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jeudi 14 avril 2016

Blue Ruin de Jeremy Saulnier (2013)



Dwight est un marginal qui vit en marge de la société. Il s'introduit chez les gens pour se laver, fouille les poubelles pour se nourrir, et vit dans sa voiture dont il garde la clé autour du cou. Il a quitté sa famille, ses amis et la ville qui l'abritait lorsque ses parents ont été tués par le fils d'un homme dont la femme entretenait une relation adultère avec la mère de Dwight. Wade Cleland Jr. ayant purgé sa peine, il va bientôt être libéré. Lorsque Dwight apprend la nouvelle, son sang ne fait qu'un tour. Parce qu'il estime que l'assassin de ses parents mérite de mourir et parce qu'il craint pour l'existence de sa sœur Sam, il décide d'en finir une bonne fois pour toute avec le meurtrier et l'attend patiemment à la sortie du pénitencier. Il aperçoit une voiture stationnée devant la prison : une partie des siens est venue accueillir Cleland à sa sortie. Suivis de près par Dwight, la famille de Cleland se rend dans un bar afin de fêter le retour de Wade. Dwight s'introduit discrètement dans les toilettes du bar et attend l'occasion de pouvoir se faire justice. Lorsque Wade y entre pour ses soulager, Dwight surgit et lui plante plusieurs fois un couteau dans la gorge et dans la temps. Wade meurt et son meurtrier prend la fuite.

Arrivé devant sa voiture, Dwight s'aperçoit qu'il en a perdu la clé dans les toilettes. C'est en tentant de remettre la main dessus que le frère du mort découvre le corps de Wade et l'homme qui l'a tué. Dès lors, l'existence de Dwight est mise en péril par une famille qui va prendre à cœur de retrouver l'assassin de leur frère et de lui faire payer sa mort...

Alors que le troisième long-métrage du cinéaste américain Jeremy Saulnier fait actuellement beaucoup parler de lui, retour sur le second, Blue Ruin, qui déjà est auréolé d'une excellente réputation. Sélectionné et nominé dans plusieurs festival, ce thriller très efficace a également remporté le Prix FIPRESCI au Festival de Cannes et a fait partie du top 14 des meilleurs films indépendant aux National Board of Review Awards en 2014. Sur un rythme relativement lent, Blue Ruin inflige aux spectateurs le spectacle saisissant d'un homme prêt à tout pour protéger les siens, au prix même d'avoir à commettre le pire. Jeremy Saulnier qui outre la réalisation est responsable du scénario et de la photographie nous immerge tout d'abord dans le quotidien d'un homme qui a tout laissé derrière lui. Un portrait social qui va très vite dévier vers le thriller violent auquel un rythme bien particulier va être imposé.

Se faisant justicier, le personnage campé par le formidable acteur Macon Blair est dans l'attente. Plus encore que la ponctualité d'une violence qui nous est jetée en plein visage, c'est cette manière qu'à d'agir et de se comporter Dwight qui rend Blue Ruin si différent. Macon Blair porte l'étoffe d'un homme presque comme tout le monde, qui n'aime pas forcément les armes ou du moins ne sait pas s'en servir. Gauche et souvent spontané, ce sont ces petites maladresses qui le rendent attachant. Se transformant petit à petit au fil de l'intrigue (il passe du clochard au tee-shirt crasseux et à la longue barbe à l'américain d'apparence moyenne, chemise propre et rasé de près). Si l'on pouvait formuler ne serait-ce qu'une critique, ce serait justement ce rythme lent définissant en partie l’œuvre de Jeremy Saulnier, mais qui rend finalement plus ahurissantes encore les scènes de violence, parfois très gore mais toujours réalistes.


Blue Ruin est noir, très noir. Et pourtant, il semble que malgré le propos et la lente descente aux enfers que vit son personnage principal, une lumière, si petite soit elle, apparaisse un temps avant de s'évanouir totalement dans un final très éloigné du cinéma grand public américain. Jeremy Saulnier signe une œuvre forte, mature, maîtrisée et parfaitement interprétée. On a hâte de découvrir son prochain Green Room qui devrait sortir d'ici deux semaines...


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