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mardi 14 février 2012

Amenabar en 3 films: Tesis (1996), Abre Los Ojos (1997), Mar Adentro (2004)



Tesis:

Alejandro Amenabar s'exprime sur le délicat sujet des snuff movies. Un sujet rarement abordé au cinéma. Une certaine fascination s'exerce chez les curieux de tous poils pour ces films illégaux montrant sans tabous tortures, viols et autres meurtres réels filmés en longs plans séquences. D'ailleurs, imprégnés que nous sommes à la vision de ce film d'origine espagnole, on se demande si les micro-scènes qui nous sont proposées et qui sont censées être de véritables séances de tortures ne sont pas finalement véridiques. Certains cinéastes italiens, dans les années 70-80 se vantaient de l'insertion de plans réels dans leurs productions horrifiques tel le "Cannibal Holocaust" de Ruggero Deodato et son atroce carnage final, légitimant ainsi la gratuité de certaines scènes. En fait de réalisme, seuls certains plans construits autour d'un certain nombre de "stock-shots" (inserts d'images "empruntés" à divers documentaires, films ou autres qui n'ont aucun rapport avec le film en lui-même) sont véridiques.

Fort heureusement, le film d'Alejandro Amenabar n'use d'aucun artifice tape à l'œil et nous embarque dans une enquête passionnante et virevoltante sur l'univers de ces films underground. Une enquête qui mène son héroïne jusque sur les traces d'une organisation secrète (dont on ne saura finalement pas grand-chose) spécialisée dans le tournage de snuff movies.

Angela, jeune étudiante en cinéma prépare sa thèse sur la violence dans le septième art et dans le milieu télévisuel. Le professeur Figueroa qui l'aide dans son projet tombe un jour sur une vidéo cachée dans la salle des archives audiovisuelles et est retrouvé mort dans la salle de projection de l'université dans laquelle il a visionné la cassette par Angela qui s'empresse de mettre la main sur l'objet pour aller le visionner chez son nouvel ami Chema, sorte de grunge vivant dans un univers torturé et grand adorateur de vidéos pornographiques et violentes. Ce qu'ils découvrent ensemble dépasse de loin leurs espérances et provoque chez Angela un sentiment de malaise. Sur la vidéo, filmée en un long plan séquence, on assiste éberlués à une longue séance de torture dans laquelle un homme masqué s'acharne sur une pauvre jeune fille attachée à une chaise et sans défenses. Une longue agonie qui nous est fort heureusement épargnée à part quelques rares plans qui laissent augurer de l'abominable contenu de la vidéo.

Chema connaît cette jeune femme. Il s'agit d'une ancienne étudiante disparue il y a deux ans et dont on ne sait pas ce qu'elle est devenue. Angela se met très vite en tête de découvrir qui est derrière cette affaire, laissant sa thèse un temps pour se consacrer à sa passionnante enquête. Elle fait la connaissance d'un jeune homme au comportement étrange, Bosco Herranz, fiancé à une certaine Yolanda, jeune femme extrêmement jalouse, et qui semble ne pas être étranger à toute cette affaire. Angela vit de plus en plus mal cette situation alors que ses investigations la mènent à remettre en question l'intérêt de se lancer corps et âme dans la perspective d'une découverte effroyable. Le professeur Figueroa mort, c'est un certain Jorge Castro qui prend la relève et qui propose à Angela de l'aider pour sa thèse. Un homme étrange qui semble s'intéresser de trop près aux agissements de la jeune femme. Chema, lui, essaie de tempérer l'engouement d'Angela, certainement parce qu'elle est la seule à l'apprécier et le comprendre et qu'il ne veut très probablement pas la perdre malgré son apparente absence d'intérêt pour elle...

Alejandro Amenabar joue avec ses personnages comme avec les spectateurs. Chacun agit de telle manière qu'on finit par ne plus savoir à qui faire confiance. Même Angela qui trahi un intérêt autre que celui de préparer sa thèse. Qui est derrière tout ça? Boscoe que tout porte à croire qu'il est l'instigateur unique de cette industrie effroyable ou encore Jorge Castro dont le comportement auprès d'Angela est plus que douteux? Et Chema, lui, n'a-t-il vraiment rien à se reprocher? La mise en scène nerveuse ne laisse pratiquement aucun moment de répit et les retournements de situations sont nombreux et deviennent même frénétiques vers la fin du film. Toutes les cinq minutes, on pense enfin savoir qui est responsable des atrocités perpétuées derrière la caméra pour se rendre compte l'instant d'après que l'on fait fausse route.....jusqu'au dénouement.

