Le tout dernier long-métrage d'Osgood Perkins est arrivé dans les salles voilà deux jours et celui-ci s'inscrit une nouvelle fois dans les domaines de l'horreur et de l'épouvante. Alors qu'il est déjà en train de s'attaquer au tournage de son nouveau film The Young People, l'auteur de Gretel & Hansel en 2020, de Longlegs en 2024 et de The Monkey en 2025 ne parviendra sans doute pas à réconcilier ses fans et ses détracteurs. Car bien qu'avec sa bande-annonce, Longlegs avait su faire sensation, le film n'était au final qu'un pétard plus ou moins mouillé. Quant à l'adaptation de la nouvelle The Monkey parue pour la première fois en 1980 dans le magazine Gallery aux États-Unis et chez nous dans l'excellent recueil intitulé Brume en 1987, le long-métrage était une assez mauvaise surprise... Keeper (absurdement traduit chez nous sous le titre L'élue) est donc sorti mercredi dernier. Et pour le coup, l'un des principaux enjeux qui semblait tourner autour du couple quasi unique qui se présente à l'écran est semble-t-il passé à la trappe. Vous rêviez de voir une femme et son compagnon se déchirer à l'écran ? D'assister à la lente dégradation de leur relation ? À souffrir pour l'un et (ou) l'autre des deux principaux protagonistes ? À prendre à cœur l'intérêt du premier et à haïr le second ? Tous ces principes ont malheureusement rejoint la grande poubelle des bonnes idées qui dans le domaine de l'horreur sont désormais jetées au profit d'une redondance quasi systématique. Pourtant, Osgood Perkins comme quelques autres cinéastes parmi lesquels nous citerons par exemple Ari Aster ou Robert Eggers parvient (parfois) à donner une image neuve du cinéma d'épouvante. Un caractère qui lui est propre mais qui aussi et surtout est traversé de visions stupéfiantes mais malheureusement trop rares pour que son cinéma marque les esprits sur le long terme. Il s'agit donc bien de sa manière de filmer ses personnages qui fait toute l'excellence de certains plans. Comme justement ceux, particulièrement étranges et décalés vus dans la bande-annonce de Longlegs qui nous laissaient espérer découvrir un grand film d'horreur. Là encore, avec Keeper, le cinéaste use d'angles statiques et parfois symétriques. L'emploi de nombreux miroirs lui permettant ainsi de jouer avec les perspectives tout en livrant très rapidement mais sans en avoir l'air, l'un des indices fondamentaux du récit qui nous sera livré beaucoup plus frontalement lors du dernier tiers. Osgood Perkins aime également à poser sa caméra sur le visage de son héroïne. Quitte à l'observer durant de très longues secondes sans qu'aucun événement extérieur ne vienne briser la monotonie de ces plans...
L'horreur s'y déploie alors de manière subtile, lente et au fond presque invisible... Si le réalisateur, scénariste et producteur originaire de New York foire complètement le portrait de ce couple quelque peu dysfonctionnel en ce sens où Liz (Tatiana Maslany) est très éprise de Malcom (Rossif Sutherland) tandis que ce dernier semble très frileux à l'idée de lui faire l'amour ou même, parfois, de simplement la prendre dans ses bras, Keeper manque surtout de consistance. D'ailleurs, l'absence durant un temps de Malcom, médecin appelé à se rendre à l’hôpital afin de s'assurer du réveil d'une patiente plongée dans le coma, est aussi significative d'un manque d'inspiration scénaristique pour le spectateur que l'épreuve est compliquée à assumer pour Liz. Keeper, dont l'absurde titre français en dit sans doute un peu trop à son sujet alors même que le film n'a pas encore commencé est une œuvre foncièrement étrange. Entre léthargie assumée par une mise en scène lente et pesante et absence de véritables rebondissements en cours de route. Une œuvre malgré tout bourrée de scènes-clés dont la signification n'est jamais vraiment évidente. Rossif Sutherland, lequel est le frère de Kiefer et le fils de l'immense Donald interprète un Malcom mou, inexpressif et totalement transparent. Marquant ainsi de manière beaucoup trop appuyée la distance qui existe entre ce que ressent son personnage et celui incarné par Tatiana Maslany. Quant au récit, tout ou presque ne semble avoir pour but que de nous asséner une dernière partie qui, il est vrai, va tout remettre en question en terme d'épouvante. À titre de comparaison, l'on pourrait opposer l'attentisme de Keeper à celui de The Blair Witch Project. Film chiantissime au possible qui pourtant marqua la majorité des esprits, même ceux des réfractaires, grâce à son effroyable conclusion. Et bien ici, c'est un peu la même chose. On se dit alors que l'attente et la patience valaient bien que l'on subisse quelques ventres mous car lorsque l'héroïne est confrontée à la réalité et qu'assise contre le mur de la cave, Liz découvre ce qui se tramait depuis en réalité les débuts de sa relation avec Malcom, le spectateur se prend une véritable gifle visuello-sensorielle ! L'un des rares quarts-d'heure horrifiques de cette année 2025 a être véritablement efficace. Pour le reste, Keeper est dans la moyenne de ce qu'a l'habitude de nous proposer le cinéaste américain...
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