Driver est un jeune homme
solitaire qui cumule les emplois de mécanicien et de cascadeur. Il
lui arrive parfois d'accepter des contrats pour le compte de
malfrats. Shannon, son employeur aimerait se faire un paquet de fric
en le faisant concourir dans des courses automobiles mais il a pour
cela besoin de beaucoup d'argent. C'est ainsi que le vieil homme
contacte Bernie Rose, un mafieux que Shannon connaît depuis des
années. Un certain Nino est lui aussi de la partie et accepte de
financer le projet. Shannon connaît très bien cette canaille pour
avoir eu la jambe brisée par ses soins lors d'une vieille affaire
qui a mal tourné.
Driver croise un jour la
route d'Irene et de son fils Benicio, ses voisins. L'époux de la
jeune femme est en prison mais sa sortie est prévue dans une
semaine. Alors que Driver et Irene sympathisent et que le cascadeur
apprécie de plus en plus le contact de la mère et de son enfant,
peu de temps après la sortie de prison de Standard, son mari, Driver
le trouve gisant dans son sang, victime d'une agression perpétrée
par deux types qui l'ont protégé en prison. Driver apprend que
l'ex-taulard ne se sortira de cette situation que s'il accepte de
participer à un braquage. Les vies d'Irene et de Benicio étant
menacées, Driver propose à Standard de l'aider à réaliser ce coup
en échange d'une unique condition : qu'Irene et son fils ne
soient plus menacés. Mais rien ne va se dérouler comme prévu.
La trilogie Pusher,
Bronson, Bleeder et désormais Drive...
Le cinéaste danois Nicolas Winding Refn nous a habitués à un
cinéma « coup de poing ».
Drive s'inscrit dans une logique implacable. Un cinéma
divertissant, cruel et beau à la fois. Une esthétique électrisante,
une émotion palpable, de celle qui manque malheureusement trop
souvent à ce genre de productions. Une romance qui avance à pas
feutrés pour ce personnage énigmatique, troublant, réservé,
économe lorsqu'il s'agit d'exprimer son ressenti. Jusqu'à
maintenant je ne connaissais de l'acteur-réalisateur que son
remarquable premier film en tant que cinéaste (Lost River).
Mais à le découvrir dans ce puissant long-métrage signé d'un
cinéaste décidément plein de talent et de surprise, l'envie de
défricher sa filmographie se fait de plus en plus pressante. Ryan
Gosling, car c'est bien de lui dont on parle ici, est simplement
prodigieux de retenue. Une vraie gueule d'ange. Posé, son personnage
ne s'exprime presque uniquement que par bribes, une économie qui se cache
sans doute par la volonté de voiler sa véritable personnalité.
Tourné deux ans après
le très austère et intérieur Le Guerrier silencieux,
Valhalla Rising, Driver, malgré les apparences
et le milieu dans lequel évolue son principal personnage, peut se
voir comme le bilan d'une œuvre déjà importante. Nicolas Winding
Refn y injecte une bonne dose de criminalité. Les malfrats de Driver
ne sont-ils pas effectivement les « cousins » des Milo,
Radovan, Frank et Tonny des différents volets de Pusher ?
Mais désormais, Hollywood nimbe de ce second film tourné aux
États-Unis d'une esthétique propre et glaçante quand auparavant,
le réalisme participait grandement à l'intrigue. Toujours aussi
spectaculaire et sanglant, le cinéma de Winding Refn continue de
ménager quelques scènes graphiquement très impressionnantes. Entre
le visage d'une jeune femme qui explose à l'impact d'une balle de
fusil à pompe et celui d'un malfrat réduit en bouillie par Driver
dans une cage d'ascenseur, le film se révèle parfois très gore.
Nicolas Winding Refn
emprunte à son Guerrier silencieux...
la « sécheresse »
de certains dialogues, renforçant si besoin était l'aura et le
mystère qui entoure le personnage de Driver. Froid et sombre comme
le cinéma de Michael Mann ou celui de William Friedkin, Drive
ménage pourtant quelques moments de pure émotion. Une partie du
génie du cinéaste se trouve effectivement dans son approche
esthétique. A l'image du premier et seul baiser échangé entre
Driver et Irene (Carey Mulligan) d'une beauté renversante, entre
jeux de lumière et placement des interprètes, le spectateur et
touché ! En plein cœur...
Si
l'on a toujours apprécié l'aspect « amateur » et
underground » du cinéaste, son cinéma y a très certainement
gagné en maturité en déplaçant ses intrigues sur le continent
américain. Si ce bouleversement géographique n'a pas toujours
réussi aux réalisateurs, à Winding Refn et à son cinéma, cela a
fait un bien fou. Drive est sans nul doute l'un de ses deux ou trois
meilleurs films. Une claque. Ryan Gosling y est impérial, aidé en
cela par de solides interprètes. Bryan Cranston, Albert Brooks, le
jeune Kaden Leos ou Ron Perlman pour ne citer qu'eux...
Après Pusher, Le Guerrier Silencieux, et même Lost River (vu que tu en parles), cinq films que j'ai beaucoup aimé, dont quatre que tu m'as fait connaître, Fred et Moi passerions bien par Drive.
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