Avoir dans sa calebasse
un casting pareil et nous servir en guise de plat principal un met
dont les seules saveurs sont les noms des principaux interprètes,
voilà de quoi froncer les sourcils, serrer les poings et les dents,
l'écume aux lèvres et l’œil injecté de sang. Des acteurs
interchangeables mais pas nécessairement au fait des choix les plus
judicieux comme le démontre notamment cette pellicule bien trop
déjantée pour être honnête. Gérard Pirès a bien le droit de
faire du Yanne, du Lautner ou du Audiard mais encore doit-il
entreprendre la chose avec un minimum de savoir-faire. Mireille Darc
retrouve Lino Ventura cinq ans après Ne nous fâchons pas
de Georges Lautner en 1966 et rencontre Jean Yanne un an avant
Laisse aller... c'est une valse ! lui
aussi réalisé par Georges Lautner mais cette fois-ci en 1971.
Gérard Pirès réunit donc ces trois grands interprètes dans ce qui
demeure encore à ce jour l'une des fantaisies cinématographiques
hexagonales parmi les plus insupportables qui soient. Ici, ce ne sont
pas les ruptures de ton qui fatiguent, épuisent, éreintent et
grillent le cerveau mais ces constants changements de rythme et la
nature même du récit qui terminent de convaincre que tout ici n'est
qu'une manœuvre éhontée cherchant à cacher les innombrables
faiblesses d'un script par une accumulation ininterrompue d'actes
loufoques. Lesquels atteignent rarement, pour ne pas dire jamais, le
niveau requis pour que le public s'esclaffe devant les pitreries de
nos trois héros et des seconds rôles qui les accompagnent.
Comme
quoi l'on peut aimer se fendre la poire devant un bon Audiard, un
Veber ou un Blier-fils, se tordre de rire devant une friandise
anglo-saxonne genre Mr Bean, Benny Hill et Les Monty Python ou bien
même éclater de rire devant un bon vieux ZAZ
tout en demeurant totalement indifférent devant l'affligeant
spectacle de trois immenses interprètes s'adonnant à une sorte de
gaudriole farfelue même pas digne de figurer dans le même
classement que les pires œuvres des Charlots
(que j'adore, au demeurant) ou de Philippe Clair (voir Le
Führer en folie,
c'est vivre les symptômes d'un arrêt vasculaire cérébral sans en
être réellement victime). Et si vous trouvez que cette dernière
phrase fut bien trop longue, c'est qu'en comparaison vous n'avez pas
encore jeté un œil à cette indigeste folie signée de l'auteur de
choses plutôt sympathiques comme L'Agression
en 1974 ou L'Entourloupe
en 1980 mais aussi de Taxi
en 1998 et de Double Zéro
en 2004. Bref, vous avez compris que le bonhomme est capable de
produire du bon grain aussi bien que de l'ivraie. Des rednecks bien
de chez nous (Ventura et Yanne), une strip-teaseuse à moitié nue
(la délicieuse Mireille Darc), un gangster (l'acteur italien Nanni
Loy dans le rôle de Dr. Severance), l'idiot du village Noé (Jacques
Dufilho) ou deux flics complètement débiles incarnés par Georges
Beller et Rufus. Un trafic d'alcool frelaté, un vol de diamants, des
musiques psychédéliques et classiques, des cascades, des
courses-poursuites, soit un melting-pot de tout et n'importe quoi
pour une œuvre fourre-tout, lourdingue dans son approche mais aussi,
au contraire, extrêmement légère lorsqu'il s'agit d'évoquer les
dialogues. N'est pas Michel Audiard qui veut... Ah ! J'allais
oublier : je ne sais plus où j'ai lu ça mais le film de Gérard
Pirès aurait, paraît-il, été l'une des principales sources
d'inspiration pour la série culte américaine Shérif,
fais-moi peur (The
Dukes of Hazzard)
créée par Gy Waldron à la fin des années soixante-dix. Comme
dirait Eric Zemmour : ''Ben
voyons... !''
Mais puisqu'on vous dit qu'il n'y a pas de culture française... Ca manque un peu de "diversité", tout ça... Dire qu'il n'y avait personne à l'époque pour nous en alerter...
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