« Jubilatoire »,
« A hurler de rire », « Luchini
Désopilant », « Binoche Géniale »,
« Formidablement drôle »... voici donc quelques
informations distillées par les médias et repris sur l'affiche du
film Ma Loute, le dernier long-métrage du cinéaste
français Bruno Dumont. Presse et public n'ayant pas l'air d'avoir
apprécié le film de la même façon, j'ai voulu découvrir par
moi-même à quoi pouvait ressembler le film du cinéaste qui signa
deux ans plus tôt la première saison d'une série particulièrement
barrée : P'tit Quinquin. De toute évidence, ceux
qui ont apprécié celle-ci doivent avoir forcément aimé le film.
Comme ceux qui ont détesté Ma Loute n'ont sans doute
pas été jusqu'au bout de P'tit Quinquin.
Ce qui d'une certaines façon est plutôt logique puisque les deux
univers décrit y sont pratiquement identiques. J'imagine encore
certains grincer des dents devant des personnages qu'ils auront tôt
fait de trouver caricaturaux, ou pire encore, maltraités par un
cinéaste qui se moque de ses interprètes amateurs. Sauf que Bruno
Dumont n'est certainement pas de ces hommes qui se servent de la
naïveté de certains pour en faire son beurre et se moquer d'eux
devant sa caméra.
Le
cinéaste ne fait que projeter une réalité. Cette des habitants du
nord de la France. Et notamment ceux vivant à la campagne. Avec leur
accent à couper au couteau et leur façon d'aborder la vie
différemment des citadins. Pourtant, contrairement à P'tit
Quinquin
on note une différence de taille. L'arrivée dans ces beaux paysages
de la Côte d'Opale, région côtière française située entre la
baie de Somme et la côte belge, d'une famille bourgeoise dont la
caractérisation est poussée ici à son paroxysme. On pourrait avoir
le sentiment d'un Bruno Dumont frileux depuis les remarques infondées
de certains critiques à l'époque de la diffusion de P'tit
Quinquin.
Pourtant, il n'en est rien. Et la meilleure preuve se situe au cœur
même de cette famille paysanne qu'il rend encore plus primaire que
celles de sa série puisque ses personnages ne sont plus seulement
des individus incultes, incivilisés, bas du front et à la limite de
la débilité. Ils sont désormais tout ceci mais bien pire encore :
la famille du jeune garçon auquel donne son nom le film est sevrée
à la viande humaine. Car si le scénario ne cesse de prendre des
chemins de traverses, il s'agit bien de l'histoire d'une famille de
cannibale se rendant responsable d'une série de disparitions
débouchant sur une enquête menée par deux flics improbables. Un
couple de Laurel et Hardy à peine capable de former une phrases
complète, surtout lorsqu'il s'agit du personnage campé par Didier
Despres dont les talents d'acteurs ne valent certainement pas
davantage que ceux de l'interprète principal de P'tit
Quinquin,
Bernard Pruvost (auquel on soufflait les répliques dans une
oreillette).
Au
milieu d'un groupe d'amateurs, trois grands noms du cinéma
français : Juliette Binoche, Valéria Bruni Tedeschi et surtout
Fabrice Luchini. De ce dernier on retiendra son incroyable
interprétation du personnage d'André Van Peteghem. Alors qu'il a
toujours été choisi pour ses talents d'orateur, voici que Bruno
Dumont en fait un individu replié PHYSIQUEMENT sur lui-même. Il est
aussi l'ultime reflet caricatural du bourgeois : sur maniéré,
détenteur d'un accent aristocratique dans lequel transpirent le
lucre, la suffisance et le mépris pour les gens de condition plus
modeste, il prouve cependant à plusieurs reprises un certaine sens
de la modestie face à ce mari qu'il estime représenter la
« quintessence de la beauté ». On a pourtant parfois
l'impression d'un homme face à la cage d'un singe enfermé derrière
des barreaux et pour lequel il ressent une sorte d'exaltation devant
cette bête qu'il découvre pour la première fois.
Juliette
Binoche quant à elle pousse encore davantage le trait. Plus proche
de la caricature péjorative de la bourgeoise arrogante, elle en fait
des tonnes, jusqu'à théâtraliser le drame qui la touche lors d'une
scène remarquablement interprétée face à un Luchini/Van Peteghem
abasourdi. Outre les présences à l'écran de Valéria Bruni
Tedeschi, Jean-Luc Vincent et Brandon Lavieville, c'est la jeune et
androgyne actrice Raph qui dans le rôle de Billie Van Peteghem ne
cesse de nous intriguer. Sans jamais véritablement dévoiler son
identité sexuelle, elle campe un personnage touchant et
véritablement troublant. Quant à l'histoire en elle-même, c'est du
Dumont. Rien ne s'y déroule comme l'on pourrait s'y attendre. Mais
le véritable propos n'étant pas là, il faut simplement se laisser
guider par la folle inspiration du cinéaste. Seul petit reproche que
l'on pourrait faire au film : sa durée. Il aurait mérité
d'être un poil plus court car certaines scènes redondantes traînent
le film en longueur...
P'tit Quinquin, un ovni dans le ciel télévisuel français ! Je me réjouis d'en voir la deuxième saison (si c'est toujours d'actualité). Pour Ma Loute, c'est certain qu'on se le visionnera un jour ou l'autre (en revanche, qu'est-ce qu'il m'avait ennuyé sur Siberie, dont j'ai parlé ailleurs) ! Rien que pour découvrir ces flics Laurel et Hardy et un Lucchini à contre-emploi. Binoche, ça va être trrrrrèèèèès dur, je ne la supporte pas, c'est épidermique (je lui trouve une certaine vulgarité - d'ailleurs elle me fait penser à la Maire de ma ville - et l'associe même à la vulgarité de Clémentine Célarié).
RépondreSupprimerrien que pour voir les paysages de mon chez moi francais je vais le regarder =D
RépondreSupprimerptit quinquin c'etait genial et ca collait tellement a ma region ahahaha
bon je rectifie c'est le pas de calais et pas le nôôôôrd hu hu hu (j'y tiens)
lucchini de toutes facons j'adore
j'ai qd meme hate de voir ce film
Et voilà, on l'a vu !!! Même Juliette Bidoche est passée sans problème - disons qu'elle n'a pas trop à jouer la conne insupportable, même si comme tu dis, elle frise la caricature, mais qui ne la frise pas dans ce film (je parle des acteurs professionnels). J'ai bien ri, à plusieurs reprises : évidemment, P'tit Quinquin bénéficiait de l'avantage de la surprise, et donc, Ma Loute a un petit côté redite.
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