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mardi 30 janvier 2024

Dogman de Luc Besson (2023) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Ahhhhh comme je l'aime notre Luc Besson national. Et même s'il m'arrive parfois de ne pas être très tendre avec lui (sa propension à détruire ses quelques incartades dans le domaine de la science-fiction à travers Le cinquième élément et Valérian et la Cité des mille planètes m'ayant donné d'affreux maux de tête), il m'arrive parfois d'avoir une haute estime pour ce grand enfant qui dépense son argent et celui des autres sans compter dans des projets dont les fruits sont parfois pourris. À chaque nouvel arrivage du français, la fébrilité est à l'aune de l'impatience qu'il génère en moi. Son nouveau projet parviendra-t-il une fois encore à générer ces rires troubles et plein de gêne qui naissent de la surexploitation d'idées qui auraient mérité davantage de retenue ? Dogman semble aller dans ce sens et c'est tant mieux. Au pire, l'on oubliera rapidement cette nouvelle extravagance placée sous le signe de l'examen clinique d'un sociopathe, au mieux l'on passera un très agréable moment de cinéma bis à vingt millions d'euros. Produit par la société de production de Luc Besson et Pierre-Ange Le Pogam, EuropaCorp mais également par Virginie Besson-Silla et Steve Rabineau, le dernier joujou de Luc Besson a beau être drapé de l'étendard tricolore, le bonhomme ne change pas d'un iota et convie à cette occasion un important panel d'interprètes d'origines diverses. Fondamentalement, le film attire par la seule présence de l'acteur américain Caleb Landry Jones qui dans le formidable Nitram de Justin Kurzel en 2021 incarnait le rôle-titre. D'autres verront sans doute sa participation à Antiviral de Brandon Cronenberg, à Get Out de Jordan Peele ou The Dead Don't Die de Jim Jarmusch comme des valeurs sûres mais c'est bien dans la peau de Nitram que l'acteur révéla surtout son énorme potentiel... Dans Dogman, Caleb Landry Jones ressemble parfois à s'y méprendre à l'acteur français Vincent Perez. Mais un Vincent Perez sous l'emprise d'une psyché désordonnée. Bien qu'elles puissent souvent apparaître rédhibitoires, ce sont les maladresses de ce cinéma typiquement ''Bessonien'' qui font le charme et parfois le sel de certaines de ses réalisations.


Ici, d'emblée Luc Besson fait fi des recommandations faites aux agents généralement concernés par l'interrogatoire des criminels. La psychiatre Evelyn (l'actrice Jonica T. Gibbs) déballe en moins de temps qu'il ne faut pour le dire l'état relationnel dans lequel elle vit actuellement à un type qu'elle rencontre pour la toute première fois : Douglas Munrow, le Dogman du titre. Histoire de mettre en confiance cet étrange individu ressemblant à une Marilyn Monroe passée à tabac ? Peut-être... Un détail en tout cas en regard du gouffre qui sépare le fond de la forme. Un abîme dans lequel s'enfoncent malheureusement aussi bien la quasi totalité des interprètes que la mise en scène de Luc Besson qui décidément semble incapable d'argumenter lorsqu'il s'agit d'apporter cette petite touche d'émotion qu'appelle la tragédie qui entoure le personnage principal. Le film aurait d'ailleurs pu tout aussi bien porter le nom de son principal interprète tant Caleb Landry Jones efface tous ceux que son personnage croise. Sans parler du ridicule qui souvent ici transpire malheureusement par tous les pores d'une mise en scène académique, Luc Besson n'est ni Rob Reiner, ni Frank Darabont. N'est pas conteur qui veut et cette histoire documentée sous forme de flash-back demeure cruellement inefficace. On a beau trouver de bonnes raisons de prendre en pitié le héros pourtant très bien campé par l'acteur américain, les incessants retours en arrière sont chacun à leur tour expédiés de telle manière que l'on n'éprouve finalement pas ou peu d'empathie pour ce pauvre gamin, handicapé, devenu adulte et maître expérimenté dans l'art du transformisme et dans celui du dressage des chiens. Ridicule, oui, parfois, et même parfaitement gênant lors de séquences franchement problématiques. Le passage expédié au foyer, la rencontre du héros avec son seul ''amour'', la comédienne de théâtre Salma Bailey (l'actrice américaine Grace Palma), des passages apparemment obligés qui montrent à quel point Luc Besson ne maîtrise absolument pas son sujet. Reste malgré tout quelques bonnes idées comme le contrôle du héros sur ses amis canins qui nous vaut quelques sympathiques séquences. Notons qu'une fois encore le compositeur Éric Serra est toujours aux commandes de la bande musicale. Le réalisateur et scénariste français, comme à son habitude, engrange les bonnes et les mauvaises idées pour un résultat qui au fond, ne casse pas trois pattes à un can, à un chien... !

 

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