Après avoir évoqué
Alien, le huitième passager
de Ridley Scott, passons maintenant à sa suite intitulée Aliens
et dont le S aurait semble-t-il pour première fonction de bien
différencier l’œuvre originale de la séquelle qu'allait donc
réaliser James Cameron six ans plus tard. L'auteur des futurs Abyss
et Avatar
débutera l'écriture deux ans auparavant le temps que l'acteur
Arnold Schwarznegger se libère du contrat qui le lie au projet Conan
le destructeur
de Richard Fleischer afin de pouvoir apparaître dans le fameux rôle
du T-800
dans le classique de la science-fiction, Terminator.
Un projet que sa future épouse, scénariste et productrice ont
''dans les cartons'' depuis l'année précédente en 1983. James
Cameron a alors neuf mois pour écrire le scénario de Aliens
emploient le talent de l'illustrateur Ron Cobb qui avait déjà
travaillé sur Alien, le huitième passager
mais lui adjoindront le designer industriel et concepteur
néo-futuriste Syd Mead. Le Nostromo
ayant explosé à l'issue des premières aventures de Ripley, la
jeune femme est découverte errant en état de stase à bord de la
capsule de sauvetage cinquante-sept ans après avoir réussi à tuer
le xénomorphe. Arrivés à cette étape, nous pourrions dire que
tout a été dit et qu'il n'y a plus qu'à ranger le personnage dans
un tiroir et passer à autre chose. C'est néanmoins ce qu'avait
envisagé l'actrice Sigourney Weaver qui au départ considérait que
le développement de son personnage était parvenu à son terme dans
l’œuvre originale. Pourtant, à la lecture du script de James
Cameron, la fibre maternelle de celle qui quatre ans plus tard aura
pour fille une petite Charlotte avec le metteur en scène de théâtre
Jim Simpson la fait changer d'avis. Du pur film d'épouvante dont
accoucha Ridley Scott en 1979, James Cameron fait de son Aliens,
un pur long-métrage d'action et de guerre dans un contexte de
science-fiction toujours baigné d'effroi. La présence à l'écran
de Sigourney Weaver étant pratiquement réglée, il faudra cependant
à James Cameron tout le courage d'affronter la production qui se
refuse à accepter les exigences financières de l'actrice qui du
point de vue des producteurs ne fait pour l'instant pas partie du
projet. Si cela peut faire sourire aujourd'hui, la somme exigée de
un million de dollars représentait une somme importe à l'époque et
était équivalente à trois fois le salaire que toucha Sigourney
Weaver sur le tournage du premier Alien.
Deux
ans avant la sortie du projet sortait sur les écrans le mythique
Terminator
qui mettait en scène deux humains face à un cyborg
''indestructible''. Aux côtés d'Arnold Schwarzenegger et de Linda
Hamilton qui campa le rôle emblématique de Sarah Connor, l'acteur
Michael Biehn interpréta celui de Kyle Reese, venu du futur afin de
protéger des assauts incessants du T-800,
la
future mère du chef de la résistance prénommé John. Deux ans plus
tard, James Cameron fait le forcing pour qu'apparaisse de nouveau à
l'image et dans le rôle du caporal Dwayne Hicks, celui qui deviendra
son acteur fétiche sur pas moins de quatre longs-métrages :
Terminator
et Aliens,
donc, ainsi que Abyss et
Terminator 2
lors d'un caméo visible dans la version longue. Les quinquagénaires
se souviennent sans doute de l'antagoniste Albert Ganz de 48
heures
réalisé par Walter Hill en 1982 ou quelques années plus tôt
d'Ajax, l'un des protagonistes emblématiques du film culte Les
guerriers de la nuit
lui aussi réalisé par Walter. Deux personnages interprétés à
l'époque par le charismatique James Remar. Et bien sachez-le mais
c'est lui qui au départ était prévu pour le rôle qu'incarnera
finalement Michael Biehn. En effet, James Remar quittera rapidement
le tournage en raison de désaccords artistiques avec le réalisateur
James Cameron. Lequel s'empresse alors d'embaucher son acteur
préféré. Si Ripley apparaît l'arme à la main, là encore il
faudra toute la psychologie du cinéaste pour convaincre sa star
Sigourney Weaver, laquelle est une forcenée de l'activisme contre
l'usage des armes à feu. Une force de persuasion de la part de James
Cameron puisque non seulement l'actrice acceptera finalement
d'apparaître armée, mais son personnage sera en outre doté d'armes
lourdes dont un lance-flammes particulièrement efficace ! Alors
que James Cameron avait embauché sur son dernier long-métrage le
monteur Mark Golblatt auquel l'on devra les années suivantes les
montages de Rambo 2
de George Pan Cosmatos, Commando
de Mark L. Lester, Predator 2 de
Stephen Hopkins et d'un grand nombre de longs-métrages dont certains
sont depuis entrés dans la légende, son choix se porta finalement
sur Ray Lovejoy dont les travaux remarquables sur les mythiques 2001,
l'odyssée de l'espace
et Shining
réalisés en 1968 et 1980 par Stanley Kubrick n'y furent sans doute
pas étrangers.
