Avec ses allures de
téléfilm ciblant les spectateurs de la première chaîne TF1
ou de France Télévision,
on a tout d'abord beaucoup de mal à croire que le premier
long-métrage de Grégory
Boutboul ait tout d'abord eu une existence sur grand écran. Et
pourtant, cette comédie carcérale et hexagonale mettant
principalement en scène l'acteur Max Boublil est sorti au cinéma le
8 mai dernier. Passé cette étrange sensation de s'être quelque peu
fait avoir, nous nous plongeons dans cette aventure mettant en scène
Daniel, propriétaire de plusieurs restaurants tous installés près
de distributeurs de billets. Jusque là, rien d'anormal. Mais lorsque
l'on découvre qu'il n'accepte en grande partie de ses clients qu'ils
paient leur addition en cash, on commence à comprendre. Ce chef dont
l'escroquerie s'avère très lucrative est arrêté pour avoir
détourné une partie de l'argent des caisses avec la complicité
d'une partie de ses collaborateurs. Son épouse Lisa (Mélanie
Bernie) est au courant des manigances de Daniel et se retrouve
désemparée lorsqu'elle apprend que leur fils risque de ne plus voir
son père pendant un moment plus ou moins long. Enfermé dans la
prison de Poissy, Daniel va devoir s'accommoder de sa nouvelle
situation et se frotter à des criminels et des délinquants en tous
genres. Du gitan (excellent Ludovic Berthillot) qui est enfermé pour
avoir décapité un homme, jusqu'aux islamistes radicaux, en passant
par de petits trafiquants en tous genres.. Avec Neully-Poissy,
les critiques dites professionnelles s'en sont donné à cœur joie,
activant les modes ''Aigreur''
d'un côté et ''Bien-pensance''
de l'autre, la comédie de Grégory Boutboul s'est littéralement
faite écharper. Comme si les critiques de Première,
du Parisien ou
encore de Télé 2
semaines s'étaient
levés plus tôt dans la matinée avec des hémorroïdes plein
les fesses ! D'un humanisme bon-enfant, sans doute trop léger pour
ces intellectuels qui se mirent pendant des heures dans leur miroir
avant de prendre la plume, Neully-Poissy
n'est absolument pas l'indigence que certains voudraient nous faire
croire. À moins qu'ils n'aient par mégarde activé un autre mode.
Celui
du premier degré qui efface toute autre logique que celle qui veut
que l'on traite d'un tel sujet avec une rigueur et une morale
échappant à toute incursion humoristique. Bref, Neully-Poissy
a
pour ces gens là le malheur d'être optimiste, drôle et très
léger. Quittant le carcan un peu trop étroit du drame carcéral
dont le cinéma s'abreuve de toute manière un peu trop
régulièrement, le long-métrage de Grégory Boutboul a en tout cas
le mérite d'être vraiment amusant, avec des répliques parfois
cinglantes qui font généralement mouche. La caractérisation des
personnages n'étant ici très clairement pas la priorité du
réalisateur et de ses scénaristes Walid Afkir et John Eledjam,
Neully-Poissy
est donc une comédie purement improbable dans son message qui prône
le rassemblement des hommes quelle que soit leur culture et leur
origine. D'où des séquences parfois invraisemblables il est vrai.
Comme ce repas donné par un rabbin et auquel s'invitent les
musulmans les plus radicaux de la prison. Notons d'ailleurs que le
rabbin en question, prénommé Simon, est interprété par Gérard
Jugnot qui tout comme Gérard Darmon dans le rôle du juge qui envoya
notre héros en prison a la gentillesse de participer au projet. Dans
son rôle d'escroc juif contraint de cacher ses origines, Max Boublil
se frotte à des personnages finalement très sympathiques. De la
gardienne de prison Chico (Claudia Tagbo) jusqu'aux codétenus Doums
(Steve Tientcheu) et Sami (Malik Aamraoui). Petit passage de
l'actrice Clotilde Courau dans le rôle de la directrice de la
prison, Neully-Poissy
réunit ainsi diverses générations d'interprètes pour un peu plus
de quatre-vingt dix minutes de bonne humeur et de franche rigolade.
Le récit est partagé entre les séquences situées dans la cellule
que David partage avec ses deux codétenus et la cour ou se
retrouvent tous les prisonniers et celles qui montrent son épouse
Lisa se démener de l'extérieur pour celui qu'elle aime avec ses
créanciers et la justice. Bref, quoi qu'en disent ou pensent
certains, Neully-Poissy réussit
là où beaucoup de comédies françaises échouent : on rit
(beaucoup) et on ne voit pas le temps passer...
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