Première chose à savoir : vous idolâtrez Josiane Balasko
depuis que vous l'avez découverte dans Les Bronzés au
point de ne jamais manquer aucune de ses apparitions cinématiques ou
télévisuelles ? Abandonnez toute idée de la voir
régulièrement évoluer au sein de ce récit qui se déroule en
grande majorité à Calcutta. En effet, si l'ancienne membre de la
Troupe du Splendid apparaît
au générique, elle partage avec l'acteur Stéphan Wojtowicz le tout
petit rôle de l'un des beaux-parents du héros incarné par l'acteur
et humoriste franco-algérien Redouane Bougheraba. Pour son premier
long-métrage en tant que réalisateur auprès de son frère Ali,
Redouane Bougheraba interprète le personnage de... Redouane !
Employé d'une petite entreprise de fabrication de matelas, ses
collègues et lui se voient offrir de la part de leur supérieur
(Antoine Gouy dans le rôle de Berthelot) l'opportunité de faire le
pont et ainsi de profiter de quatre jours de repos. Mais lors du
retour des salariés à l'usine le lundi suivant, tous constatent
qu'ils ont été écartés de leur entreprise afin de permettre aux
dirigeants de faire vider les lieux. Tandis que Redouane (qui
attendait de profiter de sa récente promotion) et ses collègues
craignent d'être licenciés, Berthelot leur propose d'aller
travailler en Inde. À Calcutta. Si tous refusent, Redouane, lui,
accepte. D'autant plus que son supérieur lui promet que son salaire
sera doublé. Reste à convaincre sa compagne Marguerite (l'actrice
Vanessa Guide) d'accepter de l'accompagner à l'étranger... Combien
de comédies françaises dramatiques ou non nous ont déjà été
proposées sur ce postulat ? Beaucoup, c'est vrai. Trop sans
doute. Mais l'un des gros points positifs de Délocalisés
des frère Bougheraba se situe au niveau du cadre géographique et de
ses interprètes secondaires.
Plutôt
que de nous refaire le coup de la France profonde versant
Hauts-de-France
où le taux de chômage est tel qu'il est souvent bien plus facile
d'offrir au public nordique un récit qui les touche directement, les
frères Bougheraba transportent leurs interprètes et leur équipe
technique jusqu'en Inde. Poussant ainsi en outre leur volonté de
s'imprégner des codes vestimentaires du pays en confiant la
conception des costumes à l'indienne Madhushree Athavale. Pour un
budget approchant les neufs millions d'euros, Délocalisés
n'a sans doute pas comme ambitions de devenir le prochain grand
classique de la comédie française mais au regard des authentiques
escroqueries financières que parait être une partie de la
production française en la matière (dont Toutes
pour une
de Houda Benyamina et ses dix millions d'euros de budget reste l'une
des plus représentatives), le long-métrage d'Ali et Redouane
Bougheraba diffère de cette cohorte de bousins qui pour certains
furent financés avec notre argent. Bien que dans ses grandes lignes
le film ne fasse pas franchement preuve d'une très grande
inspiration, accompagnés à l'écriture par les scénaristes Cédric
Dosne et Germain Blo, les deux frangins profitent de la simplicité
du script pour nous offrir une comédie fraîche, dépaysante,
colorée et qui, Ô miracle, parvient à nous arracher quelques
sourires et deux ou trois rires. Ce qui en la matière devient une
denrée de plus en plus rare sur le territoire hexagonal. Les frères
Bougheraba n'en n'oublient cependant pas de faire de leur œuvre une
critique de la mondialisation et des écarts culturels qui existent
entre l'Inde et notre pays. En résulte un sympathique voyage en
Inde, traversé de plans parfois magnifiques comme lors du Holi,
ce festival des couleurs d'origine hindou durant lequel la population
fête la fin de l'hiver et exprime sa joie lors d'un véritable feu
d'artifice de couleurs. Bref, Délocalisés
permet, sans prise de tête, de passer un très agréable moment. Et
ce malgré quelques facilités que les deux frères Bougheraba
auraient pu nous épargner. Comme celle d'envisager le couple formé
par Josiane Balasko et Stéphan Wojtowicz comme des racistes. Notons
enfin la participation de l'acteur bangladeshi Ahassan Uddin dont le
rôle Rahul Kool est son tout premier sur grand écran...
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