Il est amusant de constater que plus le fil de l'histoire progresse et plus l'image s'assombrit, plus l'ambiance devient pesante voire étouffante. La version originale donne un rythme soutenu aidé par des dialogues spontanés et qui vont droit au but. La réalisation ne souffre d'aucun temps mort, ce qui est assez exceptionnel pour un film long de presque deux heures et qui donne le vertige lorsqu'enfin on découvre le fin mot de toute l'histoire. L'Espagne prouve avec ce film (et tant d'autres) qu'elle est une nation capable de nous offrir de petits bijoux cinématographiques qui n'ont pas à rougir devant les productions américaines qui parfois s'avèrent terriblement fades...


Abre Los Ojos:

Enfermé dans la cellule d'un établissement psychiatrique, César s' xplique sur l'accusation de meurtre dont il fait l' objet. Le psychiatre Antonio est à ses cotés pour tenter de comprendre le cheminement qui  l'a mené à commettre ce crime.
César, avant de se retrouver enfermé, était un jeune homme charmant autant que charmeur. Il avait pour habitude de fréquenter les femmes une seule et unique fois. Une manière de conserver sa réputation de Don Juan. A l'aide d'Antonio il tente d'éclaircir l'affaire dont il fait l' objet en revenant sur les origines du problème.
Alors qu'il fête son anniversaire chez lui et que l'ambiance est à son comble, son meilleur ami sonne à la porte et lui présente Sofia, la jeune femme dont il est amoureux. Tout deux offrent à César un cadeau qu'il décide de n'ouvrir que le lendemain et va le ranger avec les autres dans sa chambre sur le lit de laquelle il trouve allongée une jeune femme, Nuria, avec laquelle il a déjà eu une relation. Cette dernière tente par tous les moyens de séduire César mais celui-ci préfère prendre la fuite et se réfugiant auprès de Sofia, lui demandant de bien vouloir l'aider à faire croire à Nuria qu'il sont ensemble. Voyant que celle-ci s'accroche, César attire Sofia dans une pièce voisine et s'enferme à l'intérieur avec elle. Le meilleur ami de César, Pelayo, visiblement enivré, prend très mal le fait de les découvrir tout les deux dans la pièce et préfère quitter la soirée. Après que Sofia lui ai proposé de le suivre, et après le refus de ce dernier, c'est César, voyant que rien ne semble pouvoir faire fuir Nuria qui guette le couple au loin, qui finit par quitter son propre appartement et raccompagner Sofia chez elle.
Le couple passe la nuit ensemble et César semble alors ressentir un véritable amour pour Sofia.

Le lendemain matin il la quitte pour rejoindre son véhicule au bas de l'immeuble. Alors qu'il s'apprête à monter dans sa voiture, une autre s'approche de la sienne et stoppe net à ses cotés. Au volant il reconnaît Nuria qui a passé la nuit à l'attendre et qui habilement réussi à le convaincre de monter dans sa voiture. Sur le chemin elle semble quelque peu troublée car César ne connait ni son adresse, ni son numéro de téléphone bien qu'ils aient eu une relation. Alors qu'elle lui demande ce qu'est le bonheur pour lui et s'il croit en Dieu ,elle appuie sur l'accélérateur dans un virage et fonce dans un ravin. Le véhicule finit encastré dans un mur de béton. Nuria meurt et César se retrouve plongé dans le coma, et affreusement défiguré...

