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vendredi 22 juillet 2016

Drive de Nicolas Winding Refn (2011)



Driver est un jeune homme solitaire qui cumule les emplois de mécanicien et de cascadeur. Il lui arrive parfois d'accepter des contrats pour le compte de malfrats. Shannon, son employeur aimerait se faire un paquet de fric en le faisant concourir dans des courses automobiles mais il a pour cela besoin de beaucoup d'argent. C'est ainsi que le vieil homme contacte Bernie Rose, un mafieux que Shannon connaît depuis des années. Un certain Nino est lui aussi de la partie et accepte de financer le projet. Shannon connaît très bien cette canaille pour avoir eu la jambe brisée par ses soins lors d'une vieille affaire qui a mal tourné.

Driver croise un jour la route d'Irene et de son fils Benicio, ses voisins. L'époux de la jeune femme est en prison mais sa sortie est prévue dans une semaine. Alors que Driver et Irene sympathisent et que le cascadeur apprécie de plus en plus le contact de la mère et de son enfant, peu de temps après la sortie de prison de Standard, son mari, Driver le trouve gisant dans son sang, victime d'une agression perpétrée par deux types qui l'ont protégé en prison. Driver apprend que l'ex-taulard ne se sortira de cette situation que s'il accepte de participer à un braquage. Les vies d'Irene et de Benicio étant menacées, Driver propose à Standard de l'aider à réaliser ce coup en échange d'une unique condition : qu'Irene et son fils ne soient plus menacés. Mais rien ne va se dérouler comme prévu.

La trilogie Pusher, Bronson, Bleeder et désormais Drive... Le cinéaste danois Nicolas Winding Refn nous a habitués à un cinéma « coup de poing ». Drive s'inscrit dans une logique implacable. Un cinéma divertissant, cruel et beau à la fois. Une esthétique électrisante, une émotion palpable, de celle qui manque malheureusement trop souvent à ce genre de productions. Une romance qui avance à pas feutrés pour ce personnage énigmatique, troublant, réservé, économe lorsqu'il s'agit d'exprimer son ressenti. Jusqu'à maintenant je ne connaissais de l'acteur-réalisateur que son remarquable premier film en tant que cinéaste (Lost River). Mais à le découvrir dans ce puissant long-métrage signé d'un cinéaste décidément plein de talent et de surprise, l'envie de défricher sa filmographie se fait de plus en plus pressante. Ryan Gosling, car c'est bien de lui dont on parle ici, est simplement prodigieux de retenue. Une vraie gueule d'ange. Posé, son personnage ne s'exprime presque uniquement que par bribes, une économie qui se cache sans doute par la volonté de voiler sa véritable personnalité.

Tourné deux ans après le très austère et intérieur Le Guerrier silencieux, Valhalla Rising, Driver, malgré les apparences et le milieu dans lequel évolue son principal personnage, peut se voir comme le bilan d'une œuvre déjà importante. Nicolas Winding Refn y injecte une bonne dose de criminalité. Les malfrats de Driver ne sont-ils pas effectivement les « cousins » des Milo, Radovan, Frank et Tonny des différents volets de Pusher ? Mais désormais, Hollywood nimbe de ce second film tourné aux États-Unis d'une esthétique propre et glaçante quand auparavant, le réalisme participait grandement à l'intrigue. Toujours aussi spectaculaire et sanglant, le cinéma de Winding Refn continue de ménager quelques scènes graphiquement très impressionnantes. Entre le visage d'une jeune femme qui explose à l'impact d'une balle de fusil à pompe et celui d'un malfrat réduit en bouillie par Driver dans une cage d'ascenseur, le film se révèle parfois très gore.

Nicolas Winding Refn emprunte à son Guerrier silencieux... la « sécheresse » de certains dialogues, renforçant si besoin était l'aura et le mystère qui entoure le personnage de Driver. Froid et sombre comme le cinéma de Michael Mann ou celui de William Friedkin, Drive ménage pourtant quelques moments de pure émotion. Une partie du génie du cinéaste se trouve effectivement dans son approche esthétique. A l'image du premier et seul baiser échangé entre Driver et Irene (Carey Mulligan) d'une beauté renversante, entre jeux de lumière et placement des interprètes, le spectateur et touché ! En plein cœur...

Si l'on a toujours apprécié l'aspect « amateur » et underground » du cinéaste, son cinéma y a très certainement gagné en maturité en déplaçant ses intrigues sur le continent américain. Si ce bouleversement géographique n'a pas toujours réussi aux réalisateurs, à Winding Refn et à son cinéma, cela a fait un bien fou. Drive est sans nul doute l'un de ses deux ou trois meilleurs films. Une claque. Ryan Gosling y est impérial, aidé en cela par de solides interprètes. Bryan Cranston, Albert Brooks, le jeune Kaden Leos ou Ron Perlman pour ne citer qu'eux...

1 commentaire:

  1. Après Pusher, Le Guerrier Silencieux, et même Lost River (vu que tu en parles), cinq films que j'ai beaucoup aimé, dont quatre que tu m'as fait connaître, Fred et Moi passerions bien par Drive.

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