En 1969, la chanteuse et
actrice anglaise Jane Birkin et son compagnon, l'auteur, compositeur
et interprète français Serge Gainsbourg sortaient un quarante-cinq
tour sur lequel figuraient deux authentiques hymnes à l'amour :
Je t'aime moi non plus et 69
année érotique. À des
milliers de kilomètres de la France, le jeune réalisateur japonais
Kōji Wakamatsu alors âgé de trente-trois traduisait sa passion
pour les femmes d'une toute autre manière, que l'on serait encore de
nos jours en droit de juger de parfaitement immorale. Auteur de plus
de cent-quinze longs-métrage en une cinquantaine d'années de
carrière environ, il fut surtout très prolifique entre le début
des années soixante et la fin des années soixante-dix. Rien que
pour l'année 1969, Kōji Wakamatsu réalisa douze œuvres dont
certaines demeurent parmi ses chefs-d’œuvre. C'est ainsi que l'on
peut compter parmi elles un certains nombres de longs-métrages
portant sur le viol et d'une manière générale, la maltraitance du
sexe faible. Une thématique dont le japonais est déjà à l'époque
familier depuis un certain nombre d'années et qui pose des questions
sur la réalité de son état mental. Car à force d'y voir des
femmes violentées, battues, humiliées, c'est à croire que Kōji
Wakamatsu exorcise un fantasme et fait un transfert à travers
l'usage de sa caméra. Tout comme le spectateur auquel il impose une
position de voyeur, c'est ainsi qu'il situe le protagoniste de Crimes
sexuels contemporains: les confessions d'un démoniaque (Gendai
sei Hanzai Ankokuhen: Aru Torima no Kokuhaku)
qui en ouverture de ce court film de soixante-douze minutes à peine
se trouve confronté à une vision terrible : l'agression
sexuelle d'une jeune femme par un violeur. Pourtant, plutôt que de
réagir normalement et aller aider la victime, cet étudiant assiste
à la scène en tenant des propos irrationnels. Car plutôt que
d'être écœuré par ce qu'il voit, le voici désormais convaincu
d'une chose : lui aussi violera des femmes. Avec son physique
d'étudiant propre sur lui, ce jeune garçon rencontre surtout un
important problème : il n'ose pas aborder les femmes et lorsque
enfin il trouve le courage de les affronter, il se montre timide,
réservé et gauche. Le viol est donc ici décrit comme une manière
différente d'aborder les femmes sans tous les apparats qui précèdent
en général une relation intime.
En
posant son personnage principal comme le témoin d'un viol, le
réalisateur japonais forme dans son esprit une manière peu
conventionnelle de faire son éducation sexuelle. La première
tentative est infructueuse. On ne s'improvise pas violeur du jour au
lendemain. Mais cette première approche avec sa toute première
victime est prometteuse. Au moins a-t-il trouvé le courage de lui...
sauter dessus ! Et pourtant, Yamazaki, c'est son prénom, n'est
pas le simple petit homme fragile qui trouve dans le viol un exutoire
mais s'avère être un authentique pervers dont le désir de
maltraiter les femmes jusqu'au meurtre couvait sans doute jusqu'à ce
qu'il perpète son premier crime . Le couteau que va lui offrir l'une
de ses camarades de classe va servir de prolongement pénien sans
lequel le plaisir, la jouissance ne sont pas tout à fait les mêmes.
Celles et ceux qui connaissent bien l'univers de Kōji Wakamatsu ne
s'étonneront pas de découvrir dans Crimes sexuels
contemporains: les confessions d'un démoniaque,
tant de nudité. Cet aspect très courant à l'époque chez le
japonais participe de cette gêne non pas provoquée par la vue d'un
sein ou d'une fesse mais par la quasi absence d'écriture
scénaristique. En effet, le film est, comme cela arrive parfois chez
le réalisateur, pratiquement dénué de tout scénario. On a bien
compris qu'ici, outre le message consistant à montrer les femmes
sous un jour peu reluisant (toutes des salopes à vrai dire),
l'essentiel est dans l'acte sexuel avant tout avec, à la clé, la
mort de certaines d'entre elles. Poussant notre personnage à
s'adonner à la luxure, quitte à lui proposer de simuler un viol
sans savoir que c'est très exactement ce qui le pousse à avoir des
rapports sexuels, les femmes sont destinées à connaître un sort
tragique. Cru, érotique, filmé en noir et blanc mais aussi parfois
en couleur, Crimes sexuels contemporains: les
confessions d'un démoniaque
est une œuvre très brutale qui définit à sa manière la
révolution sexuelle née au début des années soixante et dont
l'approche, chez Kōji Wakamatsu, paraît anormale et invariablement
obsessionnelle...
Ce serait bien de mettre un lien de téléchargement. merci d'avance
RépondreSupprimerAllez donc faire un tour ici...
Supprimerhttp://stalkerjany.blogspot.com/2023/07/les-confessions-dun-demoniaque.html