Alors qu'il a perdu son
emploi d'ingénieur dans une usine basée à Créteil, Gérard doit
élever seul son fils Pierrot depuis que son épouse l'a quitté. Un
jour, il fait la connaissance de la belle Valérie, puéricultrice
exerçant dans une crèche. Elle qui devait partir pour la Tunisie
avec un certain Michel fait le choix de rester en France aux côtés
de Gérard chez qui elle vient s'installer. Petit à petit, la jeune
femme s'attache à Gérard, et surtout à Pierrot pour lequel elle
commence à éprouver des sentiments maternels.
Gérard a beau proposer à
Valérie de sortir, elle préfère rester enfermée dans
l'appartement, effrayée par le monde moderne et sa violence. Cette
jeune femme sans passé va malheureusement découvrir que celui pour
lequel elle a abandonné son projet de départ n''est qu'un homme
égoïste, préoccupé par son seul plaisir et n'ayant d'autre
intérêt que celui qu'il a développé pour son fils, objet de
toutes les attentions. Elle peut heureusement compter sur l'amitié
de Gabrielle, l'ex-femme de Gérard, ainsi que sur Michel qui accepte
malgré sa déconvenue de venir lui rendre visite dès qu'elle en
éprouve le besoin...
Inséré entre La
Grande Bouffe et Touche Pas à la Femme Blanche,
sortis respectivement en 1973 et 1974, et Rêve de Singe
en 1977, La Dernière Femme met en scène l'une des
plus belles actrices italiennes de tous les temps et l'acteur
français le plus charismatique des années soixante-dix quatre-vingt
dans un film acerbe, brutal, parfois primaire mais d'une poésie
morbide dont le clou final a sans doute marqué les esprits de tous
ceux qui vécurent cette expérience lors de sa sortie en 1976.
Gérard Depardieu et Ornella Muti... Couple improbable ou duo
dénonçant merveilleusement à travers cette satire sociale le
caractère paranoïaque que prennent les événements dans une cité
de béton aliénante ? D'un côté la bête, fragile, blessée
par l'abandon dont elle a fait l'objet, ne pouvant que se rattacher à
son seul lien avec son passé d'époux: son fils. LEUR fils... à
Gabrielle et lui. Une Gabrielle interprétée par l'actrice Zouzou.
Une femme adhérant en tout point au MLF, le Mouvement de
libération des femmes,
face à la médiocrité du comportement de Gérard. Car le cinéaste
Marco Ferreri ne décrit pas un homme qui s'est abandonné à
l'orgueil du mal mais explore l'âme tourmentée d'un individu qui
laisse éclater sa nature profonde.
Et
puis, face à lui, Ornella Muti. Cette admirable personne au regard
bleu, profond, pénétrant... Sans attaches, amoureuse, apeurée,
l'âme d'une mère qu'elle ne sera peut-être jamais, celle qu'elle
incarne a la pureté, l'innocence et la naïveté de son âge
(lorsque l'actrice accepte de se mettre à nu (dans tous les sens du
terme), elle n'a alors que vingt et un ans). Trimballant leur
silhouette dénudée une bonne moitié du film, Gérard et Ornella
sont sublimes, jamais choquant, provoquant un trouble renforcé par
le climat étouffant consécutif aux frontières d'un décor étriqué
représenté par ce seul appartement. Un couple s'enfermant dans leur
amour-haine pendant que dehors, l'homme tente de survivre à ce monde
froid et impénétrable auquel, visiblement, Valérie tente par tous
les moyens d'échapper (son refus de sortir sur invitation de
Gérard).
Les
relations sexuelles entre nos deux héros auraient pu prendre une
forme beaucoup moins séduisantes (lorsque l'on a vu La
Grande Bouffe
et les réactions disproportionnées du public et de la presse, on
pouvait s'attendre au pire), mais Marco Ferreri, derrière sa nocive
réputation de cinéaste dénué de raffinement arrive parfois à
rendre l'acte d'une beauté inouie. Pour preuve, l'inoubliable scène
durant laquelle, Valérie, Pierrot et Gérard sont filmés nus, en
ombre chinoise. Malgré la radicalité de certains propos, n'en
déplaise à certains, La Dernière Femme est
un vrai grand film. A découvrir absolument...
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