Estampillé « Nteflix
Originals », le malaisien
One Two Jaga
semble vouloir surfer sur la vague de succès que rencontrent les
productions philippines, indonésiennes, japonaises ou sud-coréennes
depuis quelques années mais avec, malheureusement, les plus grandes
difficultés. Mis en scène par le cinéaste malaisien Nam Ron, One
Two Jaga
est sa cinquième réalisation. Il existe deux versions du
long-métrage dont une version expurgée qui a connu une sortie
mondiale le 20 avril 2018, ainsi qu'une sortie en Malaisie le 6
septembre de la même année. Cet article étant basé sur une
version n'excédant par les quatre-vingt une minutes alors que la
version longue dure plus de deux heures, il est difficile de se faire
un jugement objectif devant le travail de sape effectué sur la copie
présentée. Car avec toutes les bonnes intentions du monde, il
demeure difficile de trouver au long-métrage de de Nam Ron une
quelconque qualité, si ce n'est son approche réaliste du sujet.
Le
fil conducteur de One Two Jaga
tourne autour de la police, ici décrite comme profondément
corrompue. La vie d'un quartier pauvre de Malaisie gangrenée par une
autorité qui baisse les yeux sur certaines activités crapuleuses
dès lors qu'est confié à certains de ses dirigeants, de fortes
sommes d'argent. Les commerçants eux-mêmes étant victimes de leur
propre police, ils doivent s'acquitter d'une enveloppe contenant
plusieurs milliers de ringgits s'ils veulent avoir la paix.
Si
One Two Jaga
a du mal à convaincre, ça n'est pas tant la faute au scénario du
cinéaste et de Aymar Fared, Pitt Hanif, Amri Rohayat et Muhammad
Syafiq. En effet, un peu à la manière (maladroite) d'un Alejandro
González Iñárritu (Amours Chiennes),
Nam Ron aborde son récit sous divers angles. Des personnages n'ayant
aucun raison de croiser le fer et qui pourtant, finiront par être
confrontés les uns aux autres. Des flics corrompus venus récupérer
les « taxes »
imposées aux commerçants et aux immigrants et à leur employeur. Un
ouvrier bien décidé à aider sa jeune sœur réfugiée de manière
illégale, mais prête à repartir chez eux. Ou encore ce jeune
policier qui débute dans le métier et se retrouve confronté à cette
discipline qui consiste à ne faire parler que l'argent sans pour
autant vouloir participer aux magouilles auxquelles participe celui qui est chargé de le former sur le terrain.
Au
premier abord, il se révèle délicat d'inscrire One
Two Jaga
dans une mouvance plutôt que dans une autre. Le cinéaste semble
hésiter entre drame et thriller, et si son œuvre mêle
effectivement les deux genres, le spectateur, lui, aura bien du mal à
faire son choix entre les deux. One Two Jaga
souffre de tares rédhibitoires. Si le contexte réaliste du film le
cantonne en grande partie dans un registre dramatique, le thriller
brillant que One Two Jaga aimerait
être n'est au fond qu'une ridicule production qui ne souffre
d'aucune forme de comparaison face à la rude concurrence. Le film de
Nam Ron est en effet assez pitoyable et n'exerce aucune forme
d'attraction. A dire vrai, on s'y ennuie plus qu'on s'y divertit.
Certains choix demeurent curieux. Les personnages semblent bondir
mais s'immobilisent en pleine course. Les coupes sévères dont
semble avoir été victime le long-métrage sont sans doute en partie
responsables de cet état de fait, mais alors, quel peut bien être
l'intérêt de proposer ainsi, un produit aussi mal finit ?
C'est
d'autant plus dommage que certaines séquences émouvantes auraient
sans doute encore gagné en force si le film n'avait pas été laminé
avec un tel luxe de détails. Si One Two Jaga
est
d'abord sorti à l'étranger, la raison est simple. Une sortie
malaisienne n'avait tout simplement pas été envisagée dès le
départ. Malgré la multiplicité des copies ayant circulé à
l'internationale et le passage du film dans plusieurs festivals, One
Two Jaga n'a
pas rencontré le succès escompté. Ce qui, au vu du montage final
effectué sur cette version était prévisible (la version longue
n'ayant été proposée que sur la plate-forme Netflix
à partir du 1er décembre dernier). Dommage, d'autant plus que d'un
point de vue esthétique, le film est plutôt réussi...





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