Alors que trois de ses
filles ont disparu, l'ancien flic devenu proxénète Jung-Ho décide
de suivre l'une d'entre elles, Kim Mi-Jin, lorsqu'il s'aperçoit
qu'elle a accepté de suivre un client réputé dangereux. Jung-Ho
appelle la jeune femme au téléphone alors qu'elle est déjà en
compagnie de son client et lui demande de lui fournir l'adresse de
celui-ci dès qu'ils seront arrivés chez lui. Une fois entrée dans
la demeure du client, Kim Mi-Jin s'aperçoit que le réseau
téléphonique ne passe pas et qu'elle ne peut envoyer le message qui
permettra à Jung-Ho de la retrouver.
Mais alors que ce dernier
pense que le client avec lequel est Kim Mi-Jin revend ses filles à
prix fort, l'homme est en réalité un tueur en série
particulièrement dangereux. Enfermé dans sa salle de bain, Ji
Young-Min saisit un couteau et un burin et tente de tuer la jeune
femme à plusieurs reprises. Lorsqu'il arrive à ses fins, on sonne à
la porte. Un couple vient s'enquérir de l'état de santé du vieil
homme qui habite ici et qui n'a pas donné de nouvelles depuis
longtemps. La maison n'appartenant pas à Ji Young-Min, le jeune
homme invite le couple à entrer à l'intérieur et les tue. Pour ne
pas éveiller les soupçons sur lui, il monte dans le véhicule du
couple pour l'éloigner de la demeure mais croise la route de
Jung-Ho, toujours à la recherche de Kim Mi-Jin. Lorsque le
proxénète constate que la chemine de l'homme qu'il a en face de lui
est tâchée de sang, il comprend qu'il a à faire au client de la
jeune femme. Acculé, ce dernier prend la fuite mais est très vite
rattrapé par Jung-Ho. L'ancien flic maîtrise le suspect jusqu'au
moment où une patrouille approche et lui demande ses papiers...
Alors que son troisième long-métrage, The Strangers, sorti le 6 juillet dernier,
s'est déjà fait une belle réputation, c'est l'occasion de revenir
sur les deux premiers films de Na Hong-Jin, The Chaser et
The Murderer, deux joyaux noirs, deux exceptionnels
thrillers sud-coréens. Pour commencer, donc, The Chaser.
Sorti en 2008, il s'agit du premier long-métrage. Si le scénario
est de Na Hong-jin lui-même mais aussi de Lee Shinho et Hong
Won-Chan, le film s'articule autour d'un fait divers authentique,
celui qui toucha la Corée du sud dans les années 2000. Yoo
Young-chul, qui fut l'un des rares citoyens du pays à être
condamné à la peine de mort, reconnu avoir tué vingt-six personnes
avec la ferme intention d'atteindre le nombre vertigineux de cent. Il
s'attaquait essentiellement à des hôtesses de bar, des masseuses et
des prostituées. Le cinéaste Na Hong-Jin se réapproprie donc le
sujet et fait de The Chaser un authentique chef-d’œuvre
du cinéma asiatique en général et du thriller sud-coréen en
particulier.
On peut distinguer chez
le spectateur, plusieurs états d'esprit à la vision du film. Entre
angoisse, sourire et effroi, le film est un modèle du film de
« serial-killers » et n'a rien à envier à ses
homologues américains. La tension est palpable dès les premiers
instants. Na Hong-Jin nous plonge dans une horreur que très
rarement les films du genre parviennent à atteindre. Si le suspens
de The Chaser se
révèle parfois d'une ampleur inattendue, il est de temps en temps
contrecarré par des scènes absurdes le désamorçant (les passages
consacrés aux mésaventures du maire de la ville).
The Chaser est
une chasse à l'homme urbaine magistralement mise en scène. En
première ligne, les acteurs Kim Yoon-Seok et Ha Jeong-Woo
(respectivement, le proxénète et le tueur en série) font un
travail remarquables. Le film est parfois d'un pessimisme extrême.
Rarement l'on aura ressenti notre impuissance à agir face aux
monstruosités perpétrées par le tueur dont le visage angélique
accentue encore davantage l'horreur de ses actes. Alors qu'on
s'attend toujours avec un minimum d'espoir que la quête de Jung-Ho
pour retrouver Kim Mi-Jin finisse sous les meilleurs augures, on a
parfois l'impression d'entendre le rire sournois de Na Hong-Jin,
démontrant ainsi que le seul maître à bord, c'est lui. Pour un
premier film, The Chaser
laisse le spectateur pantois d'admiration. Il le laisse surtout sur
les genoux. N'oublions pas non plus la superbe partition musicale de
Kim Joon-seok et Choi Yong-rak qui apporte une émotion vive à ce
classique instantané du thriller tout court. Un chef-d’œuvre...
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