Ceux qui connaissent
l'univers du réalisateur Christopher Landon savent combien son
imaginaire cinématographique est peuplé d'un bestiaire propre au
fantastique et au cinéma d'épouvante. Le fils de celui qui
interpréta le personnage de Charles Ingalls dans la mythique série
télévisée américaine La petite maison dans la prairie
semble avoir acquis le même sens profond pour l'humanisme. Mais
contrairement à celui-ci, c'est aux autres que le réalisateur et
scénariste confie généralement la rude tâche d'apporter un peu de
bienveillance et de joie dans ce monde parfois si cruel qui est le
notre. Celui que partage avec nous Christopher Landon a beau être
fréquenté par des créatures que d'autres préfèrent décrire sous
un angle généralement effrayant, les siennes ont la particularité
d'être attachantes. Et pour ne citer qu'une seule d'entre elles,
pourquoi ne pas évoquer Ernest, ce gentil fantôme qui depuis des
décennies hante une vaste, luxueuse mais aussi et surtout, très
détériorée demeure que viennent tout juste d'acquérir les membres
de la famille Presley ? Si gentil, même, que lorsqu'il essaiera
lors de son premier contact avec le jeune Kevin (interprété par le
formidable Jahi Di'Allo Winston) de l'effrayer, la manœuvre ne
fonctionnera absolument pas. Bien au contraire puisque au lieu de
chasser le jeune adolescent, celui-ci le filmera avec son smartphone
avant que son frère Fulton (Niles Fitch) ne lui arrache des mains
pour arroser les réseaux sociaux de l'étonnante vidéo. Très vite,
celle-ci fait le buzz et attire des millions de followers. Bientôt,
le père de Kevin, Frank (Anthonu MacKie) sent qu'il pourra tirer
d'intéressants bénéfices de la présence d'Ernest dans les murs de
leur nouvelle demeure. Des centaines de badauds finissent par camper
devant la maison qui attire également la presse. Mais aussi,
malheureusement, le Docteur Leslie Monroe (Tig Notaro), laquelle
travaillait par le passé pour le député Arnold Schipley (Steve
Coulter) avant que le groupe nommé Ectoplam
ne soit dissout. La présence d'Ernest sur les réseaux sociaux sera
l'occasion pour elle de recréer la formation et d'y retrouver sa
place en tant que principale coordinatrice... Ce n'est pas trop se
mouiller que d'affirmer que Christopher Landon vient de signer avec
We Have a Ghost
l'un
de ses tout meilleurs films. Une œuvre familiale parfaitement
calibrée pour contenter les vieilles branches cinquantenaires qui
dans les années quatre-vingt se régalaient des productions
cinématographiques signées de Robert Zemeckis, Joe Dante ou John
Landis...
Mais
aussi des spectateurs plus jeunes, pourtant sevrés à grands coups
de Fast and Furious
ou de franchises façon Marvels,
mais qui devraient pourtant ici trouver le moyen de reposer leur
esprit habité par de violentes pulsions durant deux bonnes heures.
Car effectivement, We Have a Ghost
dépasse de peu la norme pour ce genre de production en proposant une
œuvre d'un peu plus de cent-vingt minutes. Si de prime abord l'on a
le sentiment que le film ne sera qu'une blague de potache (la
première apparition du génial David Harbour est quelque peu
grotesque), la suite des événements va très rapidement nous
démontrer le contraire. Bien que l'humour ait ici une part
importante, We Have a Ghost
est beaucoup plus profond qu'il ne semble l'être au tout début. En
effet, le réalisateur et scénariste (qui se base ici sur le court
récit Ernest
écrit par Geoff Manaugh) nous explique très clairement les rapports
houleux qu'entretiennent Kevin et son père. Mais c'est surtout le
sujet d'Ernest à proprement parler qui intéresse le récit. Sa
présence entre les murs de la demeure ayant forcément une raison
d'être, Christopher Landon approfondit le sujet, l'explore jusqu'à
nous révéler une vérité bouleversante. Entre rires et larmes, We
Have a Ghost
bénéficié d'une partition musicale composée par Bear McCreary,
lequel a notamment travaillé sur les séries Black
Mirror
et The Walking Dead
et qui ici compose une bande son très classique, que l'on aurait pu
au fond déjà entendre dans les années quatre-vingt et qui se
confond avec des airs beaucoup plus intimistes qui participent de
l'émotion que l'on ressentira surtout dans la dernière partie. Car
si quelques spécimens de l'humanité parviendront à montrer un
visage beaucoup plus sympathique que celui qu'ils arboraient au
départ, on devine rapidement combien certains seront dans
l'impossibilité d'être autre chose que ce qu'ils ont toujours été :
des monstres. On se souvient notamment du traumatisant E.T,
l'extraterrestre
dont je ne me suis d'ailleurs toujours pas remis... Bref, We
Have a Ghost
est une excellente surprise. Enfin, pas vraiment une surprise puisque
Christopher Landon a PRESQUE toujours réussi ce qu'il a entreprit.
Sauf qu'il atteint un niveau que n'égale pour l'instant que son très
sympathique Manuel de survie à l'apocalypse
zombie.
À découvrir donc sur la plateforme Netflix
de
toute urgence...
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