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mercredi 13 avril 2016

Deep dark de Michael Medaglia (2015)



Hermann et sa mère vivent dans une petite maison de banlieue lorsque le jeune homme apprend qu'il va devoir abandonner sa chambre pour un locataire. Lui qui se rêve artiste n'arrive pas à percer malgré toutes ses tentatives. Lors d'une exposition regroupant différents artistes, Hermann croise la route de Devora, propriétaire d'une prestigieuse galerie d'art. Persuadé d'avoir du talent, l’œuvre de Hermann est cependant rejeté par la jeune femme. Convaincu qu'il sera capable de lui prouver deux semaines plus tard qu'il est capable du meilleur, il s'enferme dans un appartement délabré que son oncle lui loue après lui avoir assuré qu'en y restant enfermé, il trouvera l'inspiration.

Mais alors qu'Hermann travaille sur un projet qui lui tient à cœur, le résultat est loin d'atteindre ses attentes. Jusqu'au jour où, remarquant qu'un tableau accroché sur un mur penche sur le côté, il découvre derrière un trou duquel dépasse un fil auquel est accroché un bout de papier comportant un message. Puis un second, un troisième, jusqu'à ce qu'une voix provenant de l'intérieur du mur s'adresse directement à Hermann. Cette voix, c'est celle d'une femme qui lui promet que dorénavant et grâce à elle, Hermann sera capable de créer des œuvres magnifiques. Et effectivement, alors qu'il vient de se faire refouler une fois de plus par Devora à laquelle il venait pourtant présenter sa dernière œuvre, c'est en abandonnant celle-ci sur un trottoir qu'il constate que les passants tombent tous en admiration devant elle...

Deep dark est le troisième film de l'acteur et cinéaste Michael Medaglia qui signe ici une œuvre formidable d'originalité. De cette fantaisie que l'on ne trouve habituellement que dans certains courts-métrages qui font sensations dans les festivals du monde entier. Apparemment très inspiré par des cinéastes aussi reconnus que les Frères Coen (l'appartement rappelle fortement la chambre d’hôtel dans laquelle s'enferme le personnage principal de leur chef-d’œuvre Barton Fink) ou David Cronenberg (et la nouvelle chair de Videodrome que l’ambiguïté des rapports entre Hermann et ce trou dans le mur évoque indéniablement), le cinéaste crée un climat très particulier, entre l'humour noir du début, plongeant ses personnages en plein cœur d'une horreur organique. Même le visage de l'acteur Sean McGrath qui campe le rôle de Hermann a quelque chose de similaire à celui de John Turturro.

Barton Fink semble servir de source d'inspiration ultime quand encore une fois, le tableau représentant le paon rappelle celui du film des Coen servant de fil conducteur à leur œuvre. Le film s'ouvre sur une scène plutôt curieuse dont le sens nous sera caché jusqu'à la fin. Un homme, l'oncle de Hermann en question, retire une chaîne d'un trou pratiqué dans son estomac. S'il s'agit d'un rêve et si le cinéaste ne s'attarde pas dessus, on devine plus tard que ce que va connaître Hermann a déjà fait une victime en la personne de son oncle. Sean McGrath campe un Hermann fort convainquant dans son rôle de jeune homme torturé par son désir de reconnaissance.

Alors qu'il aurait pu sombrer dans le morbide, ce qu'il est tout de même de temps en temps, Deep dark est suffisamment amusant pour qu'aucun malaise ne vienne s'immiscer dans ce récit tout à fait jubilatoire mais qui aurait tendance à perdre un peu de vitesse vers la toute fin. La photographie est superbe, et quant à la musique, elle accompagne parfaitement ce récit singulier. Une vraie bonne surprise...

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