Le portier de l'illuste
hôtel Atlantic fait la fierté des habitants du quartier où il
loge. Admiré et sans cesse reconnu comme un homme important, il est
cependant dans la ligne de mire du directeur de l'hôtel qui l'épie
afin de le démettre de ses fonctions. Lorsqu'un jour il découvre
son employé affalé sur un siège, passablement éméché, le
directeur le convoque dans son bureau et lui signifie sa
rétrogradation. Prétextant la sénilité du vieil homme, il
l'oblige à lui remettre son uniforme de portier et l'envoie
s'occuper de l'entretien des toilettes.
Une humiliation pour cet
homme qui va devoir faire face au regard des habitants de son
quartier. Mais, décidé à cacher ses nouvelles fonctions, il dérobe
le soir-même le costume qui faisait sa fierté. Malheureusement
pour lui, l'une de ses voisines, venue lui apporter son déjeuner à
l'entrée de l'hôtel le lendemain midi, constate qu'il a été
remplacé dans ses fonctions. La vieille femme est accompagnée
jusqu'aux portes des toilettes où là, elle observe la présence de
l'ancien portier. Se précipitant alors chez elle, elle répète à
qui veut l'entendre ce qu'elle a découvert.
L'ancien portier, déjà
dérouté par l'humiliation dont il est victime, est loin de se
douter des railleries dont il va faire l'objet lorsqu'il rentrera le
soir-même...
Plus connu pour ses œuvres fantastiques Nosferatu Le Vampire et
Faust, Une Légende Allemande, Friedrich
Wilhelm Murnau signe avec ce Dernier Des
Hommes un véritable pamphlet sur
l'apparences et l'hypocrisie. A lui seul, l'uniforme de ce portier
représente la fierté de tout un quartier et la reconnaissance des
clients bourgeois d'un hôtel de luxe. Quand vient la déchéance,
c'est la chute vertigineuse et presque mortel d'un individu qui
jusque là n'était attaché qu'à l'image qu'il renvoyait à ses
semblables.
Entre le fourmillement de
l'hôtel et le silence, la solitude et l'insensibilité des clients
dont est victime le vieil homme déchu naît un contraste saisissant.
Les jeux de caméra sont peut-être les éléments les plus marquants
dans cette œuvre visuellement impressionnante. Plongées et
contre-plongées marquant le poids de la charge du héros et de son
importance au sein de l'établissement. Visuels hypnotiques et filmés
à la première personne afin d'accentuer les conséquences du drame
terrible que le héros n'arrive pas à assumer. D'autres effets
accentuent un modernisme déjà très présent comme l'extraordinaire
(mais trop courte) scène durant laquelle l'hôtel semble s'effondrer
sur l'ancien portier.
A noter la quasi
inexistence d'intertitres qui n'empêche cependant jamais la pleine
compréhension du récit. Quand à l'interprétation du personnage
principal par l'acteur Emil Jannings, elle est à elle seul une
justification au terme de chef-d’œuvre lorsqu'il s'agit d'évaluer
le niveau du film. Friedrich Wilhelm Murnau
réalise avec Le Dernier Des Hommes
une œuvre monumentale, visuellement effarante et d'une teneur
émotionnelle rare...
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