Dwight est un marginal
qui vit en marge de la société. Il s'introduit chez les gens pour
se laver, fouille les poubelles pour se nourrir, et vit dans sa
voiture dont il garde la clé autour du cou. Il a quitté sa famille,
ses amis et la ville qui l'abritait lorsque ses parents ont été
tués par le fils d'un homme dont la femme entretenait une relation
adultère avec la mère de Dwight. Wade Cleland Jr. ayant purgé sa
peine, il va bientôt être libéré. Lorsque Dwight apprend la
nouvelle, son sang ne fait qu'un tour. Parce qu'il estime que
l'assassin de ses parents mérite de mourir et parce qu'il craint
pour l'existence de sa sœur Sam, il décide d'en finir une bonne
fois pour toute avec le meurtrier et l'attend patiemment à la sortie
du pénitencier. Il aperçoit une voiture stationnée devant la
prison : une partie des siens est venue accueillir Cleland à sa
sortie. Suivis de près par Dwight, la famille de Cleland se rend
dans un bar afin de fêter le retour de Wade. Dwight s'introduit
discrètement dans les toilettes du bar et attend l'occasion de
pouvoir se faire justice. Lorsque Wade y entre pour ses soulager,
Dwight surgit et lui plante plusieurs fois un couteau dans la gorge
et dans la temps. Wade meurt et son meurtrier prend la fuite.
Arrivé devant sa
voiture, Dwight s'aperçoit qu'il en a perdu la clé dans les
toilettes. C'est en tentant de remettre la main dessus que le frère
du mort découvre le corps de Wade et l'homme qui l'a tué. Dès
lors, l'existence de Dwight est mise en péril par une famille qui va
prendre à cœur de retrouver l'assassin de leur frère et de lui
faire payer sa mort...
Alors que le troisième
long-métrage du cinéaste américain Jeremy Saulnier fait
actuellement beaucoup parler de lui, retour sur le second, Blue
Ruin, qui déjà est auréolé d'une excellente réputation.
Sélectionné et nominé dans plusieurs festival, ce thriller très
efficace a également remporté le Prix FIPRESCI au Festival de
Cannes et a fait partie du top 14 des meilleurs films indépendant
aux National Board of Review Awards en 2014. Sur un rythme
relativement lent, Blue Ruin inflige aux spectateurs le
spectacle saisissant d'un homme prêt à tout pour protéger les
siens, au prix même d'avoir à commettre le pire. Jeremy Saulnier
qui outre la réalisation est responsable du scénario et de la
photographie nous immerge tout d'abord dans le quotidien d'un homme
qui a tout laissé derrière lui. Un portrait social qui va très
vite dévier vers le thriller violent auquel un rythme bien
particulier va être imposé.
Se faisant justicier, le
personnage campé par le formidable acteur Macon Blair est dans
l'attente. Plus encore que la ponctualité d'une violence qui nous
est jetée en plein visage, c'est cette manière qu'à d'agir et de
se comporter Dwight qui rend Blue Ruin si différent.
Macon Blair porte l'étoffe d'un homme presque comme tout le monde,
qui n'aime pas forcément les armes ou du moins ne sait pas s'en
servir. Gauche et souvent spontané, ce sont ces petites maladresses
qui le rendent attachant. Se transformant petit à petit au fil de
l'intrigue (il passe du clochard au tee-shirt crasseux et à la
longue barbe à l'américain d'apparence moyenne, chemise propre et
rasé de près). Si l'on pouvait formuler ne serait-ce qu'une
critique, ce serait justement ce rythme lent définissant en partie
l’œuvre de Jeremy Saulnier, mais qui rend finalement plus
ahurissantes encore les scènes de violence, parfois très gore mais
toujours réalistes.
Blue Ruin
est noir, très noir. Et pourtant, il semble que malgré le propos et
la lente descente aux enfers que vit son personnage principal, une
lumière, si petite soit elle, apparaisse un temps avant de
s'évanouir totalement dans un final très éloigné du cinéma grand
public américain. Jeremy Saulnier signe une œuvre forte, mature,
maîtrisée et parfaitement interprétée. On a hâte de découvrir
son prochain Green Room
qui devrait sortir d'ici deux semaines...
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