Après avoir abordé
l'univers de la Troma dans un
cycle nettement moins trash que prévu, nous restons dans le domaine
en évoquant ici le dernier long-métrage du réalisateur américain
John Waters. Mais par dernier, il ne faut pas s'attendre à une œuvre
qui soit sortie cette année ou les précédentes mais il y a vingt
ans tout rond. Car depuis, l'auteur de Pink Flamingos,
de Female Trouble,
de Desperate Living et
de toute une série d’œuvres cultes n'a depuis rien signé de
vraiment neuf. Enfin, pour être tout à fait honnête, John Waters
réalisa en 2015 une étonnante version pour enfants de son plus
célèbre long-métrage sous le titre Kiddie
Flamingos.
Quant à évoquer A Dirty Shame
qu'il signa donc en 2004, il s'agissait donc officiellement de sa
dernière incartade trash dans l'univers de Baltimore dans le
Maryland qu'il connaît bien pour y avoir vu le jour et tourné la
totalité de ses films. Dans son dernier long-métrage, John Waters
répète inlassablement ses thématiques préférées dans l'espoir
d'y établir une nouvelle fois l'une des références en matière de
cinéma provocateur et blasphématoire. Divine nous ayant quitté
depuis seize ans à l'époque du tournage de A
Dirty Shame,
le réalisateur, scénariste dû régulièrement remplacer sa vedette
par d'autres artistes pourtant nettement moins...
''charismatiques''... Ricky Lake, Kathleen Turner ou Tracy Lords
ayant beaucoup moins de ''poids'' que la vedette travestie d'une
petite dizaine d’œuvres signées de John waters, pour son dernier
long-métrage il engagera dans le rôle principal de Sylivia
Stickles, l'actrice Tracey Ullman d'origine britannique mais
naturalisée américaine. Multipliant les étiquettes d'actrice,
productrice, réalisatrice, scénariste, chanteuse ou animatrice de
télévision, celle-ci se lâche véritablement à l'occasion de ce
rôle qu'elle incarne tout d'abord avec la ferveur d'une grenouille
de bénitier avant d'afficher à l'écran une sexualité totalement
débridée. Un miracle qui survient à la suite d'un choc à la tête
provoqué par le contact avec la carlingue d'un véhicule conduit par
un certain Ray-Ray Perkins (l'acteur Johnny Knoxville).
Dès
lors, la jeune femme prude, mariée à Vaughn Stikles (le chanteur
Chris Isaak) et mère d'une Caprice à l'énooOoorme poitrine (Selma
Blair) va être le point d'encrage d'une libération des mœurs dont
sera à l'origine Ray-Ray Perkins. Un gourou du sexe qui va
transformer les habitants de Baltimore en bêtes de sexe libérant
leurs pulsions les plus ignobles... A Dirty Shame
est
une nouvelle fois pour John Waters l'occasion de confronter la
bien-pensance aux adeptes du sexe le plus débridé. Quitte à en
faire des tonnes et à transformer un sujet hautement corrosif pour
les esprits étriqués en farce parfois indigeste. Car bien que le
réalisateur et scénariste multiplie les propos graveleux et que ses
interprètes s'agitent devant sa caméra comme des possédés du
sexe, le spectateur se retrouve moins choqué qu'il n'est affligé
devant un spectacle dont la saveur n'est plus celle des précédents
travaux de l'un des rois du cinéma trash mondial ! Les actrices
et acteurs sont lâchés dans la nature comme des fauves épris de
sexe à tel point que A Dirty Shame ressemble
très souvent à une alternative sexualisée de film de contamination
où les infectés sont moins intéressés par la propagation d'un
virus par morsure que par le désir de copuler avec le premier venu.
Un concept qui d'ailleurs va bien au delà des seuls concitoyens de
ce petit quartier de Baltimore puisque même les animaux (deux
écureuils en l'occurrence) et les végétaux s'en donnent à
cœur-joie. Le dernier acte semble d'ailleurs échapper au contrôle
de John Waters qui ne semble plus avoir à cœur de diriger une foule
d'interprètes qui paraissent hypnotisés à la seule idée de
forniquer avec leurs compatriotes sans distinction d'âge ou de sexe.
Restent quelques séquences relativement drôles, comme ce shérif
grimé en bambin tout de rose vêtu ou une Tracey Ullman/Sylvia
Stickles (dont la ressemblance avec l'acteur Joe Pesci est parfois
troublante) passant de la paroissienne parfaitement propre sur elle à
la nymphomane la plus délurée... Mais au final, A
Dirty Shame
demeure sans doute le film le plus faible de son auteur. Car à trop
vouloir en faire, John Waters rate le coche de ce qui fit le sel de
sa filmographie durant toute sa carrière.Faussement trash, son
dernier long-métrage n'est donc au final qu'une inoffensive farce...
Bigre, l'inesthétisme de la chose... Elle n'a pas l'impression de porter deux sacs de patates autour du cou ? :-)
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