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samedi 6 janvier 2024

Ogsuyeog Gwisin de Yong-ki Jeong (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Les histoires de fantômes coréens, c'est un peu comme ceux que l'on retrouve à vol d'oiseau au pays du Soleil Levant à plus de mille kilomètres de distance. Qu'on les nomme Yūrei ou Gwisin, cette fin d'année 2023 tente à prouver que nous ne sommes pas prêts d'arrêter de bouffer du fantôme asiatique. Et lorsque l'imagination n'est pas au rendez-vous, on fait comme certains : on pille ce qui a déjà été entrepris quitte à s'approprier jusque dans le moindre détail, certains codes. Pour son dernier long-métrage intitulé Ogsuyeog Gwisin, le réalisateur sud coréen Yong-ki Jeong n'y va pas par quatre chemins et emprunte sans vergogne au mythique Ringu de Hideo Nakata, son fameux puits mais remplace Sadako par une poignée d'enfants qui y furent enfermés. Oups ! Ne viens-je pas de délivrer la fameuse clé de l'énigme que tout bon film détient généralement jusqu'à la révélation finale ? Mais qui s'en soucie vraiment à ce jour où rien de neuf ne s'affiche au programme, où tout ce qui apparaît à l'image n'est que le résultat d'un récit dont le script d'origine fut insuffisamment réfléchi ? Ogsuyeog Gwisin tente à prouver s'il était besoin que le thème des fantômes asiatique reste à tout jamais associé au cinéma japonais. Les coréens, eux, produisirent malgré tout le miraculeux Janghwa, Hongryeon, long-métrage réalisé vingt ans plus tôt par le talentueux Kim Jee-woon et sorti sur notre territoire sous le titre Deux Soeurs. Une brillante mais exceptionnelle réussite pour un pays dont la spécialité se situe plus probablement dans les genres action et thriller que dans l'épouvante. Ce que confirme justement le dernier long-métrage de Yong-ki Jeong, lequel n'invente rien et s'octroie le droit de proposer même l'un des pires exemples en matière de fantômes asiatiques. C'est que l'on s'y fait cruellement chier dans cet univers dont les nombreuses possibilités demeureront malheureusement stériles. À commencer par le cadre. Celui d'une ancienne station désaffectée du métro sud coréen. Terrain de jeu fertile pour de nombreux films dont certains parvinrent très nettement à se dégager de la masse. On pense bien entendu au film culte que réalisa l'américain Gary Sherman en 1972, Death Line ou Le métro de la mort. Ou bien à Creep de Christopher Smith en 2004, sorte de remake qui ne veut pas dire son nom mais dont l'efficacité fut tout aussi redoutable !


Exploitant avec difficulté l'univers étouffant et souterrain du métro sud coréen, Yong-ki Jeong propose une œuvre lisse, molle, inintéressante, rabâchée, servie par des interprètes pourtant plutôt bons mais dirigés avec flemme par un réalisateur qui semble ne pas vraiment croire à son propre projet. Pour corser le tout et diluer l'idée selon laquelle le bonhomme propose ici sa propre vision du fantôme asiatique emprunté à l'un des grands classiques du genre, Yong-ki Jeong récupère le fameux puits mais dégage la jeune femme au longs cheveux bruns pour la remplacer par des ''clones'' de Toshio Saeki, le gamin-fantôme de l'autre grande œuvre du genre réalisée en 2000 par un autre japonais du nom de Takashi Shimizu, Ju-On. Ils seront donc une dizaine à venir hanter la station de métro, à vouloir ''importuner'' leurs prochaines victimes et à aller jusqu'à être au centre d'une malédiction dont les personnages prochainement tourmentés devront se débarrasser en refilant ''le bébé'' à quiconque prononcera une série de chiffres. Derrière ces phénomènes paranormaux et horrifiques agrémentés par des Jump Scares totalement puérils et donc tout aussi inefficaces se cache une enquête journalistique menée par Na-Young (l'actrice BO-Ra Kim) et son ami U-Won (Jae Hyun Kim), un employé de la fonction publique travaillant à la gare d'Oksu. Une investigation menée sous la contrainte d'une supérieure hiérarchique qui ne sait certainement pas jusqu'où est prête à se fourvoyer sa subalterne comme nous le découvrirons dans les derniers instants. Le problème avec Ogsuyeog Gwisin est que l'on a envie de croire qu'il reste encore quelque chose à dire en la matière même si l'on sait pertinemment que tout à déjà été écrit et raconté. Aucune fulgurance, pas même lorsque nos deux protagonistes s'enfoncent plus loin dans les entrailles de l'ancienne station de métro et donc, aucun réel sentiment d'effroi. Ce qui pour un film d'épouvante reste tout de même un comble ! Bref, ça n'est pas avec Ogsuyeog Gwisin que le genre va se forger de nouvelles lettres de noblesse et c'est donc aux fans purs et durs du genre que l'on confiera le soin d'analyser la chose tandis que le grand public, lui, préférera sans doute se faire une piqûre de rappel en regardant de nouveau les remakes US des grands classiques asiatiques du genre...

 

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