Le PREMIER long-métrage
de la réalisatrice Laura Moss est aussi et surtout l'un des DERNIERS
représentants d'une catégorie de films à laquelle les
hypocondriaques et les Nosocomephobes ont souvent beaucoup de mal à
se confronter : Le Body-Horror.
Sous-genre du cinéma d'horreur qui trouve avec Birth/Rebirth
l'un de ses plus récents et plus brillants représentants. Situant
son action entre l’hôpital où travaillent ses deux principales
interprètes et le domicile de l'une d'entre elles, le film risque au
mieux de donner des boutons aux mâles qui se sentiraient rejetés
par cette histoire dans laquelle leur présence est quasiment bannie
et au pire causer des malaises chez tout individu, qu'il soit de sexe
féminin ou masculin, réagissant assez mal lorsque l'organisme qui
le constitue est à ce point maltraité. Quoique lorsque l'on évoque
ici la tourmente physique dans laquelle certains personnages
secondaires sont plongés, nous comprenons qu'il y va malgré tout de
la survie d'une gamine ressuscitée après avoir perdu la vie à la
suite d'une méningite bactérienne. Une thématique qui remonte à
des temps anciens, lorsque la romancière britannique Mary Shelley
fit publier pour la toute première fois en janvier 1818, son roman
le plus célèbre intitulé Frankenstein
ou le Prométhée moderne.
Une œuvre littéraire mondialement célèbre qui connu
d'innombrables adaptations cinématographiques parmi lesquelles les
remarquables Frankenstein
et La fiancée de Frankenstein
de James Whale en 1931 et 1935 ainsi que télévisuelles à travers,
notamment, l'excellente mini-série britanico-américaine,
Frankenstein: la véritable histoire
de Jack Smight en 1973. Birth/Rebirth,
lui, se situe dans un contexte très contemporain, où le féminisme
transpire par tous les pores. La réalisatrice et scénariste semble
d'ailleurs ne pas s'en cacher puisque la quasi totalité de ses
interprètes sont du même sexe. Une très grande majorité de
femmes,donc, les hommes étant réduits à la part congrue comme ce
personnage qui au départ accepte de se faire masturber par l'une des
deux héroïnes dans les toilettes d'un pub irlandais ! Un acte
pas si anodin qu'il y paraît puisque la jeune femme du nom de Rose
Casper prélèvera la semence de l'homme afin de se l'inséminer une
fois de retour chez elle. Le ton est donné. Ici, on ne rigole pas.
L'humour n'ayant apparemment pas sa place, l'ambiance de
Birth/Rebirth
est relativement chargée, lourde, anxiogène et même parfois
particulièrement morbide. Un constat appuyé par la pesante
partition musicale d'Ariel Marx, d'ailleurs.
Quoi ?
Oui, effectivement, encore une femme au compteur des artisans ayant
propulsé cette énième relecture du classique littéraire de
l'épouvante et du fantastique au rang de classique immédiat. À
travers ce seul long-métrage, Laura Moss peut prétendre être le
pendant féminin de l'immense réalisateur canadien David Cronenberg
dont nous n'énumérerons pas la somme conséquente d’œuvres
cultes ayant réussies à repaître tous les amateurs de Body-Horror
depuis de nombreuses décennies. Si la relève semble avoir été
prise par son propre fils Brandon, il faudra sans doute désormais
compter sur Laura Moss. Ici, l'actrice Marin Ireland incarne
l'employée d'une morgue se fournissant en matières placentaires
afin de poursuivre d'étranges recherches. Vivant seule ou presque
puisqu'à ses côtés se présente rapidement à l'image une truie
prénommée Muriel, fruit de ses explorations médicales nées dans
sa plus tendre enfance lorsqu'elle fut le témoin de la régénération
de l'un des membres d'une étoile de mer. Depuis, la vocation de
cette femme étrange et antisociale est de redonner la vie. C'est là
qu'interviennent Celie Morales (l'actrice Judy Reyes) et sa fille
Lila (A.J.Lister). La première est obstétricienne et accuse
forcément très mal le décès de la seconde... qui disparaît alors
de la morgue où elle fut prétendument transportée. Remarquant
l'inquiétant comportement de Rose qui était chargée de faire
transférer sa fille à la morgue, Celie va bientôt découvrir
l'impensable : Lila se trouve allongée sur un lit, dans
l'appartement de Rose, branchée à un respirateur artificiel ainsi
qu'à une transfusion. Mieux : Lila n'est pas morte mais bien en
vie comme en témoignent certains signes... Voici donc à quoi le
spectateur devra s'attendre. Au manège incessant de deux femmes qui
vont tout entreprendre afin de garder en vie la petite fille, quitte
à transgresser l'éthique morale propre à leur profession. Si le
personnage de Lila intervient ponctuellement, la réalisatrice
s'intéresse surtout aux deux femmes. Totalement acquises à la cause
du féminisme dont est empreint le long-métrage, Laura Moss et ses
deux interprètes plongent leurs héroïnes dans un film à double
tranchant. Entre beauté et monstruosité. Birth/Rebirth
est d'une efficacité redoutable. Les scènes gore chirurgicales sont
réalistes et bien que l'on puisse remettre en cause la technique
employée par Rose Casper afin de mettre en place le protocole de
renaissance, on se laisse totalement berner par cette excellente
réinterprétation à la sauce ''féministe'' du mythe de
Frankenstein...
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