Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 14 novembre 2012

La Femme Publique de Andrzej Zulawski (1984)

 
Vingt-quatre heure, c'est ce qu'il aura fallut pour digérer cette Femme Publique. En l’occurrence, Valérie Kapriski. Jeune actrice qui ne jouera en trente ans qu'une vingtaine de rôle (L'année Des Méduses, La Gitane). Le film d'Andrzej Zulawski ressemble beaucoup au suivant, L'Amour Braque, mais lui est légèrement inférieur. La Femme Publique est pourtant lui-même un film coup de poing. Il refroidit l’œsophage et brûle la langue, donne des aigreurs d'estomac et la migraine. Il en assomme beaucoup et en subjugue quelques-uns. L'histoire, simple, est agrémentée de tellement d'épreuves visuelles et sonores qu'il nous arrive de nous perdre dans les méandres d'un scénario pas si léger que cela finalement. Le personnage de Lucas Kesling (interprété par le fameux Francis Huster) pourrait bien être le pendant fictionnel d'Andrzej Zulawski. Une façon pour le cinéaste d'exprimer par procuration des frustrations et autres obsessions personnelles récurrentes.

Une œuvre adaptée du roman de Dominique Garnier mais aussi très librement inspirée des Possédés de Dostoïevski.

Lucas Kesling est cinéaste et prépare son projet le plus important et le plus ambitieux. Adapter Les Possédés de Dostoïevski à l'écran. Et pour cela, il lui faut trouver une jeune femme belle et talentueuse. Il jette son dévolu sur Ethel, actrice inexpérimentée qui gagne sa vie en posant nue pour des photographes libidineux. Valérie Kapriski, considérée comme une actrice sans talent apparaît pourtant ici aussi naturelle qu'aurait pu l'être Sophie Marceau si son compagnon d'alors lui avait confié le rôle d'Ethel. Et puis, connaissant la rigueur de Zulawski, on peut supposer que ce que l'actrice transmet à l'écran est la réplique exacte de ce qu'à voulu le cinéaste. Si plusieurs scènes paraissent aux yeux de certains comme interprétées avec médiocrité par Kapriski, il ne faut pas oublier que son personnage est au départ celui d'une actrice sans talent, avec son lot de souffrances. Perdue entre une mère dépressive et alcoolique et un père violent qui a quitté le cocon familial.

Alors évidemment, si on s'amuse à la comparer aux deux hommes qui l'entourent (et même à la majorité des seconds rôles, ce qui pourrait nuire à son image de vedette), Valérie Kapriski a bien du mal à se hisser à leur hauteur. Francis Huster est magistral et Lambert Wilson extraordinaire. Ces deux hommes là se livrent un duel permanent issu d'une profonde et ancienne blessure que l'on nomme adultère. Lucas kesling est un monstre froid, sans véritable émotion, qui dirige son équipe d'une main d'acier et utilise Ethel comme bon lui semble, l’appâtant avec ce rôle tant convoité pour lequel elle s'est présentée à un casting. Après avoir fait montre d'un talent pourtant plus que mitigé, Kesling décide de l'engager. Certainement plus pour son corps que pour ses capacités d'actrices. Il tient Ethel sous son joug puisque cette dernière, ayant besoin de gagner beaucoup d'argent et rêvant de devenir actrice (même si elle réalise à un moment qu'elle n'est pas faite pour ce métier) s'accroche à son rôle. Milan Mliska (Lambert Wilson) lui, est plus nuancé, même si son comportement révèle un homme aussi fragile que violent. Atteint de troubles psychiques graves, il rencontre la jeune Ethel qui va alors interpréter son meilleur rôle. Celui du double d'Elena, la compagne de Milan que Kesling et lui vont bizarrement affirmer avoir renvoyée dans son pays d'origine, la Tchécoslovaquie. Cette femme là, c'est aussi celle est à l'origine de trouble qui lie les deux hommes. Une situation qui ne se dégage pas avec l'arrivée d'Ethel puisqu'à cause d'elle, ils vont à nouveau se battre dans un duel féroce.

Francis Huster et Lambert Wilson composent deux personnages saisissants. Ils s'avilissent pour les biens d'une œuvre étouffante, malsaine, épileptique mais aussi parfois très belle et émouvante. Zulawski à une façon bien à lui de raconter des histoires. Elles se veulent toutes d'amour mais finissent toujours mal. Il résout une fois de plus le caractère difficile de ces relations non par une séparation mais par la mort. C'est peut-être la plus radicale des manières,mais c'est aussi très certainement la seule que le cinéaste accepte de faire vivre à ses personnages. 
On notera, avec humour, que cette solution radicale proposée par Andrzej Zulaski n'a pas crevé l'écran puisque Sophie Marceau, qui fut longtemps sa compagne, est toujours en vie.

Mention spéciale pour le toujours barré mais excellent Jean-Paul Farré.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...