Alejandro Amenabar n' est pas que le réalisateur du surestimé "Les autres". Il ne suffit pas d' y adjoindre une actrice célèbre (Nicole Kidman) pour en faire un film de la trempe de ses précédentes réalisations. Un an après le superbe mais néanmoins terrifiant "Tesis", Alejandro Amenabar revient avec "Abre los ojos", un thriller psychologique teinté de science-fiction. Ce qui saisit au terme de cette longue plongée dans les affres de l' esprit humain, c'est l'extraordinaire enchevêtrement d'événements qui mènent le héros vers une fin tragique. Loin de la linéarité de bon nombre d'œuvres, Amenabar construit la sienne comme les pièces d'un puzzle dont il ne délivre la solution qu'au terme d'une course qui voit un homme, César (Eduardo Noriega) perdre pied au fur et à mesure que la vérité éclate au grand jour. Complexe mais définitivement limpide, la mise en scène du cinéaste est en tout point remarquable. Aidé par un trio d'acteurs fabuleux, il nous emporte dans une danse macabre où se mêlent les sentiments les plus divers, allant de l'émotion purement sentimentale à l'effroi le plus saisissant. Plus qu'un simple thriller axé sur des retournements de situations s'enchaînant à un rythme d'enfer, "Abre los ojos" est aussi une formidable histoire d'amour. Car l'on comprends au terme d'un scénario alambiqué vers lequel tout l' attention se doit d' être à la cause, que César est non seulement l'outil d'une expérience fantastique qui tourne mal mais aussi la victime de ses propres tourments. Le désespoir d'avoir perdu celle qu'il aime au point de l'intégrer dans le rêve post-mortem dont il est sujet est une révélation absolument bouleversante dans la conclusion de ce film magistral.
Amenabar est un cinéaste complet. Autant scénariste que compositeur il traite son sujet avec une maîtrise remarquable. Eduardo Noriega est tantôt charmeur, tantôt bouleversant. Penélope Cruz est superbe quand Najwa Nimri est plutôt mystérieuse.

A savoir qu' un remake, "Vanilla Sky", a été tourné aux États-unis avec la toujours séduisante Penélope Cruz et Tom Cruise dans le rôle principal. Même sans l' avoir vu et même si Amenabar en est le scénariste, je ne vois pas comment, en donnant la responsabilité de la mise en scène à un autre, réussir à faire de ce remake, une œuvre aussi puissante que celle de l' espagnol.

"Abre los ojos", une œuvre au scénario puissant, complexe et enivrant, servi par des acteurs superbes et une mise en scène sans fausses notes. A voir absolument et si possible en version originale.


Mar Adentro:

Le film nous conte l'histoire véritable d'un homme devenu tétraplégique à la suite d'un stupide accident de plongée. Depuis plus de vingt-six ans il se bat pour le droit à l'euthanasie. Vingt-six ans à rester allongé dans le même lit. A ne contempler que l'image que lui offre l'unique fenêtre de sa chambre. A ne rêver que de s'envoler à travers elle tel un oiseau parcourant les prairies et les collines afin de rejoindre l'océan, cet espace de liberté qui il y a longtemps la rendu infirme. Son corps n'est aujourd'hui plus qu'une prison de laquelle il rêve de s'échapper. Mais pour Ramon n'existe qu'une échappatoire : La mort. Malgré l'amour et le soutien de sa famille, malgré la conviction de ses proches que la mort n'est pas l'unique exutoire au mal qui le ronge Ramon ne rêve que de ce jour où une main tendue vers lui l'aimera assez fort pour le délivrer de sa prison de chair.
Et cette personne, Ramon croit l'avoir trouvée en la personne de Julia. Jeune journaliste atteinte d'une légère infirmité et fragile du cœur, cette dernière met tout en œuvre pour que la justice reconnaisse au tétraplégique son droit à l'euthanasie. Le combat est rude. Ramon et son entourage doivent faire face au courroux de la justice et même à celui de l'église. Après avoir témoigné de sa condition dans une émission de télévision, Ramon reçoit la visite d'une jeune femme prénommée Rosa qui très vite semble vouloir prendre les choses en main au détriment de Manuella, sa sœur qui depuis toujours s'est occupée de son frère sans jamais broncher. Envahissante et au premier abord maladroite la jeune femme ne cesse de se convaincre qu'il existe une autre solution pour Ramon que celle de l'euthanasie. Pourtant, et malgré l'attachement flagrant de tout ceux qu'il va être mené à rencontrer, il continuera à vouloir en finir avec son existence.