Et
pourtant, le résultat désole James Cameron qui s'apprête à virer
le monteur avant que celui-ci n'occupe un week-end entier à remonter
l'une des séquences les plus importantes de Aliens,
convainquant ainsi le réalisateur de le garder dans son équipê. Le
tournage se déroula dans des conditions parfois compliquées sur le
compte desquelles l'entièreté de la responsabilité ne mit pas en
cause James Cameron. Car si ce dernier se montra parfois peut-être
trop exigeant envers l'équipe technique, en reprenant les artisans
ayant œuvré sur le premier volet de la franchise, il se mit à dos
la plupart d'entre eux, tous originaire de Grande Bretagne, lesquels
voyaient d'un mauvais œil que cette suite soit tournée par un
réalisateur américain et non plus britannique comme pouvait l'être
Ridley Scott. Une animosité qui ne s'arrangea pas lorsque James
Cameron exigea notamment que les journées de tournage s'éternisent
au delà des horaires raisonnables puisque une seule d'entre elles
avoisinait les quatorze heures ! L'une des principales
difficultés rencontrées par la suite d'un classique, qu'il s'agisse
de science-fiction ou de toute autre style cinématographique, est la
redondance. Comment aller plus loin que l'original qui, je le
rappelle, est un classique, un authentique chef-d’œuvre si parfait
que l'on peut se demander qui d'autre que James Cameron pouvait
prendre la relève ? En poussant les meubles. En voyant plus
grand. Plus large. Et plus titanesque. Du moins, dans certaines
fonctions propres aux genres qui sont ici traités. L'épouvante ?
James Cameron a beau être un authentique magicien du septième art
comme il ne cessera jamais de le prouver par la suite, on imagine mal
qu'il ait pu ne serait-ce qu'un seul instant imaginer aller plus loin
dans l'effroi que son prédécesseur. Par contre, en terme de
spectacle et de volumes, Aliens
est bien le digne héritier de Alien, le huitième
passager.
Et
même si l'angoisse demeure, le spectacle y sera nettement plus
viril. Sentant sans doute moins la sueur que la poudre, Aliens
réintègre le fameux xénomorphe alors que le spécialiste des
maquillages Stan Winston crée sur commande de James Cameron, une
reine qui n'aura visuellement rien à envier à la créature du
premier opus. Un monstre impressionnant qui accaparera pas moins de
douze techniciens pour pouvoir lui donner vie à l'écran. S'il est
un aspect qui dans ce genre de contexte est habituellement
invraisemblable (combien de films de science-fiction mettant en scène
des personnages bas du front dans des projets de voyages spatiaux
coûtant pourtant des milliards de dollars ?), ici l'attitude
prétendument caricaturale des soldats semble au contraire avoir été
le fruit d'un entraînement des plus sérieux et réaliste de la part
des actrices et acteurs qui le suivirent au sein d'une unité
militaire d'élite britannique. Des acteurs qui comme l'envisageait
alors James Cameron ont débarqué sur le tournage sous l'adage
''venez comme vous êtes''... On imagine aujourd'hui assez mal qu'une
œuvre d'une telle intensité ait pu n'être financée qu'à hauteur
d'une peu moins de vingt millions de dollars. Surtout si on compare
le budget de Aliens
à celui de Avatar
2, la voie de l'eau
qui
coûta pas moins d'un quart de milliard de dollars. Le film
rapportera à l'échelle internationale rien moins que la coquette
somme de cent-trente et un millions de dollars. Pour info, le film
s'installera en France à la vingt et unième place du classement de
l'année 1986, loin derrière le magnifique diptyque de Claude Berri
Jean
de Florette/Manon
des sources,
le Rocky
4
de Sylvester Stallone, Le
nom de la rose
de Jean-Jacques Annaud ou même derrière Le
passage
de René Manzor avec Alain Delon qui lui, s'appropria la seizième
place. Encarté entre le dessin animé
Astérix chez les bretons
de Pino Van Lamsweerde et Karaté
Kid 2 : le moment de vérité 2
de John G. Avildsen, Aliens
attirera dans l'hexagone plus de un million et sept-cent vingt milles
spectateurs...
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