Chaque année c'est la
même chose, le même rituel. Au soir du 31 décembre, la tradition
est immuable : avant d'aller réveillonner, nous débutons la
soirée par un ou deux films selon les choix proposés par notre
habituel pourvoyeur de mondes plus ou moins imaginaires. Cette année,
pas de science-fiction, mais beaucoup (trop) d'animation, quelques
comédies parmi lesquelles nous avons choisi, à défaut, d'opter
pour le dernier long-métrage de Taika Waititi intitulé Une
équipe de rêve.
Le basket, la natation synchronisée, le water-polo, le football,
etc... Une véritable manne pour un genre, la comédie, qui ne sait
comment se renouveler. Et apparemment, il semblerait que cela soit
également le cas pour le réalisateur, scénariste et producteur
néo-zélandais qui signe avec sa dernière œuvre, une comédie tout
ce qu'il y a de plus classique. Inspiré d'un fait-divers qui a
marqué la chronique footballistique du début du vingtième siècle,
le film met en scène l'équipe des Samoa américaines de football
qui en 2001 pris une sévère correction en perdant trente et un but
à zéro face à l'équipe d'Australie. Un record qui sera battu
quatorze ans plus tard en 2015 lors d'un match opposant l'équipe des
États fédérés de Micronésie à celle du Vanuatu, la première
ayant perdu quarante-six à zéro ! À l'origine du projet de
long-métrage, le documentaire éponyme de Mike Brett et Steve
Jamison réalisé et sorti en 2014. Distingué par le prix du
meilleur documentaire lors de la 17e cérémonie des British
Independent Film Awards, le documentaire a donc inspiré Taika
Waititi et le scénariste Iain Morris qui se sont lancés dans
l'écriture du script de ce qui deviendra sur grand écran, une
comédie sportive comme il en existe déjà beaucoup mais dont les
qualités sont là encore, indéniables. Pour un budget ne se montant
qu'à hauteur de quatorze millions de dollars, le réalisateur
embauche l'acteur germano-irlandais Michael Fassbender dans le rôle
de l'entraîneur germano-américain Thomas Rongen qui a passé la
majeure partie de sa carrière sur le sol américain. Face à lui, la
majeure partie des interprètes est issue de la communauté
néo-zélandaise.
Que
l'on aime ou pas les sports d'équipe en général ou le football en
particulier, le savoir-faire de Taika Waititi transpire à l'écran.
Même lorsqu'il s'agit de caricaturer certains personnages comme cet
entraîneur dont l'attitude relativement précieuse le range d'emblée
dans la catégorie des ''bouffons'' avant que le spectateur ne
l'envisage d'une toute autre manière. Au vu du nombre d'interprètes
prétendant au titre de membre de l'équipe des Samoa américaines de
football, tous ne seront pas traités de la même manière ni même
avec la même profondeur. On pourrait facilement se moquer de cette
équipe de football qui semble d'après la physionomie de ses joueurs
avoir été constituée de membres d'une équipe de rugby, mais c'est
en fait tout le contraire qui se produit. Taika Waititi parvient sans
difficulté à les rendre attachants et ce, presque instantanément.
Le cadre exotique logiquement choisi pour ce réalisateur originaire
de la Nouvelle-Zélande apporte un surcroît d'intérêt à cette
comédie légère qui ne cache pourtant pas quelques profondes
blessures comme celle de cet entraîneur dont la désastreuse
réputation dans son propre pays est tout aussi célèbre sur cette
terre étrangère. Même sans rien connaître de l'apocalyptique
match qui vit perdre l'équipe dans le monde réel en 2001, nous
sommes d'emblée sur un terrain conquis. Bien sûr, le sport y est
mis à l'honneur et avec lui, la présence de Jaiyah Saelua, joueuse
représentative des Fa'afafine que l'on a plus communément
l'habitude de nommer chez nous sous le terme de travestis ou
transsexuels. Un personnage admirablement mis en valeur par le
cinéaste ainsi que par Michael Fassbender. Si avec Une
équipe de rêve Taika
Waititi entre très objectivement dans les rails de la comédie tout
ce qu'il y a de plus classique, son dernier long-métrage n'en est
pas moins une bonne surprise. Un excellent divertissement pour la fin
de l'année passée et pour ce début de 2024...
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