Alors qu'ils
s'attendaient à donner une représentation dans une salle de
concert, les membres du groupe punk « The Ain’t Rights »
s'entendent dire qu'ils devront se contenter d'un restaurant où ils
n'empocheront finalement que six dollars chacun. Pour réparer cet
affront, Tad, qui les a convié à une interview pour la radio d'un
campus, leur propose de se rendre dans une salle de concert à
proximité de Portland où ils repartiront cette fois-ci avec trois
cent cinquante dollars. Le seul hic, c'est que l'endroit est
exclusivement fréquenté par des nazis. Ne voulant pas rentrer
bredouille, ils acceptent le contrat.
Une fois sur place, Sam,
Pat, et les autres interprètent quelques titres de leur répertoire
et notamment une chanson qui provoque le mécontentement du public.
Pourtant, à part quelques jets de bouteilles en leur direction, tout
se passe bien. Du moins jusqu'à ce qu'ils retournent dans leur loge.
Là, ils y découvrent une scène de meurtre. Une jeune femme y a en
effet été poignardée et les membres du groupe deviennent alors des
témoins gênants. Gabe, l'organisateur du concert téléphone alors
à Darcy, accessoirement propriétaire des lieux et lui aussi membre
du mouvement nazi...
Après avoir réalisé un
Blue Ruin plutôt convainquant, le cinéaste et scénariste
américain Jeremy Saulnier nous revient deux ans plus tard avec un
film particulièrement efficace. Green Room est un
survival qui nous change des sempiternels tueurs en série ou
familles de dégénérés qui pullulent au cinéma. Cette fois-ci, il
s'agit d'un groupe de punk pris à parti avec des crânes rasés
suite à un meurtre commis dans la fameuse Green Room des artistes.
D'abord séquestrés, puis volontairement enfermés dans la seule
pièce reflétant leur unique planche de salut, Pat et ses compagnons
vont vivre un véritable enfer le temps d'une nuit. Tout d'abord
armés d'un simple cutter et d'un revolver, il vont devoir faire face
à un groupe de « lacets rouges » rompus à la
tâche de « nettoyeurs ».
Green Room
est une œuvre d'une exceptionnelle brutalité. Apparemment, Jeremy
Saulnier n'a absolument pas l'intention de plaisanter avec son sujet.
Tout d'abord, ses héros n'ont rien de particulièrement attachants.
On ne sympathise pas forcément avec ce groupe de musiciens qui
siphonne les réservoirs des voitures pour récupérer un peu
d'essence et qui produit une musique « primaire ».
Ni davantage pour leurs opposants, de fieffés abrutis qui n'ont
d'intérêt pour les noirs que la drogue que ces derniers leur
fourni. Si le cinéaste parvient à rendre palpable la terreur et
l'angoisse, c'est bien sûr grâce à sa maîtrise du sujet mais
aussi par son choix d'interprètes. Et avant tout par celui de
l'acteur Patrick
Stewart, l'adorable Capitaine Jean-Luc Picard de la série
Star Trek
qui campe ici un chef des nazis froid et dont le calme apparent est
véritablement la clé de la peur qui s'insinue chez les spectateurs
tandis que les personnages eux sont davantage inquiets à l'idée de
sortir du bunker les pieds devant (c'est une évidence), mais
également de n'avoir pas d'issue leur permettant d'échapper à
leurs poursuivants.
Green
Room,
c'est également des meurtres d'une grande brutalité, à l'image de
la bande-son hardcore qui nimbe l'ambiance dans un nuage de sueur, de
sang et de fureur. On en ressort lessivés et convaincus que
l'humanité a totalement déserté le plateau à part l'émouvant
plan de ce chien (qui pourtant a fait des dégâts) déposant sa
gueule sur le bras de son maître fraîchement plombé de plusieurs
balles. Jeremy Saulnier signe une petite bombe qui renouvelle à sa
manière le genre « survival ».
Une œuvre tribale, saignante et radicale...
j'écrivais que je n'avais pas été emporté par Blue Ruin (je crois que Fred l'a plus apprécié que moi) mais ce que tu dis de Green Room me donne bien envie d'y aller jeter un coup d'oeil.
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