Celui ou celle qui pense
qu'il deviendra prochainement inévitable d'assister à la lente et
inéluctable périclitation du septième art dans ce qu'il produit de
plus innovant a sans doute raison. Le grand nombre de remakes, de
reboot ou de plagiats présents désormais au sein d'interminables
listings de productions sortant chaque année de part le monde
auraient effectivement tendance à aller dans ce sens. Et même
lorsque dans un cas comme celui qui concerne le premier long-métrage
du réalisateur australien Nik Kacevski l'on a parfois l'impression
que l'innovation tant recherchée est enfin là. Peut-être.... Mais
si l'on se réfère à sa propre mémoire de cinéphile ou de
cinéphage, autre chose d'inévitable s'impose : les références
culturelles. Et dans ce cas précis, le cinéma, forcément. Et
peut-être même la littérature, tant que nous y sommes. Skinford
Death Sentence paraît
être le pur produit d'un esprit tourmenté, fan du Joker,
de George Romero, de supers-héros ou, plus inattendu, de L'antidote
de Vincent de Brus. Mais Nik Kacevski n'étant pas originaire des
États-Unis, ici, pas question de passer du polish sur ce qui a déjà
été entreprit sur notre territoire pour en ôter le vernis mais
plutôt d'en proposer une alternative trash ! La comparaison
peut sembler abusive et aussi totalement perchée que le contenu de
ce long-métrage ne dépassant pas les quatre-vingt quatre minutes.
Le remplissage de pages blanches, c'est bon lorsque l'on n'a rien à
raconter. Mais ici, il y aurait tant à dire. Vous souvenez-vous de
ce patron de multinationale qui bafouillait lorsqu'il communiquait
avec ses employés ou dans les médias et qui au contact d'un petit
comptable recouvrait ses capacités oratoires ? L'idée du
rapport physique est avec Skinford Death Sentence
quasiment
poussé
dans ses derniers retranchements puisque le héros nommé Jimmy
Skinford (l'acteur Joshua Brennan) découvre qu'au contact de la
jeune Zophia (Charlotte Best), nul coup, nulle balle ne peut
l'atteindre. Naviguant entre le majestueux (la très courte séquence
sous-marine du lac), le gore (décapitation au sabre, corps explosant
sous l'impulsion de bombes introduites dans les organismes,
égorgement), le morbide (les décors carcéraux et ce chirurgien
ultra glauque qui opère de très jeunes femmes) et le grand
n'importe quoi réjouissant, Skinford Death
Sentence est
suffisamment délirant pour qu'on lui accorde le temps nécessaire à
sa projection.
Rendez-vous
compte : un type condamné à terminer une balle dans le ventre,
le corps enfouit dans un trou qu'il aura lui-même creusé (comble du
sadisme!) est sauvé in-extremis par une jeune femme immortelle se
trouvant miraculeusement enterrée très exactement sous le trou
creusé par notre héros. Si c'est pas un gros coup de bol ça...À
son contact, voilà que Jimmy devient lui-même invulnérable.
Tournant autour d'un trafic d'humains dont les enjeux s'éloignent
des canons du genre (pas de traite des blanches ou de trafic
d'organes), le projet que servent des jeunes femmes kidnappées est
peut-être moins trouble qu'il n'y paraît. Pas vraiment facile
pourtant de savoir où veulent très exactement en venir le
réalisateur et son scénariste, Tess Meyer, mais à première vue,
c'est bien donc au profit d'une peste d'à peine onze ou dix ans à
laquelle ses parents ont sans doute laissé passer trop de caprices
durant ses première années que semblent s'adresser de pauvres
victimes ! Skinford Death Sentence s'observe
comme un jeu de massacre. Maintenant, une question : notre héros
aime-t-il suffisamment son papa, lequel est en phase terminale d'un
cancer, pour lui proposer les ''services'' de celle qui l'accompagne
depuis le début du récit ? Apparemment, la réponse est non
puisque lors de leur première et courte rencontre dans la chambre du
père mourant, pourquoi Jimmy ne propose-t-il pas à Zophia d'entrer
en contact physique avec lui ? Et ne me dites pas que la chose
ne vous est pas passée par la tête, je n'en croirai rien ! Ce
détail fait partie des quelques incohérences d'un récit
suffisamment foutraque pour qu'on n'en tienne finalement pas rigueur
au réalisateur. Amateurs de gore, réjouissez-vous car si les scènes
d'horreur ne se comptent pas par dizaines comme le font certains
grands classiques du genre, nous avons malgré tout droit à quelques
réjouissances. Difficile de cataloguer Skinford
Death Sentence dans
un genre très précis. Thriller ? Horreur ? Fantastique ?
Drame ? Un mélange de tout ceci à vrai dire et s'inscrivant
dans un contexte particulièrement sombre avec, en fin de récit, un
twist plutôt sympathique. Avis aux amateurs...
Et la suite sortie un après vaut le coup d'oeil et explique une bonne partie du premier.
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