Louise et Kasper ont tout
essayé pour avoir un enfant, mais chaque grossesse s'est soldée par
la mort du bébé. Lorsqu'Elena, jeune roumaine originaire de
Bucarest arrive dans la demeure du couple, elle s'étonne de n'y
trouve aucun réseau d'eau potable. Louise et Kasper ont choisi de
vivre simplement, loin de la civilisation, et n'ont même pas
l'électricité. Elena a laissé ses parents et son fils Nicu à
Bucarest. La jeune femme, dont le père de l'enfant a décidé de les
abandonner tous les deux, est forcée de gagner beaucoup d'argent si
elle veut pouvoir s'installer seule avec Nicu. C'est pour cela
qu'elle a accepté de venir travailler au Danemark pour le compte de
danois.
Lorsque Louise demande à
Elena combien de temps il lui faudra pour réunir la somme nécessaire
pour s'offrir un appartement, la jeune roumaine lui répond qu'il lui
faudra sans doute travailler durant deux ou trois ans. Les deux
femmes ayant noué de sincères relations amicales, Louise confie à
Elena qu'elle n'a pas pu avoir d'enfant. Au fil de la conversation,
elle lui propose un étrange marché : puisqu'elle a fait
congeler plusieurs de ses ovules et qu'Elena a besoin d'argent,
Louise lui propose de mettre au monde son futur bébé en échange de
quoi, elle recevra suffisamment d'argent pour s'offrir un appartement
et ne plus jamais avoir à travailler. Après avoir mûrement
réfléchi, Elena accepte la proposition de Louise...
Shelley est
l’œuvre du cinéaste d'origine iranienne, Ali Abbasi dont il
semble s'agir ici du premier long-métrage. Et autant dire que le
bonhomme n'a pas fait les choses à moitié puisque son film est
presque une totale réussite. Je précise « presque »
car d'une manière tout à fait subjective et personnelle, le film
aurait mérité de s'achever au bout d'une heure et cinq minutes. Non
pas qu'il ait été trop long, mais le sens des images et de
l'intrigue auraient alors pris une dimension bien différente que la
tournure que prennent les événements lors des vingt-cinq dernières
minutes. Et si j'écris « subjective
et personnelle », c'est parce qu'après tout, sans
doute beaucoup se satisferont pleinement de cette « rallonge »
que j'estime personnellement inutile et superficielle.
En dehors de ce menu
détail qui ne nuit pas vraiment au contenu des soixante-cinq
premières minutes, Shelley risque
de marquer bon nombre de personnes. Pour commencer le sound designer
Rune Bjerre Sand et le compositeur Martin Dirkov nous
offrent un environnement musical véritablement glaçant. Une musique
analogique déviante et volontairement défaillante.
L'une des grandes
performances du cinéaste Ali Abbasi est d'avoir bâti à partir
d'une base minimaliste, une œuvre incroyablement cauchemardesque.
Ellen Dorrit Petersen (découverte l'année dernière dans le très
original Blind) compose le rôle émouvant d'une femme
déchirée entre son désir de bientôt pouvoir tenir son enfant dans
ses bras et l'amitié qu'elle porte pour la mère-porteuse. Une
mère-porteuse magnifiquement interprétée par la jeune actrice
Cosmina Stratan, qui elle compose avec un rôle difficile et parfois
terriblement angoissant. Le seul véritable défaut du film (outre le
problème évoqué plus haut), c'est son affiche. Du moins, l'une de
celles qui circulent sur la toile et qui montre la jeune Elena en
ombre chinoise de couleur rouge au bas de laquelle on peut voir un
landau rappelant furieusement celui du Rosemary's baby
de Roman Polanski. Un choix qui malheureusement
aiguille le spectateur sur une éventuelle conclusion maléfique.
Shelley est
une expérience troublante, angoissante, intrigante et possédant une
véritable force d'attraction et de séduction pour que l'on s'y
attarde jusqu'à la dernière minutes. Une belle surprise qui laisse
présager le meilleur pour le futur de son auteur...
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