Entre autres talent, de
la réalisatrice, scénariste et dramaturge d'origine franco-suisse
Lætitia Dosch l'on connaît surtout chez nous, le visage. C'est
pourquoi l'on doit envisager son tout premier long-métrage
interprété et réalisé par ses soins comme une curiosité. Voir si
le talent est chez la jeune femme, inné. Ou s'il ne s'agit que d'un
caprice de ''star'' qui en terme d'intérêt n'ira pas plus loin que
les bousins signés ces dernières années par Michèle Laroque. Le
procès du chien
est semble-t-il à l'origine d'un fait divers authentique. C'est donc
sur le postulat d'un sujet mettant au centre d'un procès un animal
de compagnie qui après avoir mordu pour la troisième fois mais
aussi et surtout pour avoir défiguré la compagne de son maître que
Lætitia Dosch et la scénariste Anne-Sophie Bailly ont construit un
récit relativement farfelu qui malgré des débuts hésitants (la
première intervention de l'héroïne Avril Lucciani qu'interprète
elle-même Lætitia Dosch semble nous dire que la jeune actrice est
caricaturale, sinon, mauvaise) s'avère finalement être l'une des
très bonnes surprises de la seconde moitié de l'année 2024. Une
comédie cocasse principalement incarnée par Lætitia Dosch, donc,
mais aussi par l'acteur, réalisateur et producteur franco-ivoirien
Jean-Pascal Zadi. S'agissant du sujet, Cosmos, véritablement
interprété par le chien Kodi, a au dessus de la tête une épée de
Damoclès. En effet, il risque l'euthanasie et son propriétaire
malvoyant Darius Michovski plusieurs milliers d'euros de
dédommagement après que l'animal ait sévèrement mordu Lorene
Furtado (Anabela Moreira) au visage. Parvenant de justesse à
convaincre le juge chargé de l'affaire de traiter Cosmos non pas
comme une chose, un objet, mais comme un être vivant, Avril va
désormais tout entreprendre afin de faire acquitter son très
spécial client et ainsi lui épargner la vie. Face à une avocate
ambitieuse du nom de Roseline Bruckenheimer dont le carriérisme
s'étend au delà des portes des tribunaux puisqu'elle a décidé de
se lancer en politique, ce procès est pour elle un moyen d'obtenir
les encouragements du public, elle qui prétend pourtant aimer les
chiens va de son côté tout mettre en œuvre pour que Cosmos soit
''endormi''...
Le propriétaire de la bête est interprété par l'humoriste et
acteur belge François Damiens. Personnalité iconique de l'univers
des caméras cachées qui se positionne pourtant en personnage
secondaire. Une fois installé aux côtés de l'avocate de la
défense, ses interventions se feront relativement rares. À vrai
dire, tout repose sur les épaules de Lætitia Dosch et de
Jean-Pascal Zadi qui de son côté incarne le très attachant Marc.
Un comportementaliste animalier qui va étudier Cosmos et ainsi
apporter son expertise lors du procès. Afin de donner vie à cette
comédie aussi fantaisiste qu'humaine, Lætitia Dosch ne se contente
pas de donner au public ce qu'il attend mais aborde son sujet de la
manière la plus honnête possible. Contraignant les personnages
eux-mêmes à livrer une vérité qui parfois n'est pas celle que
l'on aimerait entendre. Comme en témoigne justement la présence de
Marc lors du procès. On pense à du tout cuit mais son
professionnalisme l'emporte finalement sur l'amitié naissante entre
Avril et lui. Parfois bancal, à l'interprétation pas toujours très
précise, mais d'une générosité débordante, la vision de Lætitia
Dosch de l'humanité fait chaud au cœur tout en donnant parfois des
aigreurs à l'estomac. Et l'on passe très rapidement de la
circonspection au plaisir de suivre ces aventures au ton parfaitement
inattendu. Car plus le récit avance, et plus l'on est conquis par la
fraîcheur de ses interprètes, l'absence de prétentions de ses
auteurs et l'objectivité avec laquelle la réalisatrice et sa
scénariste traitent le sujet, quitte à faire mal au cœur à celles
et ceux qui espéraient une conclusion plus joyeuse. Bref, un joli
moment de cinéma, relativement drôle (merci à Lætitia Dosch,
Jean-Pascal Zadi et à Kodi qui tour à tour forment des tandems
détonnants) et dont l'approche que l'on pourrait parfois considérer
d’amateur participe de la magie qui s'en dégage. Bref, une œuvre
humaniste, avec ses défauts mais aussi ses nombreuses qualités. On
a hâte de découvrir les futurs travaux de Lætitia Dosch.
L'actrice, mais également la réalisatrice et scénariste...
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