Les films d'épouvante
japonais avec des fantômes, c'est fait. Le harcèlement sur les
réseaux sociaux, c'est fait aussi. La solitude, l'absence,
l'homophobie également... Et pourquoi pas mélanger le tout pour en
faire une sorte d’œuvre bâtarde qui devrait logiquement parler à
un public assez large ? C'est à cette lourde charge que semble
avoir voulu s'employer le réalisateur John McPhail sur la base
d'une authentique et surtout très étonnante histoire liée à l'un
des réseaux sociaux les plus connus de par le monde. Le fameux
Twitter ! C'est à
travers cette application permettant non seulement de suivre
l'actualité internationale mais aussi d'y laisser de courts messages
personnels que l'illustrateur new-yorkais Adam Ellis retint
l'attention des internautes durant deux années consécutives avec
une histoire de fantôme publiée sur Twitter.
Entre 2017 et 2018, le jeune homme va en effet décrire la supposée
infestation de son appartement par un esprit démoniaque ayant
notamment des répercussions sur l'attitude de ses animaux de
compagnie. Cauchemars nocturnes, bruits inquiétants, apparitions
d'un jeune enfant au crâne défoncé, Adam Ellis témoigne alors de
son expérience sur le réseau social et attire ainsi près d'un
million de Followers.
Avec une telle histoire, pas étonnant que le monde du cinéma ait
voulu s'emparer de l'affaire dès 2018. La compagnie de médias
digitaux Buzzfeed Studios
s'empare du sujet et propose au scénariste Mike Van Waes qui n'en
sera alors qu'à sa toute première écriture d'un script pour le
cinéma d'adapter l'histoire d'Adam Ellis aux côtés d'Evan Turner
qui quant à lui participa à la production des deux volets de la
franchise Voyage au centre de la Terre
en 2008 et 2012 et écrivit le script de Gangsters
par alliance
en 2023. Les droits de l'histoire seront achetés en 2018 par New
Line Cinema
avant qu'ils ne soient acquis trois ans plus tard par Lionsgate
et
Buzzfeed.
Dear David
est le troisième long-métrage de John McPhail après Where
do we go from here ?
en 2015 et Anna and the Apocalypse
en 2017. Le long-métrage met en scène l'acteur Augustus Prew dans
le rôle d'Adam Ellis, Justin Long dans celui de son petit ami Bryce
(parce que l'inclusion (l'intrusion?) fait désormais partie de la
''norme'') tandis qu'Andrea Bang interprète le rôle d'Evelyn,
l'amie et collègue du héros.
Dans
Dear David,
la place que prennent les réseaux sociaux est on ne peut plus
importante. Entre le métier qu'exerce Adam faisant appel à nombre
d'outils informatiques, son smartphone sur lequel il est rivé en
permanence, le jeune homme est, comme le veut l'expression,
''connecté''. Bien que l'idée de transposer une authentique affaire
portant sur le sujet du paranormal, que l'on y croit d'ailleurs ou
pas, Dear David
est surtout un concentré de propos déjà abordés à de nombreuses
reprises au cinéma. Et parmi eux, celui tournant autour du
phénomènes des fantômes qui ne touchent désormais plus simplement
que de vieilles demeures ancestrales mais viennent maintenant
carrément pervertir nos données numériques. Essentiellement
concentré autour du personnage principal, le long-métrage de John
McPhail introduit également la notion d'homophobie. Une œuvre à
charge surtout si l'on considère le fait que l'acteur principal, le
personnage qu'il incarne, le scénariste Mike Van Waes ou le
réalisateur lui-même font tous partie de la communauté
homosexuelle et que le film décrit ensuite le drame d'un gamin
dont le père refusa d'entendre qu'il pu être attiré par les
hommes... Une sorte de Gay-Ghost Story, en somme, où l'hétéro
semble être prié de se taire et de rester dans son coin ! Bon,
après, le message allant dans le sens de la discrimination
homosexuelle n'étant pas non plus le principal ''soucis'' qu'y
rencontre notre héros, la vision du film ne devrait causer que de
rares dommages collatéraux dans les cercles de moins en moins
restreints des anti-LGBTQIA+TURLUTUTUCHAPEAUPOINTU ! Ce qui par
contre risque de faire grincer des dents est cette incapacité crasse
qu'ont le réalisateur et ses interprètes à faire surgir le moindre
sentiment d'effroi. Multipliant les cauchemars et donc les
apparitions, les effets-spéciaux, plutôt correctes, demeurent
malheureusement les seuls effets parfois saisissants d'un récit où
même les quelques Jump
Scares
restent inefficients. Un comble pour un film censé retranscrire une
expérience réelle qui se voulu à l'époque particulièrement
flippante. Trois attitudes sont à attendre : D'abord celle des
internautes qui à l'époque suivirent religieusement l'affaire en
question. Ensuite, celle de ceux qui voudraient la découvrir à
travers cette fiction. Et enfin, celle de ceux qui ne cherchent qu'à
passer un moment devant un bon petit film d'épouvante. Mais devant
tant de maladresses, ces derniers sont ceux qui risquent
malheureusement d'être les plus déçus d'entre tous...
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