La J-Horror,
ça n'est pas que des fantômes au visage blafard, à l’œil
glauque et à la chevelure charbonneuse. Comme le démontre notamment
l'excellent Yogen
du réalisateur et scénariste japonais Norio Tsuruta qui avant cela
fut notamment l'auteur de Ringu 0,
le troisième opus officiel de la franchise Ringu
créée huit ans auparavant par Hideo Nakata et dont les origines
remontent véritablement au court-métrage Joyû-rei
tourné en 1996. Yogen,
ou Prémonition,
s'inscrit dans un registre dramatico-fantastique au cœur duquel un
homme et son ex-épouse qui ont perdu leur petite fille dans une
tragique collision entre leur voiture et un camion dont le chauffeur
était déjà mort, vont être les témoins d'étranges événements.
À commencer par Hideki Satomi, le mari qu'interprète l'acteur
Hiroshi Mikami. Au tout début du récit, l'homme découvre dans une
cabine téléphonique un article de journal qui annonce la mort
prochaine de sa propre fille Nana (Hana Inoue). Laquelle meurt
quelques instants plus tard dans les conditions que l'on connaît
déjà. Le couple ne résistera malheureusement pas à la mort de la
gamine et Hideki divorcera de Ayaka. En partie parce que la jeune
femme ne voudra pas croire ce que dit Hideki lorsqu'il affirme avoir
lu dans un journal la mort prémonitoire de leur fille. À la suite
de leur divorce, Hideki va quotidiennement recevoir chez lui un
journal auquel il n'est pas abonné mais qui relate là encore, des
événements tragiques avant qu'ils ne se soient produits. En ce
sens, Yogen
rappelle très fortement la série américaine Demain
à la une
dans laquelle le héros Gary Hobson recevait chaque matin dans sa
chambre d'hôtel, un exemplaire du Chicago
Sun-Times
daté du lendemain. Dans cette série, l'homme prenait la décision
de prévenir les catastrophes en mettant tout en œuvre pour qu'elles
ne se produisent pas. Si dans la série l'implication n'avait pas
vraiment de répercussions psychologiques et physiques à court ou
moyen terme sur le héros, investi par ce même besoin d'aider les
futures victimes décrites dans les journaux, Hideki va très
rapidement se rendre compte du contrecoup causé par son intervention
dans l'ordre des choses.
Vu
le contexte, Yogen
rappelle également une série de films bien connus des amateurs de
cinéma fantastique outre-atlantique. En effet, l'on retrouve les
bases de la franchise Destination finale
créée en 2000 par James Wan et dans laquelle, des visions
prémonitoires permettaient à de supposées victimes à venir de
s'en sortir... jusqu'à ce que la Mort, inévitablement, les
rattrape. Norio Tsuruta et le scénariste Noboru Takagi ne
développent cependant pas le concept de la même manière.
Adaptation d'un manga intitulé Kyoufu
Shinbun
et dont le créateur Jirō Tsunoda fut l'auteur en 1973, Yogen
mêle donc fantastique et drame poignant. Ce second aspect étant
rehaussé par la bande-musicale parfois déchirante de la
compositrice Kenji Kawai à la dantesque carrière, le long-métrage
n'est pas qu'un simple étalage de faits étranges, voire
angoissants, mais traite également avec une certaine sensibilité la
question du couple et de la rupture consécutive à un drame. Mais
Yogen
ne s'arrête pas là puisque outre le surnaturel et le drame, le
couple que reforment à nouveau Hideki et Ayaka va être au centre
d'une enquête paranormale que n'auraient sans doute pas renié Fox
Mulder et Dana Scully en leur temps ! Le film traite donc du
phénomène de prémonition en incluant quelques personnages
secondaires, dont une vieille femme traitant du sujet à travers la
psycho-photographie, un adolescent enfermé dans une cellule
capitonnée recouvrant les murs et le sol de prédictions ou un vieil
homme enregistrant sur cassettes vidéos la totalité de ses faits et
gestes ainsi que les répercussions physiques qui se déclarent alors
chez lui. De ce dernier point de vue, le film ne se contente même
pas du minimum syndical et ne revêt qu'un intérêt tout relatif.
Comme les effets-spéciaux, rarissimes et de toute manière de
qualité très approximative. Reste alors l'investigation du couple
qui permet de transformer une œuvre au départ assez brouillonne en
une enquête sinon passionnante, mais de laquelle, du moins, les
spectateurs auront bien du mal à décrocher. Une belle surprise
donc...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire