Troisième long-métrage
du réalisateur américano-égyptien Lotfy Nathan, The
Carpenter's Son
est basé sur l'apocryphe
L'Évangile de l'enfance de Thomas.
Un texte datant du milieu ou de la fin du deuxième siècle et que
les premiers auteurs chrétiens considéraient d'hérétique. Si le
nom de son auteur reste inconnu, certains chrétiens considérèrent
qu'il put s'agir de Thomas, l'un des douze Apôtres, notamment
demeuré incrédule quant à la résurrection du Christ... S'agissant
du long-métrage de Lotfy Nathan, celui-ci s'inscrit dans une période
très précise entourant l'existence du fils de Yahvé, nom donné à
Dieu dans les écrits de l'Israël Antique. Si les personnages ne
sont pas nominativement décrits, dès le titre l'on comprend que les
protagonistes essentiels au récit son Joseph, Marie et bien entendu,
Jésus. Ici incarnés par un Charpentier (Nicolas Cage), son épouse
(la chanteuse, compositrice, danseuse et actrice anglaise FKA Twig)
et leur fils (Noah Jupe). Ajoutant au casting l'actrice, metteuse en
scène et ancienne gymnaste suisse Souheila Yacoube dans le rôle de
Lilith qui dans cette version non canonique de certaines traditions
juives ou chrétiennes apparaît donc ponctuellement sous les traits
d'une attirante jeune femme. Lotfy Nathan l'identifie alors comme une
version féminine de Satan ! La mort de Joseph étant souvent
théorisée et donc comprise entre quarante-cinq et soixante ans, la
présence de Nicolas Cage dans le rôle du père putatif de Jésus
tombe presque pile-poil. Pour cet acteur dont la carrière a toujours
navigué entre chefs-d’œuvre et nanars décomplexés, sa présence
à l'image semble avoir pour effet de laisser coi devant tant de
grandiloquence. Considérant que l'interprétation générale a pour
effet d'introduire le récit dans un narratif plus proche de ceux qui
l'on a coutume de voir sur les planches d'un théâtre que dans une
salle de cinéma, il n'est pas interdit d'apprécier The
Carpenter's Son
comme étant une œuvre profondément emphatique. Dès lors, mieux
vaut s'habituer très rapidement à l'idée que les interprètes, à
travers leurs personnages respectifs, passeront un temps
indéniablement long à hurler devant la caméra. La palme revenant
alors sans doute à un Nicolas Cage visiblement très impliqué,
charismatique, certes, mais aussi parfois confondant de ridicule !
Les intégristes des religions juive et chrétienne regretteront
certainement que le film puisse ainsi traiter de la vie de Jésus
dans une période de son existence qui jamais ne fut ''examinée''
dans l'ensemble des textes religieux réunis dans la Bible...
Pour
les autres, le film sera surtout l'occasion de découvrir une œuvre
austère, sombre et dont certains tableaux relatent des visions
authentiquement mystiques. Plongeant ainsi les protagonistes au cœur
d'un récit finalement plus proche du film d'horreur
pseudo-historique qu'authentiquement fidèle aux Écrits Saints,
qu'il s'agisse de l'Ancien ou du Nouveau Testament. Maintenant,
s'agissant de l'incarnation des uns et des autres l'on a droit à
tout un panel de réactions physiques. Voire épidermiques ! On
l'aura donc compris, Nicolas Cage hurle à s'en arracher les cordes
vocales. Prend des poses théâtrales. Gagnant autant en charisme
qu'en ridicule. En conséquence, l'émulsion entre ces deux attitudes
pourtant antinomiques ne cesse de pousser le spectateur à se
demander s'il faut avoir plus de respect que de mépris pour
l'américain qui en son temps fut un immense acteur comme en témoigna
par exemple son époustouflante interprétation dans le bouleversant
Leaving
Las Vegas
de Mike Figgis en 1995. Le comportement de certains de ses
partenaires allant en sa faveur puisque dans le domaine de
l'éructation démoniaque, Souheila Yacoub ne sera pas en reste !
Preuve d'une direction d'acteurs plutôt curieuse. À contrario, et
même si l'on peut supposer que FKA Twigs puisse être une grande
artiste dans le domaine de la chanson, son jeu d'actrice,
monolithique, est à l'exact opposé de ce que proposent ses
partenaires. Inexpressive et le visage profondément marqué par
l'absence d'émotions, la jeune femme débite son texte froidement et
sans que jamais ne perce dans son regard le moindre ébranlement.
L'on retiendra alors sans doute de The
Carpenter's Son
une vision particulièrement noire de l'apocryphe. Des tableaux
sombres et effroyables où les indigents, à commencer par les
lépreux ou ceux qui sont soupçonnés de pratiquer la sorcellerie,
sont crucifiés, enchaînés et laissés pour morts. Ou même lors de
cette horrible plongée sabbatique qui en ouverture montre des bébés
jetés au cœur d'un bûcher ! Sinistre ! Visuellement, le
long-métrage de Lotfy Nathan n'est donc pas dénué d'intérêt.
Reste que tout ceci apparaît comme étant tout de même très
artificiel. Dommage...
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