu beaucoup plus de pertes que de victoires. Un long-métrage à
l'attention de toutes celles et ceux qui ignorent tout ou partie des
œuvres citées plus haut.
Sans
le vouloir, en signant Dying Breed,
Jody Dwyer a anticipé une découverte faite cinq ans plus tard en
Tasmanie : des traces de la présence de plusieurs individus de
l'espèce Thylacine, que le film exploite sous son nom le plus
commun, le Tigre de Tasmanie, un mammifère marsupial dont l'espèce
est supposée éteinte. C'est en partie le sujet qu'à choisi de
traiter le cinéaste. Mais comme dans tout bon (ou mauvais) survival,
la machinerie va s'enrayer et nos quatre protagonistes tout frais
débarqués de la ville vont devoir payer leur billet d'entrée pour
l'Enfer. Et l'Enfer, c'est cette jungle au vert visage barré par une
longue rivière menant à un immense barrage au sommet duquel une
silhouette inquiétante se profile. Jody Dwyer a le sens de la mise
en scène lorsqu'il s'agit de plomber l'ambiance. Une traversée de
la rivière en bateau pneumatique refroidissant nos quatre
conquérants. Des arbres morts, un climat délétère et pas un
bruit. Et surtout, au cœur de la forêt, ceux que l'on attendait :
les dégénérés promis sont peut-être, c'est vrai, moins amochés
que ceux de Wrong Turn,
mais c'est justement ce qui les rend plus flippants. S'ils
apparaissent effectivement comme des bouseux arriérés, ils font
encore partie de cette humanité leur accordant le droit de vivre
(quand les ancêtres de ceux de Wrong Turn
auraient mieux fait de noyer leur progéniture). D'un côté, nous
avons des citadins et parmi eux, le crétin de service. Celui dont on
ne regrette jamais la funeste conclusion. De l'autre, quelques
portraits gratinés d'un civilisation à la dérive. Surtout cette
femme qui de manière nonchalante tue une portée de chiots entière
à coups de marteau.
Dying Breed ménage
quelques sympathiques effets gore mais « tue » sa
créature aussi rapidement qu'elle nous était apparue. Curieuse
décision d'un cinéaste digérant plusieurs sources d'inspiration.
On s'intéresse peu à ses personnages. Leur mort nous laisse donc
indifférents. On a tant et si bien l'impression d'archives piochées
ça et là dans des dizaines d'autres survivals que suivre les
aventures de Nina, Jack, Matt et Rebecca apparaît finalement assez
ennuyeux. Dying Breed n'est
pourtant pas une grosse déception puisque de toute manière, je n'en
attendais rien d'innovant. A voir si l'on n'a rien de mieux à se
mettre sous la dent en attendant...
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