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jeudi 11 août 2016

Shelley de Ali Abbasi (2016)



Louise et Kasper ont tout essayé pour avoir un enfant, mais chaque grossesse s'est soldée par la mort du bébé. Lorsqu'Elena, jeune roumaine originaire de Bucarest arrive dans la demeure du couple, elle s'étonne de n'y trouve aucun réseau d'eau potable. Louise et Kasper ont choisi de vivre simplement, loin de la civilisation, et n'ont même pas l'électricité. Elena a laissé ses parents et son fils Nicu à Bucarest. La jeune femme, dont le père de l'enfant a décidé de les abandonner tous les deux, est forcée de gagner beaucoup d'argent si elle veut pouvoir s'installer seule avec Nicu. C'est pour cela qu'elle a accepté de venir travailler au Danemark pour le compte de danois.

Lorsque Louise demande à Elena combien de temps il lui faudra pour réunir la somme nécessaire pour s'offrir un appartement, la jeune roumaine lui répond qu'il lui faudra sans doute travailler durant deux ou trois ans. Les deux femmes ayant noué de sincères relations amicales, Louise confie à Elena qu'elle n'a pas pu avoir d'enfant. Au fil de la conversation, elle lui propose un étrange marché : puisqu'elle a fait congeler plusieurs de ses ovules et qu'Elena a besoin d'argent, Louise lui propose de mettre au monde son futur bébé en échange de quoi, elle recevra suffisamment d'argent pour s'offrir un appartement et ne plus jamais avoir à travailler. Après avoir mûrement réfléchi, Elena accepte la proposition de Louise...

Shelley est l’œuvre du cinéaste d'origine iranienne, Ali Abbasi dont il semble s'agir ici du premier long-métrage. Et autant dire que le bonhomme n'a pas fait les choses à moitié puisque son film est presque une totale réussite. Je précise « presque » car d'une manière tout à fait subjective et personnelle, le film aurait mérité de s'achever au bout d'une heure et cinq minutes. Non pas qu'il ait été trop long, mais le sens des images et de l'intrigue auraient alors pris une dimension bien différente que la tournure que prennent les événements lors des vingt-cinq dernières minutes. Et si j'écris « subjective et personnelle », c'est parce qu'après tout, sans doute beaucoup se satisferont pleinement de cette « rallonge » que j'estime personnellement inutile et superficielle.

En dehors de ce menu détail qui ne nuit pas vraiment au contenu des soixante-cinq premières minutes, Shelley risque de marquer bon nombre de personnes. Pour commencer le sound designer Rune Bjerre Sand et le compositeur Martin Dirkov nous offrent un environnement musical véritablement glaçant. Une musique analogique déviante et volontairement défaillante.

L'une des grandes performances du cinéaste Ali Abbasi est d'avoir bâti à partir d'une base minimaliste, une œuvre incroyablement cauchemardesque. Ellen Dorrit Petersen (découverte l'année dernière dans le très original Blind) compose le rôle émouvant d'une femme déchirée entre son désir de bientôt pouvoir tenir son enfant dans ses bras et l'amitié qu'elle porte pour la mère-porteuse. Une mère-porteuse magnifiquement interprétée par la jeune actrice Cosmina Stratan, qui elle compose avec un rôle difficile et parfois terriblement angoissant. Le seul véritable défaut du film (outre le problème évoqué plus haut), c'est son affiche. Du moins, l'une de celles qui circulent sur la toile et qui montre la jeune Elena en ombre chinoise de couleur rouge au bas de laquelle on peut voir un landau rappelant furieusement celui du Rosemary's baby de Roman Polanski. Un choix qui malheureusement aiguille le spectateur sur une éventuelle conclusion maléfique.

Shelley est une expérience troublante, angoissante, intrigante et possédant une véritable force d'attraction et de séduction pour que l'on s'y attarde jusqu'à la dernière minutes. Une belle surprise qui laisse présager le meilleur pour le futur de son auteur...

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