Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 30 mars 2016

Woyzeck de Werner Herzog (1979)



Le soldat Franz Woyzeck est en poste dans une garnison allemande. Père d'un enfant illégitime qu'il a eu avec sa maîtresse, Marie, il est le plus souvent sujet aux moqueries de ses supérieurs qui l'emploient à divers travaux. Barbier officiel d'un capitaine, il participe également aux travaux de recherches médicales menées par un médecin qui lui impose des contraintes alimentaires qui, peu à peu, dérèglent sa manière de penser. Alors qu'un tambour major tourne autour de Marie, Franz commence à avoir des visions inquiétantes. Persuadé que celle qu'il aime le trompe, il commence à délirer, tente de s'en prendre physiquement au tambour major qui l'humilie et prend la terrible décision de tuer Marie alors même qu'il l'a invitée à le suivre près d'un étang...

Woyzeck est la troisième collaboration entre le cinéaste Werner Herzog et l'acteur Klaus Kinski. Alors même que les deux hommes viennent d'achever le tournage de Nosferatu, Fantôme de la nuit, ils n'attendent pas plus de cinq jours pour tourner à nouveau derrière et devant la caméra, ce projet inspiré par la pièce de théâtre du dramaturge, révolutionnaire, médecin et scientifique allemand Georg Büchner, elle-même inspirée d'un fait divers réel lors duquel l'ancien soldat Johann Christian Woyzeck a tué sa maîtresse, la veuve d'un chirurgien. Le frère de Woyzeck recueille ses écrits et les fait publier accompagnés d'une biographie de Johann Christian Woyzeck en 1850. Woyzeck devient alors un classique de la littérature allemande.

Werner Herzog s'attaque donc à l’œuvre d'un homme qui considérait que la lutte entre riches et pauvres était l'unique combat révolutionnaire au monde. Georg Büchner est l'homme qui marquera le plus Werner Herzog dans sa carrière de cinéaste, l'adaptation de la pièce devenant alors très vite une évidence. Klaus Kinski campe donc un homme qui malgré la rigueur de son statut de soldat de garnison va peu à peu sombrer dans la folie. Et le monde qui l'entoure n'est sans doute pas étranger à tout cela. Humiliation, mensonge et désordre physiologique dû au traitement infligé par un médecin qui ne voit en lui qu'un cobaye, le sujet Woyzeck perd pied, entend des voix et commence à percevoir des phénomènes étranges. Il a beau en parler à son seul ami et confidant Andrès, mais rien n'y fait. Woyzeck glisse peu à peu vers le final violent qui va clore le film de Werner Herzog.

Klaus Kinsi campe un personnage troublé, troublant, et relativement attachant. Témoin du désert affectif dont il est affligé et des conséquences d'un comportement empathique qui va lui nuire le long d'une œuvre qui ne dépasse pas les quatre-vingt minutes, le spectateur assiste au quotidien d'un homme sans cesse harcelé par son entourage mais aussi et surtout par ses propres pensées.
Le cinéaste allemand dessine les contours d'un personnage qui n'a, semble-t-il, pas sa place dans un monde dans lequel les faibles n'ont pas droit de cité et sont irrémédiablement écrasés. L'image du bourreau étant ici représentée par le personnage du tambour major (Josef Bierbichler), mais aussi par celle dont aurait dû à l'origine avoir le plus confiance notre héros, Marie (Eva Mattes), autoproclamée putain, mais dont le quotidien peut sensiblement excuser son comportement. Toutes les couches sociales semblent être responsable de cette ignominie qui consiste à humilier les plus faibles d'entre nous puisque dans Woyzeck, on peut soit être officier, soit médecin, et se comporter comme un véritable monstre.

Si dans Nosferatu, Fantôme de la nuit, Klaus Kinski était tout en retenue, Dans Woyzeck, il exprime toute l'absurdité de son personnage à travers une folie contenue et un regard halluciné qui laisse présager le pire à venir. Pantin au service d'un cinéaste qui décidément, possède une manière bien à lui de mettre en scène des récits atypiques, Klaus Kinski explose une fois de plus sur les écrans et éblouie de sa grâce inquiétante la pellicule d'une œuvre qui demeurera comme l'une des plus importante ce sa carrière, ainsi que celle de Werner Herzog. Épaulé par une Eva Mattes tour à tour séductrice et compatissante, Klaus Kinski habite littéralement cette troisième collaboration entre Werner Herzog et lui...

1 commentaire:

  1. On l'a regardé tout juste à la suite de "Aguirre" : ce dernier m'a bien plus fasciné que Woyzeck, qui, malgré la maîtrise de Herzog, garde son côté théa^tral... en revanche, le jeu de Kinski était impressionnant, dans cette façon de jouer une folie différente de celle d'Aguirre.

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...