Distribué par la célèbre firme Troma Entertainment, Daddy's
Deadly Darling (connu également sous
le titre Pigs)
soutient difficilement la comparaison avec des œuvres tout aussi
poisseuses que Massacre à la
Tronçonneuse ou Deranged:
Confessions of a Necrophile (tout deux
inspirés du cas Ed Gein), et pourtant, le film de Marc Lawrence
demeure dans le genre l'un des ancêtres puisque réalisé deux ans
plus tôt. On ne reviendra pas sur le micro-budget qui servit à
donner vie à cette bobine assez crade et morbide qui ressemble en
fait davantage à Eaten Alive
que réalisa le cinéaste Tobe Hooper en 1977 qu'aux films cités
plus haut. En effet, si l'intrigue de ce dernier était centrée sur
le personnage totalement timbré incarné par l’hallucinant Neville
Brand, lequel jetait les cadavres de ses victimes dans l'étang où
vivait un crocodile affamé, celle de Daddy's
Deadly Darling tourne
avant tout autour de Zambrini, ancien article de cirque vivant dans
un lieu reculé de l'Amérique profonde. Un bled paumé, sauvage.
Deux ou trois vieilles bicoques dont l'une est habitée par deux
vieilles demoiselles effrayées par les cris nocturnes des cochons de
Zambrini. Des légendes parcourent la campagne. Celui que l'on dit
fou aurait tué à plusieurs reprises puis aurait donné à manger
les cadavres de ses victimes à sa dizaine de cochons.
C'est
là qu'intervient la jeune Lynn. Au volant d'un véhicule volé, la
jeune femme débarque dans la ferme (servant accessoirement de
bar-restaurant) de Zambrini, lequel cherche une serveuse. Lynn
s'installe alors dans l'une des chambres de la propriété. Les
bouseux du coin ne tardent pas à s'apercevoir de la présence d'un
nouveau visages dans les parages. D'autant plus que Lynn est assez
jolie. L'un des clients lui_met le grappin dessus et lui propose de
sortir le soir même. Lynn accepte mais lorsque l'homme devient trop
entreprenant au gout de la jeune femme, celle-ci profite du passage
du shérif dans le coin pour se faire ramener à la ferme. Le
lendemain soir, pour se faire pardonner sa réaction, elle invite
dans sa chambre celui qui l'emmena en virée la veille. Celui-ci
tombe en fait dans un piège et Lynn le tue à coups de rasoir. C'est
là que débarque Zambrini qui offre alors à Lynn l'opportunité de
se débarrasser du cadavre en le donnant à manger aux cochons. La
vie reprend son cours, mais malheureusement, la disparition de
l'homme éveille des soupçons et bientôt alerté par les collègues
de travail du disparu, le shérif commence à s'intéresser à
Lynn...
Écrit,
produit, réalisé et interprété par Marc Lawrence (celui-ci
interprète ici le personnage de Zambrini), Daddy's
Deadly Darling est
une minuscule production dont l'un des principaux attraits demeure
dans son ambiance. Mix entre le Psychose
d'Alfred Hitchcock et le Deranged
de Jeff Gillen à venir, le film aborde diverses thématique dont
l'inceste n'est pas des moindre. Sans que le sujet ne soit jamais
ouvertement évoqué, on sent bien que le passé de la jeune Lynn a
eu des conséquences sur son comportement actuel. Évadée d'un hôpital psychiatrique, celle dont on pensait qu'elle allait terminée
dans l'auge des cochon s'avère en réalité la créature la plus
perturbante de Daddy's
Deadly Darling.
Si l’œuvre dégage un tel sentiment de malaise, c'est très
certainement aussi parce que Marc Lawrence filme ses meurtres de
manière assez étonnante. Des cadrages bizarres dont se souviendra
certainement Tobe Hooper au moment de réaliser Massacre
à la Tronçonneuse.
Il n'y a pas vraiment de héros ici. Bien que Zambrini agisse comme
un père protecteur (il est d'ailleurs amusant de noter que le
personnage de Lynn est interprété par la propre fille du cinéaste,
Toni Lawrence), sa folie latente l'empêche d'entrer dans le cadre
du héros défendant la veuve et l'orphelin. Lynn également. Plutôt
jolie et souriante, elle rebute lorsque arrive le moment de commettre
un meurtre. Quant aux autres habitants du coin, ils demeurent tous
parfaitement antipathiques. Même le shérif est curieux. Pas de quoi
avoir envie de trainer dans le coin, donc.
Daddy's
Deadly Darling n'est
en soit pas une totale réussite mais les amateurs d’œuvres
déviantes risquent d'y trouver largement leur compte. Encore faut-il
faire abstraction des défauts qui émaillent l’œuvre de Marc
Lawrence. Une curiosité assez rare pour qu'on lui accorde un minimum d'intérêt...
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