En attendant de produire
un article digne d'intérêt consacré à High-Rise de
Ben Weathley, j'ai décidé de réserver celui-ci à Médecin
de Campagne. « Un pas en avant, deux pas en
arrière ». C'est un peu dans cet état d'esprit que je me
suis lancé dans le visionnage de ce long-métrage signé Thomas
Lilti qui pour moi demeurait jusqu'à maintenant un parfait inconnu.
En découvrant la bande-annonce, j'avais le sentiment que le film ne
serait qu'une comédie comme il en existe tant d'autres. De celles
qui confrontent deux univers. Deux chocs culturels. Deux manières
d'aborder la vie. J'en ressors avec le sentiment d'avoir échappé à
tout ce que je redoutais. Car s'il y a bien un film qui mérite notre
attention et qui, sans totalement fuir ses responsabilités d’œuvre
partiellement humoristique, parvient à nous rendre attachants ses
personnages et leur cadre de vie sans pour autant nous noyer dans un
flot ininterrompu de clichés, c'est bien celui-ci. Médecin
de Campagne n'est
peut-être pas le film du siècle ni celui de la décennie, il est
sans conteste l'un des plus réussis de cette année 2016.
Que
l'on adhère ou pas à cette perspective, rien ni personne ne peut
nier que la présence des excellents François Cluzet et Marianne
Denicourt en soit la principale cause. Lui, est ce médecin de
campagne, considéré comme l'un des plus importants acteurs dans la
vie de ce petit village paysan français. Elle, est celle que lui a
envoyé un proche collègue qui a décelé chez lui une tumeur du
cerveau. Bien sûr, les stéréotypes d'usage vont bon train. Surtout
au commencement. Entre Jean-Pierre Werner qui voit d'un œil
modérément positif l'arrivée du docteur Nathalie Delezia, et elle
qui tente de se fondre dans un paysage qu'il a mis tant de temps à
façonner, le contact est rude. Mais finalement, pas aussi dur qu'on
aurait pu le craindre. Car le propos de Médecin
de Campagne ne
se situe en réalité pas à ce niveau. Nous ne sommes pas vraiment
en face d'une œuvre qui voudrait absolument jouer avec les codes du
genre pour n'en extraire qu'un sujet maintes fois évoqué par le
passé.
Médecin de
Campagne est
avant un long-métrage d'une grande humanité, VECU par des
personnage eux-mêmes, très humains. Thomas Lilti ne cherche
absolument pas à créer une œuvre divertissante. Et cela, François
Cluzet et Marianne Denicourt semblent l'avoir compris. L'une des
grandes forces du film est d'accompagner du début jusqu'à la fin
des personnages secondaires devenant finalement au fil du récit
d'une importance considérable dans le développement de ses
principaux interprètes. Entre l'accompagnement de Monsieur Sorlat,
vieil homme dont les jours sont comptés (le formidable Guy Faucher)
et Alexis (le très attachant Yohann Goetzmann), jeune homme affligé
d'un retard mental, ce sont les rapports entre ces patients et leurs
médecins qui cimentent la personnalité de ces derniers.
La
mise en scène est irréprochable. A aucun moment nous n'avons
l'impression que la campagne et ses habitants soient traités de
manière absurde ou irrespectueuse. François Cluzet a ce grand
talent d'interpréter un personnage malade sans que cela ne passe par
un comportement outré qui le décrédibiliserait. Marianne Denicourt
campe quant à elle un tout nouveau médecin de la ville s'intégrant
avec une très grande finesse dans un univers où les codes en
matière de pratiques médicales sont sensiblement différents des
nôtres. Médecin de Campagne est
donc une totale réussite...
J'aime beaucoup Cluzet... je ne ferai sans doute pas l'effort de louer ce film mais s'il passe à la télé, je me souviendrai de ta critique pour me rappeler de le regarder.
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