Julia, qui est hébergée dans la demeure familiale le temps de produire un dossier suffisamment solide pour permettre à Ramon de gagner en justice son droit à l'euthanasie tombe un jour, et par l'entremise de sa sœur Manuella, sur des textes écrits de la main du malade et que ce dernier a fait promettre à sa sœur de brûler, chose qu'elle s'est toujours refusée de faire. Julia lit la totalité du manuscrit et avoue à Ramon que ce dernier est publiable. Entre ces deux êtres que l'infirmité rapproche de manière tout à fait inattendue vont naître des sentiments qui iront bien au delà de l'amitié. A tel point que la jeune femme se résoudra à promettre à Ramon que le jour où seront publiés ses textes, elle retournera le voir, avec en main le tout premier exemplaire du roman et que ce jour là, elle mettra un terme aux souffrances de celui qu'elle aime...


"Mar Adentro" joue sur la corde sensible en exploitant le filon de l'émotion pure sans jamais tomber dans le misérabilisme ni le larmoyant (quoiqu'on peut se laisser aller à quelques larmes). Le sujet n'est pas évident. Il rappelle étrangement "La vie de David Gale" qui lui traite du sujet de la peine de mort d'une manière toute aussi profonde et juste que l'euthanasie dans le film d'Amenabar. Ce qui surprend au premier abord, c'est la simplicité de la mise en scène. Elle force le respect. Même sans avoir jamais vécu une situation aussi dramatique il est aisé d'imaginer que chacun aborderait le comportement du frère, de la sœur ou même du beau-fils de Ramon de la même manière. Lorsque le frère engueule littéralement le tétraplégique, rappelant qu'il a tout sacrifié pour s' occuper de lui, la vérité nous éclate aux yeux quand aux véritables raisons de son emportement: L'amour d'un homme pour son frère que rien ni personne n'arrive à convaincre d'abandonner l'idée de mourir.

Amenabar nous prouve avec tout son talent que les silences et les regards sont tout aussi importants que les mots. On pardonne les égarements de certains, la fuite de Julia et l'entêtement de Rosa qui parfois confine à l'acharnement. Chaque personnage est campé par une actrice ou un acteur formidable de justesse. Quand à Javier Bardem, le génial tueur cynique du sublime "No Country For Old Men" des frères Coen, il est simplement bouleversant dans l'interprétation du rôle de Ramon. Toute en finesse et en justesse. Mais rien ne serait tout à fait pareil sans la superbe musique écrite par Alejandro Amenabar lui-même et qui traverse de sa splendeur le film de bout en bout.
Un TRÈS grand film.

1 commentaire:

  1. Alors, d'abord un début de commentaire fort con : je n'avais pas reconnu l'acteur de No Country ! Mais soit ! Plusieurs choses à la lecture de cet article : tout d'abord je préfère de loin ta vision de "Tesis" que celle que j'ai offert dans mon article "Deux regards" (texte "philosophique" que je ne renie en grande partie), car, comme je le disais à propos de Lynch, à l'époque, je parlais finalement peu des films en question pour leur faire dire ce que j'avais envie qu'ils disent (et qu'ils disaient parfois). Malgré tout, je savais quand même déjà à ce moment-là que Tesis était un très grand film.
    Pour "Ouvre les Yeux", ce n'est pas un moins grand film et son remake est d'une inutilité que Amenabar reconnaissait lui-même puisqu'il a refusé de le retourner à la sauce américaine lorsque Cruise le lui a demandé. Mais Vanilla Sky a permis à Amenabar de réaliser "Les Autres" - et sur ce point, je ne suis vraiment pas d'accord avec toi car je ne pense pas que son génie y soit surestimé. Je peux t'accorder qu'il soit un peu plus tape-à-l'oeil que Tesis mais pas que Ouvre les yeux.
    Mar Adantro, ça a été une fameuse surprise en ce qui me concerne car il démontrait qu'Amenabar pouvait explorer d'autres genres, d'autres thèmes, ou du moins, éviter le thriller ou le fantastique pour ne s'occuper que de psychologique. Une très belle réussite en tout cas.
    En revanche, Fred et Moi nous sommes visionnés "Régression"... je ne sais si tu l'as vu (je pensais que tu en avais fait un article mais je ne trouve pas)... Quelle déception. Ou bien j'étais trop crevé pour en profiter, ou bien il manque quelque chose à ce film, du temps peut-être ? mais tout y était tellement téléphoné (Emma Watson exaspérante en ado manipulatrice), la folie paranoïaque dans laquelle le flic sombre est mal développée, trop vite développée.

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