C'est horrible à dire
mais qu'est-ce que l'on aura surtout retenu de la florissante
carrière de l'acteur français Bernard Menez ? Cette très
fumante séquence du Chaud lapin
de Pascal Thomas lors de laquelle il chia, sans le savoir, sur une
pelle tenue par deux jeunes garnements près d'un buisson avant
d'inspecter les lieux pour découvrir que le fruit de son labeur
avait disparu. Sur un C.V, cela peut faire désordre lorsque l'on est
un tant soit peu ambitieux mais peut vous ouvrir grandes les portes
du temple du Nanar où a un peu trop systématiquement sa place
Bernard Menez. Il est des œuvres telles que Tendre
Dracula
qui font travailler l'imaginaire bien avant qu'elles ne fussent
offertes à la boulimie des cinéphages. Si les parodies sont une
monnaie courante dans le septième art, il en est certaines qui
forcément touchent plus précisément le public hexagonal. Et même
si Plus moche que Frankenstein tu meurs
d'Armando Crispino est bien originaire d'Italie, la seule présence
du très populaire Aldo Maccione dans nos contrées poussa sans doute
certains chauvins d'origine française à se l'approprier. Il demeure
pourtant quelques exemples de parodies fantastiques bien de chez nous
dont Les Charlots contre Dracula
de Jean-Pierre Desagnat demeure encore aujourd'hui comme l'un des
plus ''brillants'' exemples. Vampirisme encore à l'évocation de
Dracula père et fils
d'Edouard Molinaro qui deux ans après Tendre
Dracula
allait confronter l'immense Christopher Lee à Bernard Menez. Mais
avant cela, c'est donc à un autre très grand interprète
britannique que l'acteur français allait se frotter dans cette chose
parfaitement incongrue signée de Pierre Grunstein dont le métier de
réalisateur allait stopper à l'issue de ce seul long-métrage pour
se consacrer à la production d'un certain nombre d'excellents films
(L'aile ou la cuisse,
La course à l'échalotte,
Uranus
ou encore le diptyque Jean de Florette
et Manon des sources).
Surtout connu pour sa carrière dans le cinéma d'épouvante,
l'acteur Peter Cushing interpréta notamment à plusieurs reprises le
personnages du professeur Abraham Van Helsing, célèbre chasseur de
vampires souvent confronté à son ami, l'acteur Christopher Lee,
lequel incarnait de son côté le fameux Dracula ! Tendre
Dracula
apparaît comme un caillou dans une chaussure dans une carrière
souvent exemplaire car si même le film de Pierre Grunstein réunit
quelques sympathiques interprètes hexagonaux à l'image de Miou-Miou
ou de Julien Guiomar, il n'est pas honteux de reconnaître que de
visionner le film jusqu'à son terme n'est pas vraiment une partie de
plaisir.
Également
exploité en salle sous le titre La grande
trouille,
Tendre Dracula
se permet quelques incartades dans des domaines parfois inattendus
qui n'arrangent rien à l'affaire. Comme ces quelques passages qui
transforment le film en comédie musicale. La même année, Miou-Miou
venait de tourner Les valseuses
de Bertrand Blier avec Gérard Depardieu et Patrick Dewaere et auprès
desquels la jeune actrice se désapa très facilement. On ne
s'étonnera donc pas de la voir ici exhiber sa très belle silhouette
dénudée tout au long du long-métrage, suivie de très près par
Nathalie Courval qui juste avant avait joué auprès de Claude
Brasseur, Guy Marchand et Robert Castel dans Attention
les yeux ! de
Gérard Pirès et dans lequel elle interprétait la compagne d'un
réalisateur contraint d'adapter La
chartreuse de Parme
en une version pornographique. Julien Guiomar se fait relativement
discret (du moins lorsqu'il n'est pas à l'image) dans le rôle d'un
producteur contraignant deux de ses employés ainsi que deux jeunes
et jolies femmes à se rendre chez un acteur spécialisé dans le
cinéma d'horreur afin de le convaincre de bien vouloir continuer sa
carrière dans le genre qui le rendit célèbre malgré ses
réticences. Écrit par Justin Lenoir et notamment produit par Claude
Berri et Christian Fechner, Tendre Dracula est
un grand fourre-tout souvent indigeste, entre comédie musicale,
érotisme, gore, épouvante et comédie dont nous ne retiendrons
qu'un ou deux plans vraiment superbes, un Bernard Menez hurlant de
douleur lorsque l'actrice italienne Alida Valli lui grave à la jambe
gauche et jusqu'au sang son prénom ou un Peter Cushing doublé en
français par le génial Jean Rochefort. Comme dans tout bon ou
mauvais film de vampire, nos quatre personnages sont accueillis au
sein d'une bâtisse qui possède un certain charme (la salle de bain,
les longs couloirs), lesquels vont subir toutes sortes de
maltraitances dont certaines auront comme issue quelques plans gore
plutôt sympathiques. Mais pas de quoi se pâmer d'admiration devant
cette piètre comédie d'épouvante qui n'ameutera au fond que les
plus curieux ou les fans absolus de films de vampires qui voudraient
compléter leur collection...
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